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TRAGÉDIE DE BAFOUSSAM : Une quarantaine de morts par suicide programmé

Les populations du chef lieu de la région de l’Ouest se sont réveillées dans l’horreur et la consternation hier matin. Après un éboulement au quartier Gouache. On est encore sans nouvelles de certains déplacés de la crise du NoSo.

Le funeste compteur marquait déjà 42 morts aux dernières heures de la journée d’hier quand nous quittions le service des urgences de l’hôpital régional de Bafoussam, hier 29 octobre. Difficile de ne pas écraser une larme face à cette autre horreur après le lac Nyos, la catastrophe de Nsam, la tragédie d’Eseka et j’en oublie certainement. 11 maisons englouties, 42 morts sur le carreau dont 6 hommes, 10 femmes (4 enceintes), 11 garcons, 15 filles, un homme et une femme décédés avec leurs enfants. Le constat est ahurissant.

Pourtant, il ya longtemps que la tragédie aurait pu être évitée. Oui il ya des lustres que l’alerte avait été donnée. Les autorités se sont certes penchés sur la question, mais avec une timidité et un laisser-faire qui n’ont guère ébranlé ces populations qui se sont volontairement installées dans une zone essentiellement à risques. Et ceci était connu de tous. Les autorités locales ont toléré, comme on tolère la prostitution. Du moment où tout le monde y sollicite des faveurs de temps en temps. Du jour au lendemain, des maisons sont sorties de terre, comme des champignons au lever du jour. On y a certes apposé des croix de Saint André, mais plus rien.

La tragédie de Bafoussam nous interpelle tous… Comment comprendre qu’avec toute une direction chargée de la protection civile au Minat les autorités camerounaises ne parviennent toujours pas à anticiper sur les multiples catastrophes? Elles qui organisent pourtant chaque année des cérémonies à l’occasion de la journée mondiale consacrée à la prévention des catastrophes. Comment comprendre que des populations meurent en victimes consentantes à l’autel de la pauvreté ? À chaque fois “on va quitter ici et partir où ?” A-t-on coutume d’entendre ici, quand les autorités projettent des opérations de déguerpissement.

Bien évidemment, la corruption fait le reste. C’est avec un visage de pierre que le gouverneur Awa Fonka Augustine est descendu sur les lieux aux premières heures de mardi. Au cours de la même journée du mardi, les membres du gouvernement, notamment le Minat et le Minhdu, l’y ont rejoint. Les ministres de la santé de la décentralisation et le Sg/Pm (un fils du coin) sont quant à eux annoncés pour ce mercredi.

Les recherches qui ont été suspendues hier à cause d’un violent orage ont repris ce mercredi. À l’hôpital régional, le gouvernement a pris en charge les soins qui se déroulent en urgence. En même temps que le président de la République a débloqué une aide d’urgence. Mais au-delà de tout, comment ne pas soupçonner un suicide programmé, au regard du laxisme qui a solidement fait son nid dans l’attitude des uns et des autres ?

C’est après coup que les autorités locales envisagent l’élargissement de la zone de sécurité et la délocalisation des populations. Plus de 150 qui y sont encore etablis. En attendant de trouver un cadre d’accueil pour les contenir, on est déjà sans nouvelles de certains déplacés de la crise du NoSo. La suite des fouilles qui ont repris ce matin nous en dira mieux. Mais vu les conditions artisanales dans lesquelles les fouilles se déroulent, les chances de retrouver des survivants s’éloignent au fur et à mesure.

(*)Par Thomas Tankou (Consultant en communication et stratégie)

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