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Dr Njim’s : “La medecine cubaine que j’ai apprise m’enseigne de prévenir les maladies, promouvoir la santé pour ainsi éviter l’afflux des patients à l’hôpital”

NJIMOGNA Loukouman Akim (Dr Jim’s), est un jeune camerounais d’origine du Noun, médecin gradué au Cuba en juillet dernier. Après 07 années passées en formation au Cuba, il est de retour au Cameroun où il compte se mettre au service de son peuple. Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, il raconte son parcours, son séjour au Cuba, ses nombreuses autres activités en parallèle ainsi que son regard sur son pays qu’il entend servir avec abnégation.

Vous êtes rentré au pays il y a quelques semaines ; quel est le sentiment que vous avez après avoir passé sept années au Cuba et quel regard sur le Cameroun sept années après ?

Je suis rentré le 19 septembre au Cameroun, avec tout l’engouement, l’enthousiasme et l’énergie de retrouver les miens, ma nation et mes amis. À mon arrivée, je ne peux vous mentir, sur le sol du Cameroun à Douala pour une escale avant d’arriver à Yaoundé, mes larmes coullaient sur ma face. Je ne croyais pas qu’un jour j’allais arriver encore au Cameroun. Deux heures apres je suis arrivé à Yaoundé où m’attendait ma famille. C’était juste le feu dans mon coeur. Là il était 2h:00 du matin. Aucune impression sur le Cameroun que j’ai laissé il y avait 7 ans. Encore moins au niveau de cet aéroport dont je dépose mes pieds pour la première fois. Avec tout un programme chargé, le soir du même 19 septembre je devrais sortir, donc je devrais découvrir le Cameroun après 07 ans, mieux dire la capitale du Cameroun J’ai remarqué des petits changement, des nouveautés, des nouveaux immeubles que je n’avais pas vus avant. J’étais ému de respirer l’air de mon beau pays. J’ai encore eu plus d’envie de rester.
Mais j’ai eu à remarquer quelque chose de très négatif pour moi. J’ai constaté que les camerounais n’ont pas changé de mentalités, certains sont plutôt devenus plus mauvais. Ce qui m’impressionne sur les gens c’est le fait que chacun veut marcher sur l’autre. Aucun respect de certains envers les autres. Par exemple dans un service, dans une boutique, peu de personnes laissent transparaître un petit sourire sur leurs lèvres. Cela n’est pas motivant.
Mais après 07 ans, je peux dire qu’il y en a encore beaucoup à faire. Le Cameroun a besoin d’un vrai mouvement de changement et cela passera par toi, et moi, par nous tous.

Alors parlez-nous des conditions (racontez-nous brièvement l’histoire ) de votre voyage ainsi que de votre séjour en formation au Cuba.

Au fait, le voyage pour Cuba a été une surprise et quelque chose non planifiée ni par moi ni par mes parents. Je n’ai jamais pensé à une bourse d’études.
C’était le 17 juin 2012 que j’avais reçu un appel d’une cousine, Ladifa. Elle me disait qu’il y avait une bourse d’étude de médecine au Cuba, à l’Ecole Latinoamericaine de Médecine et qu’elle veut que je postule. J’étais plutôt négatif par rapport à cela mais elle m’avait convaincu.
Je préparais le CAPIEMP. Après l’examen j’ai fait mes dossiers et j’ai envoyé à ma sœur par une agence de transport. Elle les avait donc transmis à celui qui est pour moi l’ange sauveur sur terre, S.E. Njimoluh Komidor Hamidou, alors ambassadeur du Cameroun au Congo. Il avait donc fait légaliser mes documents et renvoyé au MINESUP où j’ai été sélectionné parmi les 04 élus pour cette bourse de Coopération Camerounaise cubaine.
S.E. Nji Komidor ne nous a pas lâché, il nous a fait obtenir le billet d’avion, et nous a assisté les 04 camerounais venant de tous les coins du pays jusqu’à notre retour.
Mon séjour au Cuba n’a pas été facile.
Je suis arrivé non avisé de la condition de vie, j’ai eu des difficultés mais aussi j’ai été beaucoup plus heureux d’être au Cuba. Notre séjour au Cuba se divise en deux étapes. La première étape où nous apprenons les sciences basiques de la médecine incluant une année de langue et préparatoire. Et une deuxième étape dédiée à l’apprentissage des sciences cliniques. C’est pendant cette première étape que j’ai un peu souffert du fait des moyens et de la communication avec la famille. Toutefois après une année, grâce à notre lutte et l’appui de notre parrain et mentor, nous avons reçu nos compléments de bourse et remboursement des frais de nos billets d’avions. À partir de cette année nous recevions du gouvernement à travers le MINESUP nos compléments de bourse chaque 12 mois bien qu’avec quelques retards.
En ce qui concerne ma vie personnelle au Cuba, j’ai était très attaché aux mouvements estudiantins où j’ai plusieurs fois été leader de plusieurs organisations. À l’instar de l’Association des Médecins Africains Formés au Cuba, actuellement Alliance Panafricaine de Santé. J’ai dirigé cette organisation dépuis 2015 jusqu’en 2018. J’ai dirigé le conseil des étudiants étrangers de l’université des Sciences Médicales de Pinar del Río entre 2017 et 2018. J’ai dirigé plusieurs commissions de réforme de l’Union des Étudiants Africains au Cuba. J’ai participé à plusieurs activités sociopolitiques et culturelles de différentes organisations et structures publiques au Cuba. C’est d’ailleurs cette participation infatigable qui m’a permise d’obtenir deux fois de suite le prix de l’Awards, African Students Awards, comme l’un des étudiants ayant beaucoup contribué par sa participation, son leadership au développement de l’Union des Étudiants Africains, en 2018 et 2019.
J’ai reçu plusieurs reconnaissances des autorités cubaines et les organisations estudiantines.
Donc mon séjour au Cuba était une école de vie, une école de médecine et un centre de rencontre avec des merveilleuses personnes dont je n’oublierai certainement pas.

