Entre guerre de leadership et positionnement social, les deux instances dont la mission commune est de fixer les fidèles sur le croissant lunaire au Cameroun, se livrent depuis un moment à un jeu qui n’honore point la religion musulmane.

Le jeûne du mois de Ramadan, le mois sacré de l’islam, tire à sa fin. Après un mois d’abstinence, de pénitence et de privation, les fidèles musulmans s’apprêtent à célébrer avec faste et solennité l’Eid-El-Fitr, une prière qui sanctionne la fin du Ramadan. En prélude à cet événement majeur du calendrier musulman, les regards sont rivés au ciel à la recherche du croissant lunaire. Au Cameroun, c’est malheureusement une situation calamiteuse qui se vit sur le terrain. La Commission Nationale de Croissant Lunaire (Cncl) et le Conseil Camerounais du Croissant Lunaire (Cccl), ces deux instances chargées de scruter le ciel pour fixer la communauté musulmane, se livrent à une guerre épistolaire qui cache mal les ambitions des différents protagonistes. L’on assiste depuis un moment à une guerre des communiqués entre les deux organes qui, récemment, n’ont pas pu trouver après moultes tractations, le consensus nécessaire pour se mettre ensemble et parler d’une même voix, au nom de l’islam.

Désaccord permanent !

En date du 7 mai 2021, la Commission Nationale du Croissant Lunaire rendait public un communiqué. Dans cette sortie, l’organe tenait à inviter les fidèles à scruter le ciel à partir du mardi soir, 11 mai 2021 pour déterminer le jour de la fête du Ramadan. En cas de la non apparition du nouveau croissant lunaire, la conduite à tenir indiquée par la Cncl était de compléter le Ramadan à 30 jours, conformément à la parole du prophète selon laquelle : “Jeûnez et rompez votre jeûne à la vue du croissant. S’il est voilé, complétez le compte jusqu’à 30” .

S’il est vrai que la Commission Nationale de Croissant Lunaire s’appuie beaucoup plus sur le calcul simple et les prescriptions du saint Coran et de la Sounnah, le Conseil Camerounais du Croissant Lunaire convoque en plus de cela, les éléments scientifiques et techniques, a travers l’Association pour l’Observation Astronomique. Dans un communiqué rendu public le 03 mai dernier, Mohamed Azize MBOHOU, secrétaire permanent dudit conseil, indiquait que sur la base des calculs effectués par son organe, la nouvelle lune naîtrait le mardi 11 mai à 19h 59 minutes, mais ne serait visible que le mercredi 12 mai 2021. Ce qui implique que la fête du Ramadan a lieu le jeudi 13 mai.

À bien lire les deux communiqués, on se rend très vite à l’évidence que les prévisions données par les deux instances ne sont pas très différentes. Cependant, la principale question à se poser est celle de savoir pourquoi ne pas taire les égos et se mettre ensemble pour le bien de l’islam? La constance c’est qu’au-delà de la religion, il y a certainement quelque chose qui attise autant de guerres, et que seuls les concernés maîtrisent les contours. Malheureusement, c’est l’islam qui est cataloguée, à l’autel des intérêts égoïstes.

Houzer NGOUPAYOU