Venezuela: L’ambassadeur allemand expulsé pour «ingérence»
L’annonce a été faite via un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le diplomate allemand est accusé d’ingérence dans les affaires internes du pays, et ce juste après être allé chercher Juan Guaido à l’aéroport international de Maiquetia lundi 4 mars pour le grand retour de l’opposant au Venezuela.
C’est en quelque sorte la contre-attaque du gouvernement de Nicolas Maduro après le retour triomphal de Juan Guaido. Daniel Kriener, l’ambassadeur allemand, est prié de quitter le territoire sous 48 heures. Il est accusé d’ingérence pour avoir accueilli, lundi 4 mars, l’opposant alors menacé d’arrestation pour avoir bravé son interdiction de sortie de territoire.
Berlin juge la décision incompréhensible et en profite pour réitérer son soutien à l’opposant. Juan Guaido a, lui aussi, immédiatement réagi depuis son perchoir à l’Assemblée nationale : « Ce n’est qu’une menace contre le monde libre et contre l’ambassadeur d’un pays qui a apporté beaucoup d’aide humanitaire et de médicaments. Mais il paraît que le régime Maduro ne pardonne pas aux pays qui souhaitent aider le Venezuela. Donc au monde libre, à l’Europe je veux dire qu’il n’y a pas de déclaration de persona non grata. Parce que le régime n’a pas les compétences pour le faire. »
Mais pour les autorités, il est inacceptable qu’un diplomate se comporte en responsable politique, surtout pour appuyer « le complot de secteurs extrémistes de l’opposition vénézuélienne ».
Mais au-delà des principes, cette expulsion ressemble plus à une menace envoyée aux alliés internationaux de Juan Guaido. Car Daniel Kriener n’était pas seul ce jour-là : une douzaine de diplomates européens et américains étaient aussi présents sans pour autant subir le même traitement. Pour Nicolas Maduro, c’est une manière de signifier qu’il n’a pas dit son dernier mot.
Dans une interview au magazine allemand Der Spiegel, Juan Guaido appelle l’Europe à accentuer ses sanctions contre le Venezuela, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.
« J’ai demandé à l’ambassadeur allemand de rester au Venezuela », explique le président par intérim autoproclamé dans son interview au magazine Der Spiegel. Avant d’ajouter : « Le Venezuela est une dictature », et de contester l’autorité de Nicolas Maduro.
« Les Européens doivent durcir les sanctions financières contre le régime. Il faut éviter que l’argent du peuple ne soit détourné pour assassiner des opposants ou des indigènes, comme ça a été le cas à la frontière avec le Brésil », plaide l’opposant.
Juan Guaido dresse également un bilan catastrophique du gouvernement Maduro : chute de 50% du PIB, explosion de l’inflation, qui pourraient pousser 5 à 6 millions de Vénézuéliens vers l’exil.
■ Nouvelles sanctions américaines
Entamée la semaine dernière avec l’interdiction de séjour aux Etats-Unis signifiée à 59 proches du président Maduro, la politique de suppression des visas se poursuit. Le vice-président américain a annoncé que 77 personnes supplémentaires étaient ciblées par cette mesure.
Mike Pence a dénoncé le régime de Maduro, mais aussi les pays qui le soutiennent, en premier lieu Cuba : « Comme le savent les Vénézuéliens, leur oppresseur n’agit pas seul. La vérité est que Maduro s’accroche au pouvoir uniquement grâce à la brutalité de ses soutiens et à l’aide qu’il reçoit du régime communiste de Cuba. »
Les Etats-Unis ont aussi annoncé des sanctions contre les institutions financières étrangères qui sont impliquées dans des transactions qui bénéficient à Nicolas Maduro. Ce sont les premières sanctions dites « secondaires » prises par les Américains.
Source : RFI