Présidentielle 2025 : Le chant du cygne des anciens barons

Alors que la présidentielle de 2025 s’annonce comme la fin d’un cycle politique au Cameroun, les candidatures de Bello Bouba et Issa Tchiroma interrogent. Ces figures historiques du septentrion, anciennement proches du régime, veulent encore jouer les premiers rôles dans le processus évident de la transition au sommet de l’État. Une coalition entre eux pourrait être décisive, mais leur refus d’ouvrir la voie à une nouvelle génération risque de renforcer la fragmentation politique. Le pays, lui, attend un véritable sursaut.
Ils sont de retour. Ou plutôt, ils refusent de partir. Issa Tchiroma Bakary, président du FSNC, et Bello Bouba Maïgari, président de l’UNDP, deux figures politiques emblématiques du septentrion, ont, chacun, décidé de se positionner pour la présidentielle à venir. Des candidatures qui, loin de surprendre, révèlent à quel point le système politique camerounais est enlisé dans les répétitions, les recyclages et les ambitions personnelles déconnectées des aspirations populaires.
DEUX CANDIDATURES, UNE MÊME TRAJECTOIRE !
Ces deux hommes ont traversé les régimes, occupé les fauteuils ministériels, et goûté à la douce chaleur du pouvoir central. Aujourd’hui, ils se présentent à nouveau. Non pas avec une vision régénérée du pays, ni portés par une dynamique citoyenne de renouveau, mais mus essentiellement par une volonté de survivance politique. Et pourtant, derrière cette posture se cache un paradoxe inquiétant ; ceux qui, hier encore, soutenaient le régime de Paul Biya, veulent désormais incarner l’alternative à ce même régime. Mais l’histoire ne s’efface pas. Elle s’assume.
LA QUESTION GÉNÉRATIONNELLE, UN AVEUGLEMENT VOLONTAIRE
En se portant candidats à nouveau, Tchiroma et Bello Bouba posent une question brutale à notre démocratie. Faut-il donc mourir au pouvoir pour exister politiquement au Cameroun ? À l’heure où des voix jeunes, compétentes et légitimes peinent à émerger, ces figures d’un autre temps occupent l’espace et étouffent le débat. Non par compétence supérieure, mais par inertie institutionnelle et par réseau clientéliste.
À plus de 70 ans, que peuvent-ils encore incarner sinon le refus de la transition générationnelle ? La réponse à cette question ne relève pas seulement d’une analyse politique, mais d’un impératif moral, celui de céder la place, de transmettre, de passer le relais.
LA COALITION OU LE SURSAUT : DERNIÈRE CARTE AVANT LE CRÉPUSCULE
Et pourtant, tout n’est pas perdu. L’Histoire réserve toujours une chance à ceux qui savent la lire. Une coalition entre ces deux personnalités pourrait, en théorie, constituer un tournant décisif. Non pas pour eux-mêmes, mais pour le peuple. En s’unissant, mieux, en mettant leur poids au service d’un leadership plus jeune, plus crédible, plus rassembleur, ils pourraient ouvrir une brèche dans la forteresse du système. Ils pourraient poser un acte de courage, un acte de lucidité, un acte de rédemption. Mais s’ils refusent, s’ils persistent dans leur logique d’égo, de revanche ou de baroud d’honneur, ils entreront dans l’histoire non comme des bâtisseurs, mais comme des fossoyeurs d’espoir.
2025 : LA FIN D’UN CYCLE, L’OUVERTURE D’UN AUTRE
Cette élection, chacun le sent, sera celle de la fin d’un cycle. Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, n’a plus ni la légitimité morale, ni la vigueur institutionnelle pour poursuivre. Et dans son sillage, tous ceux qui ont été ses compagnons de route devront aussi s’éclipser. Il ne s’agit pas d’un vœu, mais d’une vérité politique et biologique. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est donc la bataille pour l’après. Et celle-ci ne peut se gagner qu’en rompant avec les pratiques anciennes, avec les calculs claniques, les postures opportunistes et les manipulations identitaires.
LE PEUPLE REGARDE. IL ATTEND. IL JUGERA
La jeunesse camerounaise, les travailleurs, la diaspora, les femmes et les hommes de bonne volonté sont en alerte. Leurs regards sont tournés vers ceux qui prétendent les représenter. Ils veulent du courage, de l’audace, du renouveau. Ils veulent qu’on arrête de les prendre pour des pions dans une énième mascarade électorale.
Tchiroma, Bello Bouba, il est encore temps. L’histoire vous observe. Elle vous tend la main. À vous de choisir : la grandeur du renoncement ou la petitesse de la répétition.
Houzerou NGOUPAYOU