La présidente de l’organisation et son équipe étaient ce samedi 11 décembre 2021 à la rencontre des populations de Bameboro et de Toumakak pour une causerie éducative. Une activité qui s’inscrit dans le cadre de la vulgarisation de la clinique d’assistance juridique.

Le département des Bamboutos est frontalier avec la région du Nord-ouest. Une région en crise depuis 2016. Il abrite de ce fait un nombre important des déplacés. Ces camerounais qui, fuyant les exactions terroristes, se sont retrouvés par dépit dans ce département. Une situation qui les expose à un nouveau rythme de vie. Dans la foulée, les droits sont bafoués. Certains ont vu leurs pièces officielles partir en fumée. C’est d’ailleurs ce qui explique la demande sans cesse croissante des jugements de reconstitution d’actes de naissance au tribunal de première instance de Mbouda, tel que relevé par la Présidente dudit tribunal.

Le choix des Bamboutos par Wilpf Cameroon pour sa campagne de sensibilisation vise donc à apporter une solution à ces situations et à d’autres abus auxquels font face ces déplacés et même l’ensemble des populations. Après l’atelier avec les leaders vendredi dernier, la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (Wilpf) est allée à la rencontre des populations de Bameboro et de Toumakak ce samedi, 11 décembre 2021. Une rencontre qui a connu une très forte mobilisation. Cette rencontre qui s’est voulue une causerie éducative de la clinique d’assistance juridique et judiciaire de l’ONG Wilpf Cameroon à Mbouda, s’inscrivait dans le cadre du projet d’éducation des femmes et des jeunes filles à leurs droits.

DE LA VIOLATION DES DROITS HUMAINS

Le thème sur “l’aperçu des violations récurrentes des droits humains dans la localité : Attitudes adoptées par les populations” a été exposé par Hugues POJUME de la Ligue des Droits et Libertés (LDL). De cet exposé, il ressort que la communauté Bamboutos est une communauté disparate composée de plusieurs ethnies. Et qu’après une étude faite sur le terrain, quatre grands groupes de violations aux droits de l’homme reviennent. “La première des choses c’est le trafic des stupéfiants qui est récurrent dans la localité, il y a la question de l’état civil avec le problème des actes de naissance. Après un entretien avec le Président du tribunal de première instance de Mbouda, elle nous a fait comprendre que depuis qu’elle est arrivée dans les Bamboutos, les problémes les plus récurrents à son niveau sont ceux d’établissement des actes de naissance par voie de jugements supplétifs. La troisième chose c’est au niveau des mariages précoces que nous avons aussi enregistré, ça c’est un problème lié au genre, c’est à dire les filles sont victimes des mariages précoces dans la localité. On voit les filles aller en mariage au-delà de l’âge nubile qui est de 18 ans. Et enfin nous avons aussi un autre problème qui était lié aux problèmes terriens. On est dans les Bamboutos et le mont Bamboutos fait l’objet d’une convoitise de toutes les communautés riveraines, de tel enseigne qu’il y a l’agriculture et l’élevage qui se pratiquent sur la montagne ou du moins dans les bas fonds. Ce qui fait que l’agriculture et l’élevage ne peuvent pas faire bons ménages. Du coup, il y a les conflits agro pastoraux entre éleveurs et agriculteurs”, explique Hugues POJUME.

La clinique d’assistance juridique et judiciaire a été présentée au public, son fonctionnement et sa mission, et les difficultés des populations bénéficiaires exposées. Lesquelles difficultés préoccupent les leaders de la communauté. “Le problème des droits de l’homme est très grave dans les Bamboutos. Nous sommes très soucieux pour ces petits enfants en âge scolaire de 12 ans, 13 ans qui sont violés”, relève pour le déplorer Isaac wamba, représentant du chef du village Bamendjo à cette rencontre. Mais toujours est-il, l’espoir est désormais permis de voir les choses autrement grâce à l’assistance de Wilpf Cameroon et sa clinique mobile dans les Bamboutos.

Sébastien ESSOMBA