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Crise anglophone : Quand les bailleurs à Bafoussam rendent la vie plus difficile aux déplacés du NOSO !

Arrivés à Bafoussam en détresse après avoir été ruinés par une sale guerre qui dure depuis trois ans, les déplacés des régions en crise sont confrontés à la surenchère des loyers à eux imposée par les bailleurs. Les autorités de la ville appelées à la rescousse pour limiter la supercherie.

Godlove Beriyuy, natif de Banso dans la région du Nord-ouest est à Bafoussam depuis bientôt deux semaines. Après avoir surmonté les difficultés de la crise depuis trois ans à Bamenda, sa ville de résidence, le jeune chef d’entreprise, la quarantaine bien entamée, ne pouvait plus résister, face à ce qu’il qualifie “les dernières cartouches” des rebelles sécessionnistes. “La situation aujourd’hui est plus difficile. Il est vrai qu’on entend plus des tirs de coup de feu comme par le passé où c’était récurrent dans toute la ville. Maintenant ils procèdent à des enlèvements et la demande de rançon. Quand ils voient que tu es un peu bien ils te kidnappent parce qu’ils savent qu’on viendra payer la rançon demandée. Ce sont ces kidnappings qui les maintiennent en vie, puisqu’ils n’ont plus rien de la diaspora comme avant. Je suis sûr que la fin n’est pas loin”, s’est-il confié.

Cependant, depuis son arrivée à Bafoussam, ville chef-lieu de la région de l’ouest (région frontalière à celles en crise et par conséquent très sollicitée), Godlove Beriyuy s’est heurté à un autre problème, la montée des enchères par ces bailleurs véreux qui profitent de cette crise et de la souffrance des citoyens victimes des exactions terroristes dans les régions anglophones pour se faire du beurre. Les maisons qui, en temps ordinaires atteignaient à peine trente mille francs CFA (30 000F) passent à quarante-cinq mille francs CFA (45 000F) pour les plus modestes, et à cinquante mille francs CFA (50 000F) voire plus pour d’autres. Ces bailleurs qui semblent se passer le mot ont un principe qui frise le ridicule. Un an de loyer avant d’entrer ou rien. C’est à cette situation que s’est confronté Godlove Beriyuy qui peine à réaliser jusqu’ici son projet, celui de trouver un local et de ramener de toute urgence sa petite famille. “Je suis vraiment dépassé. Depuis que je cherche la maison, c’est d’abord difficile à trouver. Quand tu trouves on exige un an de loyer alors que les prix sont d’abord élevés. C’est vraiment difficile pour nous de nous installer”, ajoute Godlove Beriyuy avec un air de désespoir.

Il faut agir pour sauver ces citoyens en difficulté !

Au-delà de la crise anglophone et du flux des populations des régions anglophones qui justifient l’augmentation abusive du bail à Bafoussam, se greffe la métamorphose que semble connaître cette ville, bénéficiaire des projets C2D capitales régionales et projets CAN. Ils s’appuient, ces bailleurs, sur le fallacieux prétexte du réaménagement des routes pour revoir à la hausse les loyers. Certains vont jusqu’à pousser à la sortie leurs anciens locataires, face à la difficulté de signifier ouvertement à ces derniers l’augmentation des prix. Ils s’appuient alors sur les prétextes fallacieux pour se séparer d’eux afin de monter les enchères aux nouveaux venus.

Dans cette situation assez inquiétante, les autorités locales brillent par un mutisme notoire. Pourtant, dans des situations pareilles, le moins que l’on puisse solliciter c’est l’intervention de ces autorités qui se doivent de jouer le rôle de régulateurs. Mais rien pour l’instant. Et entre-temps, ce sont les pauvres citoyens qui paient le lourd tribut. Vivement une solution à cette supercherie.

Sébastien ESSOMBA

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