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Daouda Nchoundoungam : « Aujourd’hui APPPHAK a déjà fait établir plus de 20.000 actes de naissance aux enfants »

L’association pour la promotion et la protection des personnes handicapées et âgées du Cameroun (APPPHAK) travaille dur pour améliorer les faits d’état civil aux Camerounais. Née depuis 2012 dans l’arrondissement de Kouoptamo, elle est contre vents et marées au four et au moulin pour faciliter l’état civil des personnes vulnérables. Au cours de la conférence de presse à Bafoussam à l’occasion la journée africaine de la décentralisation et du développement local couplée à la 7eme célébration de la journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil et de la production des statistiques de l’état civil, son président Daouda Nchoundoungam a relevé les difficultés auxquelles ils sont confrontés, mais surtout a décliné l’innovation qu’ils veulent mettre sur pied pour faciliter le processus d’enregistrement de leur cible au fait d’état civil. Dans cet entretien à battons rompus, il fait également étalage des statistiques importantes à savoir dans leur mission quotidienne.

Bonjour monsieur, pouvez-vous nous présenter votre association et les motivations de sa création ?

En 2012 nous avons eu le privilège d’encadrer les personnes handicapées mais à notre grande surprise on a constaté que beaucoup d’entre elles n’avaient pas d’actes de naissance. Ça nous a renvoyé à faire une étude préliminaire dans deux villages de la commune de Kouoptamo où nous avons identifié 224 enfants pour septs enfants handicapés seulement. Ça nous a renvoyé vers les partenaires externes dans le cadre du dixième fond européen de développement, le programme d’appui à la société civile. Nous avons reçu un appui pour financement, pour pouvoir réaliser une  étude. Dans cette étude nous avons pu dénicher pas mal de barrières: barrière administrative, barrière coutumière, barrière financière ainsi de suite, où il ressortait sur ces différentes barrières l’option corruption. D’où notre implication dans cette thématique de mettre sur pied un logiciel qui prend en compte le volet registre d’état civil.

Avant de parler de ce logiciel, monsieur Daouda dites-nous quel est véritablement votre apport dans les faits d’état civil ?

Notre apport c’est de sensibiliser les populations, de les identifier pour les accompagner pour ceux nés sans acte de naissance à la base vers les tribunaux, parce qu’aujourd’hui APPPHAK a déjà fait établir pas mal d’actes de naissance aux enfants, dont plus de 20.000 jugements ont été rendus de 2015 à 2024.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?

Les difficultés sont énormes: au niveau local il y a par moment les photocopies des cartes nationales des parents qui constituent d’obstacles majeurs. En plus de cela il y a le système judiciaire qui ne favorise pas l’enrôlement des dossiers pour pouvoir donner accès à ces bénéficiaires un acte de naissance. Mais étant donné que même avec la collaboration avec les communes, nous obtenons auprès d’elles  des attestations de non déclaration gratuitement. Et au niveau des formations sanitaires il y a une lettre de collaboration entre APPPHAK et le ministère de la santé qui demande à tous ses services de délivrer les certificats d’âge apparents gratuits. Donc c’est la raison pour laquelle nous pouvons déjà nous réjouir avec la quantité des actes de naissance que nous  faisons chaque année. Présentement où je vous parle on venait de nous livrer 331 grosses de jugement par le tribunal de Foumbot à ces 331 Camerounais qui n’en disposaient pas. Voilà ce que nous faisons pour l’heure.

Quel aura été votre plaidoyer lors de cette conférence de presse ?

Notre plaidoyer d’abord visait à ce que les maires prennent leur responsabilité en main. Vous pouvez voir que depuis que ces études ont été réalisées, beaucoup de recommandations ont été formulées à leur endroit mais rien n’est fait. Vous voyez que les gens utilisent les fortunes familiales pour pouvoir faire établir les actes de naissance.  Vous avez vu que j’ai parlé des statistiques du BUNEC qui est l’organe père, qui doit veiller à l’état civil. Mais lorsqu’on vous dit qu’on a mis sur pied un système comme ça, pas de statistiques, pas de registre de déclaration. Mais est-ce que ça résoud le problème ? Puisqu’il faut aller voir comment on archive ces pièces d’état civil, étant donné que bien après on en  aura besoin. Il faut aller voir. Voilà à peu près quelques challenges que nous avons face à nous et moi je me dis que comme elle ( régionale BUNEC, ndrl) a si bien dit, nous allons moderniser l’état civil à travers le projet qu’elle est en train de vouloir mettre sur pied.

Et justement à propos de votre innovation, dites-nous en plus

En ce qui concerne notre logiciel, il n’aura plus besoin des registres de naissance. Ça sera quelque chose de révolu parce que le logiciel conçu prend en compte les paraphes des registres en un clic. Ça prend aussi les griffes du BUNEC. Et ces griffes du BUNEC se font  aussi au niveau des déclarations qui partent directement vers les centres de santé. Ces centres de santé, lorsqu’ils enregistrent les déclarations, ça signale directement chez le secrétaire d’état civil qu’il a une déclaration dont l’acte n’est pas encore établi. Et à la 25eme journée le clic qui était au vert change directement au rouge pour signaler que ce qu’on est en train de faire là, bientôt il n’y  aura plus la possibilité d’établir l’acte de l’enfant.  Deuxième innovation, le contact pour aller parapher le registre ne sera plus possible. Parce que, en un clic par le BUNEC le président du tribunal reçoit les documents. En un clic il paraphe et en un clic il renvoie ça au maire qui est l’officier du centre principal. Et c’est au maire maintenant de partager les différents formulaires dans les centres secondaires d’état civil. L’officier du centre secondaire d’état civil ne pourra plus utiliser ses propres moyens pour aller parapher les registres, ni aller les déposer. Vous voyez donc que ces sont des innovations. Ce n’est que le parent maintenant qui viendra prendre son acte de naissance et si au sein de la commune le comité est déjà opérationnel suivant l’arrêté du MINDEVEL, ce sont  les membres du comité qui viendront prendre l’acte de naissance et ramener au parent.

Monsieur le Président nous sommes à l’ère de la décentralisation. Une idée de la collaboration entre votre association et les mairies locales , en l’occurrence celle de votre base qui est la commune de Kouoptamo ?

Oui! En ce qui concerne la mairie de Kouoptamo et APPPHAK il y a une bonne collaboration. Je peux déjà vous dire qu’elle nous délivre les attestations si je ne parle que de l’état civil, les attestations de non déclaration sont délivrées gratuitement et il en est de même pour les formations sanitaires.

Pour ur terminer président, dites-nous quel est votre mode opératoire. On sait quand même que le Noun c’est le fief où il y a le plus grand nombre d’enfants à l’ouest sans actes de naissance. Comment vous procédez ?

vous savez que nous avons au préalable formé les animateurs endogènes. Ces animateurs collectent les données au niveau local et nous apportent maintenant et nous formalisons avant de transmettre ça dans les tribunaux. Et cette même pratique est en train d’être faite dans tout le département du Noun parce qu’on connait notre capacité en matière d’état civil. Toutes les communes nous saisissent à travers les documents et maintenant nous formalisons et nous déposons. Nous organisons même les audiences foraines spéciales au sein des tribunaux sans les parents. Vous voyez que ça ce sont des choses qui ne sont pas faciles mais au niveau des tribunaux ils nous facilitent la tâche.

Interview réalisée par Césaire MOULIOM

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