DOSSIER

Massacre de Kumba : Jean Robert Wafo pointe un doigt accusateur sur l’armée régulière

Le militant du SDF recommande une enquête indépendante pour déterminer les “vrais auteurs” de ce massacre. Une position sévèrement critiquée par la classe politique

Le drame de Kumba reste d’actualité au Cameroun. Le 24 octobre 2020 en effet, sept jeunes enfants ont été froidement assassinés par des individus lourdement armés à Mother Francisca college. Un coup dur qui aurait marqué d’un point lugubre la crise dite anglophone qui perdure depuis quatre ans dans les régions anglophones du pays. Face à cette situation particulièrement triste, une journée de deuil national avait été organisée par le Président de la République Paul Biya quelques jours plus tard, et une importante cérémonie d’hommage de la nation présidée par le premier ministre chef du gouvernement, Chief Dr Joseph Dion Gute, dépêché à Kumba à cet effet.

Cette exaction avait fait l’objet des fermes condamnations au Cameroun comme à l’international, y compris les plus sceptiques au pouvoir de Yaoundé et même de certains leaders sécessionnistes. Sauf que sur le terrain au Cameroun, certains politiciens qui estiment que tous les moyens sont bons pour mettre KO le système Biya au pouvoir depuis 38 ans, font de la fine bouche face à cette barbarie. C’est le cas de Jean Robert Wafo et ses pairs de la tendance SDF pro MRC conduite par Jean Michel Nintcheu.

De la manipulation des consciences

La présence de Jean Robert Wafo sur le plateau du “Debrief” ce mardi 10 Novembre 2020 sur canal 2 international aura été un baromètre essentiel pour mesurer l’ampleur de la pensée qui est celle de cette tendance, qui brille de plus en plus par une opposition notoire au projet politique impulsé par les leaders du parti. Le ministre de la communication du shadow cabinet du SDF, a dû passer à côté du sujet inscrit à l’ordre du jour qui traitait du kidnapping et de l’assassinat des chefs traditionnels dans cette partie du pays pour imposer un autre, notamment le massacre des enfants à Kumba. Le but était vraisemblablement d’étiquetter l’armée régulière dans ce triste événement. “Pour Ngarbuh on avait tôt fait d’accuser les sécessionnistes“, a-t-il indiqué avant de demander une commission d’enquête pour rétablir la “vérité”.

En réalité, contrairement à Ngarbuh où il a été question d’une bavure militaire (inévitable sur le terrain de guerre) qui n’est d’ailleurs pas restée impunie, l’acte de Kumba était si clair à comprendre que demander une enquête pour rétablir les responsabilités serait comme demander le sexe des anges, l’action ayant été décrite par des témoins de la scène. Que peut donc chercher un homme politique en faisant la fine bouche face à une telle situation ? Peut-être une volonté manifeste de manipuler les consciences pour des fins politiques. Mais toujours est-il, durant cette production qui aura duré une heure environ, l’ensemble du panel constitué essentiellement d’hommes politiques, notamment, Christian Ndjock du Pcrn, Dr Marcellin Mbema du Rdpc et Gauthier Onanena du Purs, se sont tous retournés contre sa personne pour son ambiguïté langagière qui ne condamne pas fermement le crime.

De l’hypocrisie

Les agissements à répétition de Robert Wafo et ses acolytes en marge des directives du parti trahissent la volonté d’enterrer le SDF. Annoncé plus d’une fois au MRC, Jean Michel Nintcheu, tête de proue de cette tendance pour qui communique désormais Jean Robert Wafo, n’a jamais démenti les faits. Au contraire, il soutient pratiquement toutes les actions du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, sans même consulter la hiérarchie de son parti. Attitude qui a souvent créé un conflit d’idées entre lui et le premier vice-président Joshua OSI, en l’absence du chairman qui revient d’un long séjour à l’étranger. D’aucuns évoquent une guerre de succession. Une hypothèse à prendre en compte aussi.

La vérité la plus absolue qu’il faille relever pour le déplorer c’est que Jean Robert Wafo, ministre de la communication du shadow cabinet du social democratic front ne communique plus pour le SDF, mais pour son leader, Jean Michel Nintcheu. La preuve, aucune communication véritable n’a été faite sur le retour du chairman Ni John Fru Ndi. Ce qui aurait constitué en temps normal un évènement.

Sébastien ESSOMBA

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