Présidentielle 2025 au Cameroun : De l’opportunité d’une coalition de l’opposition

À l’approche de la présidentielle de 2025, une question hante les esprits de nombreux Camerounais épris de changement : l’union de l’opposition est-elle la clé pour mettre fin au règne de Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies ? La tentation est grande d’y voir une panacée. Mais au-delà des slogans et des espérances, il faut poser un regard lucide sur les enjeux, les défis et les conditions d’une véritable alternance politique.
UNE DYNAMIQUE ÉLECTORALE FRAGMENTÉE
Depuis l’instauration du multipartisme, l’opposition camerounaise n’a cessé de se présenter en ordre dispersé. Les querelles d’ego, les divergences idéologiques, les soupçons de trahison et d’infiltration, ont souvent empêché la constitution d’un front uni. Résultat, le régime en place a toujours bénéficié de la division pour conserver le pouvoir.
Face à un appareil d’État hyper centralisé, une administration électorale contestée, et un système politique verrouillé, il paraît évident que la dispersion des forces de l’opposition ne peut qu’aboutir à un échec. D’où l’idée, sans cesse ressassée, d’une coalition.
LA COALITION : NÉCESSAIRE, MAIS PAS SUFFISANTE
Une coalition peut être un levier puissant pour mobiliser les électorats, créer une dynamique populaire et renforcer la crédibilité d’un projet alternatif. Elle pourrait notamment permettre de mutualiser les ressources, harmoniser les discours et rassurer une population souvent résignée ou méfiante.
Mais cette alliance ne saurait se résumer à un simple pacte de non-agression entre leaders politiques en quête de pouvoir. Pour qu’elle soit efficace, elle doit reposer sur une vision commune, un programme clair, une stratégie réaliste, et surtout, une volonté sincère de rupture avec les pratiques du passé.
LES OBSTACLES À SURMONTER
Construire une coalition viable au Cameroun implique de surmonter plusieurs défis majeurs. La méfiance entre les principaux leaders de l’opposition, souvent exacerbée par des parcours et des ambitions divergentes. L’absence d’une culture démocratique interne dans les partis eux-mêmes, qui rend difficile le choix consensuel d’un candidat unique. Le risque d’instrumentalisation ou d’infiltration par le régime, toujours prompt à semer la zizanie dans les rangs adverses. La nécessité de convaincre une population désabusée que cette union n’est pas une énième manœuvre politicienne, mais une réelle opportunité de changement.
UNE OPPORTUNITÉ À CONSTRUIRE, NON UNE GARANTIE
La coalition de l’opposition n’est pas une panacée, mais elle demeure une opportunité stratégique incontournable. Pour espérer l’alternance en 2025, il faut plus qu’un rassemblement de façade : il faut une refondation de l’offre politique, une mobilisation des forces citoyennes, et une volonté partagée de mettre fin à un système qui asphyxie le pays depuis trop longtemps.
Il ne s’agit pas seulement de battre Biya dans les urnes, mais de faire naître une nouvelle manière de faire de la politique au Cameroun, une politique fondée sur le courage, la responsabilité et l’humanisme. C’est à cette condition que la coalition pourra être autre chose qu’un mirage de plus dans le désert de nos espérances.
Houzerou NGOUPAYOU