Nekang 2021 : Une célébration difficile à cause du covid-19
Accordée exceptionnellement par le gouverneur de la région de l’ouest, la tenue de cette édition a connu tout de même des soubresauts dus au non respect des mesures barrières au covid-19.
Les peuples Bamougoum ont renoué avec leur festival culturel cette année. Quatre années après la toute précédente édition, la 309eme s’est célébrée le weekend dernier dans le contexte covid-19. Venus de part et d’autres des quatre coins cardinaux, les filles et fils Bamougoum se sont réunis autour de leur roi, sa majesté Moumbe Fotso Mitterrand, pour son baptême de feu après son ascension au trône. Exceptionnellement, le gouverneur de la région de l’ouest a accordé la tenue de cet événement dans un contexte dont on sait l’interdiction des événements pouvant rassembler plus de cinquante personnes. « (…) Le chef avait souhaité qu’après quatre ans, que ce festival puisse avoir lieu pour respecter les us et coutumes. Nous nous sommes entendus et tombés d’accord que les mesures barrières doivent être respectées(…). Depuis que le chef est au trône il n’a pas eu l’occasion de poser certains rites à ces populations. La tradition existe et de manière exceptionnelle nous avons accordé certains soulagements des populations des Bamougoum », clarifie Awa Fonka Augustine.
Alors que l’on croyait que toutes les dispositions étaient prises pour honorer les engagements pris, le festival va se voir interrompre un moment par le gouverneur. Les jeunes initiés s’apprêtaient à faire leur exhibition sur la place publique, l’on a vu Awa Fonka Augustine descendre sur l’esplanade prendre inopinément la parole. Contre toute attente, le patron de la région va demander de tout arrêter si les engagements pris ne sont pas respectés. Après avoir clairement emmené son sujet et il va s’offusquer des réalités qu’il vit « Je tiens à vous dire que je suis désolé, je ne suis pas du tout content avec ce que je vois avec mes yeux(…) ». En rappelant à l’assemblée qu’il est, en tant que gouverneur détenteur des statistiques pas du tout élogieuses de la situation de la région, le gouverneur a rappelé l’intérêt à respecter les prescriptions gouvernementales pour le bien être des populations. Dans un ton ferme il rabroue les acteurs : «Je dis non au comité d’organisation qui est piloté par le maire de Bafoussam. Quand nous voyons tous ces enfants qui doivent défiler devant nous, ils n’ont pas de masques. (Aux enfants) Rentrez chez vous ! Rentrez sans musique. Celui qui a emmené ces enfants, rentrez et vous ne pourrez continuer que saufs si vous avez mis les masques. Je ne cautionne pas cela(…) ».
Tout avait pourtant très bien commencé, avec les articulations précédentes. L’on avait aperçu de part et d’autres des dispositifs barrières, des équipes qui filtraient les entrées. Seulement, à cause de certaines démonstrations et prestations, les acteurs ont vite fait de laisser tomber leurs masques, pour n’accorder d’importance qu’aux masques de circonstance. C’est ce qui a remonté le gouverneur, voyant le nombre pléthorique d’individus qui devait passer sur la scène. Après ce rappel à l’ordre, tout est rentré dans l’ordre et la parade a poursuivi. Les différentes castes vont passer tour à tour, exprimer la culture Bamougoum. Des jeunes initiés par millier défileront, en dépit de la pluie, exprimant leur passage d’une étape de vie à une autre. L’on arrivera à l’immolation d’une chèvre symbole de purification et de fertilité au sens large du terme.
Tout compte fait, c’est une célébration qui malgré tout s’achève bien. L’organisation peut se tirer un coup de chapeau : « Je suis un président du comité d’organisation heureux parce tout est bien qui finit bien », se félicite Roger Tafam. Cette célébration dont le clou était samedi dernier, a connu près de soixante douze jours d’activités, campagnes sanitaires, conférences, activités sportives, prestations artistiques entre autres. Le rendez-vous est pris dans deux ans avec l’espoir de le faire sans coronavirus. En rappel, l’édition de 2019 avait été reportée pour les raisons des obsèques du feu roi Fotso Kankeu.
J.C.M