Depuis votre retour avez-vous été accueilli par les autorités Camerounaises en charge de la santé ?

Nous avons été accueillis par le Ministre de la Santé Publique où nous avons été invités à prendre part au recrutement de l’intégration à la fonction publique.
Donc nous avons fait nos dossiers et attendons les examens.

Qu’entendez- vous faire pour le Cameroun ?

Je l’avais dit avant mon retour, je veux contribuer au développement de mon pays. Donc mon travail sera dans ce sens soit-il, dans le domaine de médecine ou d’autres domaines que je maîtrise.

Pensez-vous que les conditions seront favorables pour que votre rendement soit de plus efficient et efficace ?

Le rendement dépend de chacun de nous. Mais pour qu’il soit efficace et efficient il faut des conditions prérequises. Ces conditions sont d’abord ma préparation scientifique, ma connaissance en médecine. Sachant que la médecine est dynamique, cette préparation doit être continue pour tout professionnel de la Santé. Donc j’y continuerai à me mettre à jour.
D’autres conditions sont directement liées à l’organisation du système de la santé du pays. Je pense que le Cameroun est déjà bien structuré, mais il faut mettre plus de rigueur dans l’organisation. Les structures sanitaires ont besoin des choses basiques, mais plus des médecins ou professionnels dédiés à l’attention de la population. Pour conclure, je suis en condition de donner le meilleur de moi pour un résultat efficient et efficace, les conditions de travail et plateau technique, pourront être en mauvais état, mais la médecine cubaine que j’ai apprise m’enseigne de prévenir les maladies, promouvoir la santé pour ainsi éviter l’afflux des patients à l’hôpital. C’est dans ce sens que je travaillerai.

Homme aux casquettes multiples, pouvez-vous parler des autres ?

Je suis entre autre le C.E.O de The Pan-African Magazine, promoteur et cofondateur du Groupe Panafricain (The Pan-African Group), nous travaillons dans la promotion de l’idéal panafricain à travers la publication des articles sous forme de magazine digital trimestriellement. Je suis aussi Secrétaire Général à niveau continental de l’Alliance Panafricaine de la Santé. Cette organisation à pour but de contribuer à l’éradication des maladies en Afrique, mais aussi de créer un modèle différent des professionnels de santé dans le continent. J’ai aussi été élu en juillet Commissaire dans la commission d’audit de l’organisation internationale, Société Médicale Internationale siégeant en Chili.À part celles-ci, j’ai d’autres passions. Je suis écrivain poète. Je suis amoureux du graphisme, de l’audiovisuel et de la culture. Je compte contribuer dans la promotion de la culture de ma localité en particulier et du Cameroun en général.

Comment parvenez-vous à gérer votre quotidien ?

Le temps est limité, parfois je me déborde. Mais lorsque l’organisation de son temps est de taille, on réussit toujours à s’en sortir. Je suis juste convaincu de ce que je veux, persévérant et dédié.

Depuis l’autre côté au Cuba quel regard portiez-vous sur la jeunesse Camerounaise ?

L’unique manière dont je pouvais être en contact avec la réalité du pays et de la jeunesse, était à travers les réseaux sociaux. J’ai trouvé des jeunes engagés, des jeunes organisés et préparés mais aussi des jeunes sans orientation, sans conviction et amoureux du statu quo. La jeunesse camerounaise en général a perdu l’espoir de rêver, à perdu l’amour au travail bien fait et se précipite beaucoup plus vers les facilités. Ce n’est pas sûrement de leurs fautes, ils peuvent penser ainsi, mais, chacun de nous peut avec la grâce du Divin changer sa vision, son état d’esprit, rêver et réaliser ses rêves.

Un message à cette jeunesse !

Je ne peux que dire que la jeunesse doit cultiver la conviction en elle, la persévérance, l’amour de la patrie, l’honnêteté, la sincérité et ne jamais perdre de vue l’éthique dans tout ce qu’elle fait.
Savoir que le travail bien fait et licite est l’unique chose qui fait avancer et est impératif pour tous.

Interview réalisée par Césaire MOULIOM, septembre 2019

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