POLITIQUE

MARCHE DU M.R.C : Un reporter raconte la mésaventure vécue ce jour

Yasser Trésor Tanon, journaliste à canal 2 international aura passé des moments d’atroces souffrances, plongé dans un bourbier des manifestants du mouvement pour la renaissance du Cameroun et des forces de l’ordre. Un risque énorme dans l’exercice de la profession qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. Cette mésaventure est relatée un jour après les larmes sur mon visage font suite au gaz lacrymogène.

Hier j’étais à Makepe comme reporter.Une fois le gaz propagé dans l’air devant l’hopital générale de Douala,j’ai foncé dans le quartier avec mon sac à dos.Tout le monde fuyait les policiers en furie, voulant arrêter tous ceux qui filmaient.Me voyant malgré le danger j’ai voulu prendre quelques interviews des populations. Le premier approché etait receptif mais au bout de quelques minutes,un autre monsieur en blanc approche et veut absolument parler à mon micro.Je me retourne vers lui et directement,sans que je ne lui pose même la question,il se lance:”Ils ont tiré sur Celestin Djamen à balle réelle…”
Même pas le temps de finir mon interview,les habitants du quartier nous ont encerclé. “Tapons les.c’est eux l’union Européenne ”
Je stoppe ma camera en retorquant.”Tapez qui,vous êtes malades? je fais juste mon travail et je ne vois pas en quoi je suis fautif.” Ma riposte musclée a un peu refroidi le monsieur qui directement s’est mis à s’exprimer en langue Bassa’a…Deux autres monsieurs le retrouvent ainsi que deux mamans.Je suis perdu dans leur dialogue qui se fait de plus en plus à haute voix.Pendant ce temps j’enfile ma camera et le micro dans mon sac que je remets au dos. L’une des mamans lance alors en français “Mon fils,faut courir”

Sans réflechir j’engage un sprint et en moins de 10 secondes je devance mes agresseurs qui alertent le quartier de m’arrêter. Après un virage je les sème et me cache derriere une maison.Je me sens alors traqué,pris au piège car plus de route devant moi.Je sens le danger, et commence à reflechir.La première idée, faire une vidéo via whatsapp à mon Redacteur en chef,qui me donne aussitôt quelques comsignes,avant d’alerter quelques autorités du danger qui planait sur son élément sur le terrain.
Je patiente 20 minutes derriere cette baraque. Le propriétaire est absent. j’enlève mon tee-shirt et reste en demembré. Je suis en même temps recherché par la police qui veut mon matériel,car aucune image ne doit rester.

Après les voix se font de moins en moins entendre dans la rue principale. Je prends mon courage à deux mains et sort de ma cachette. Une voix dans la ruelle,j’entends derriere moi, “voilà le journaliste là”
Je continue de marcher le pas accéléré sans me retourner. À l’autre bout de la rue, juste à 300 m de moi,les flics sont postés. Ils me repèrent aussi. Directement, quatre se détachent du groupe et foncent vers moi. Je suis pris au piege, car les quelques habitants du quartier me suivent à grands pas. À ma gauche je repère une petite piste donnant sur la premiére rue où mon calvaire a commencé.Je l’emprunte sans hésiter à une vitesse grand V. Avant d’arriver au sommet, je tombe nez à nez sur trois jeunes. Je ralentis, dégoulinant de sueur. Le plus jeune est impréssionné par les cicatrices sur mon torse.Et droit dans les yeux il me demande.”c’est le feu grand frère ?”, je réponds “oui”. Pris de compassion il retorque” Acia hein! Je t’ai sauvé la vie.C’est toi le journaliste que tout le monde est en train de chercher comme ça.Descends tout droit et remonte jusqu’à Bedi”.
C’est ainsi que j’ai pris la poudre d’escampette jusqu’à rejoindre l’axe principale au niveau de la boulangerie Saker. Et retrouver mon collegue Robert Itock envoyé par la hierarchie me chercher.
J’ai pu ouvrir le journal de 20h de canal2 avec cet élement . Sentiment de satisfaction.Mais…

Je suis encore sous le choc.Je refléchis encore. Trop d’interrogations dans mon pauvre cerveau. Je sais juste que j’ai risqué.J’ai vraiment risqué”

Une vraie chasse à l’homme en somme, qui remet au goût du jour les risques auxquels s’exposent au quotidien les hommes de médias dans l’exercice de leur profession

Sébastien ESSOMBA

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