DANS L'ACTUDOSSIER

Carnet noir : La dernière pièce de théâtre de Mamafon Rabiatou Njoya

La princesse Royale Bamoun a quitté la scène de manière brusque en fin de semaine dernière. Une disparition qui plonge le Palais et l’ensemble du peuple Bamoun dans l’émoi.

Vendredi, 09 Avril 2021, un vendredi noir pour le peuple Bamoun. Rabiatou Njoya, l’une des figures emblématiques qui faisait la fierté de ce peuple s’en est allée. La nouvelle, telle une traînée de poudre, s’est répandue peu après la mi-journée dans la cité des arts. L’émotion est à son comble. Certains sont restés sceptiques à cette annonce qui avait tout d’un poisson d’avril, jusqu’à la publication du communiqué du sultanat qui est venu taire le doute. L’arrivée de la dépouille en provenance de l’hôpital régional de Bafoussam où elle a tiré sa révérence aura été un moment plein d’émotions et de consternation. Elle sera portée en terre le lendemain samedi 10 Avril, en marge d’une grande cérémonie organisée à la cour du Palais en présence du maître des lieux, sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya. La princesse Bamoun, pludimensionnelle et unique en son genre, quitte la scène au moment où ses fans avaient encore réellement besoin d’elle, si l’on s’en tient aux témoignages et hommages qui fusent de partout. Malheureusement, comme un coup de théâtre, celle qui avait forgé aussi sa réputation à travers la tranche “soir au théâtre” sur l’antenne radio de la Crtv, a livré sa dernière pièce ce vendredi, 09 Avril, en prenant à contre-pied tous ceux qui lui portaient dans leurs cœurs. Une réalité sans équivoque, hélas !

Qui était Rabiatou Njoya ?

Née en effet le 15 octobre 1945, fille du sultan Seidou Njimoluh Njoya et de Mewouo Alima. Rabiatou Njoya a fait ses études primaires à Foumban, ensuite elle a continué le secondaire à Yaoundé où elle a obtenu son bac en 1966 au Lycée Général-Leclerc de Yaoundé. Pour ses études supérieures, elle part en Angleterre et en France, avec de nombreux stages partout dans le monde, entre autres en formation linguistique à l’université de Salamanque (Espagne), et en formation pour l’enseignement de l’anglais à Brooklyn (USA).

La princesse Rabiatou était professeur d’anglais et d’espagnol au lycée technique de Yaoundé, et elle a enseigné des cours d’anglais commerciaux au BTS. Ensuite, elle était professeur d’espagnol à l’École supérieure de Yaoundé (ENS) et professeur de formation bilingue à l’INSA et EMIAC. De 1981 à 2007, elle était directrice de communication au Conseil supérieur de sport en Afrique (CSSA). Elle a pris sa retraite en 2007.

Rabiatou Njoya a été érigée Momafon (conseillère et cohéritière du roi) en 1992 par le 18e roi Bamoun. Par la suite, elle a créé une fondation caritative qui a pour rôle de défendre la personnalité humaine. Elle a écrit plusieurs œuvres poétiques et théâtrales, et elle est membre du réseau des femmes écrivains depuis 1975. Avant sa mort, elle était active comme présidente du comité de gestion de la RCN (Radio communautaire du Noun). Comme distinctions, elle a eu plusieurs reconnaissances, parmi lesquelles, en 1986 : officier du mérite espagnol ; en 1994 : officier de l’ordre du Mérite camerounais ; et en 2006: Chevalier de l’ordre de la valeur. C’est donc une femme à la tête bien faite et non fabriquée qui laisse éploré le Palais royal et le peuple Bamoun pour qui elle avait de l’estime.

Sébastien ESSOMBA

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