Les acteurs du secteur de médias à l’Ouest font de plus en plus face à la clochardisation et la manipulation à des fins politiques. Une situation assez déplorable qui inquiète du moins pour l’avenir de la communication dans cette région.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase est cette fameuse liste des signataires de la motion de soutien au président de la République, Paul Biya, dont les journalistes sont présentés comme signataires en majorités, par certaines pontes du régime en panne d’innovation. Il se trouve qu’au lendemain de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, après l’auto-proclamation par le président du mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le Pr Maurice KAMTO, l’un des huit candidats contre le président Biya à ce scrutin qui s’est déclaré vainqueur à moins de 24 heures après la fermeture des bureaux de vote, des voix se sont levées pour condamner cet acte jugé anticonstitutionnel.

De la manipulation politique

A Bafoussam, chef lieu de la région de l’Ouest, les gardiens de la tradition ancestrale du département de la Mifi, de plus en plus embourbés dans la mangeoire du parti au pouvoir, et les forces vives de ce département, ont entrepris de se mobiliser pour dire de vives voix non à la manipulation de l’opinion et sensibiliser à cet effet les citoyens et leurs communautés respectives sur la nécessité d’attendre les résultats dans un esprit Républicain. Cette rencontre tenue le 12 octobre 2018 dans la salle des conférences de la Caplami à Bafoussam s’était alors débouchée comme à l’accoutumée sur une motion de soutien  et de déférence  en direction du président candidat, une façon de marquer et de renouveler leur adhésion s’il en était encore besoin, et leur attachement aux idéaux du renouveau. Mais la curiosité sur la liste des signataires de ladite motion de soutien fut la présence massive des journalistes qui, en quête des informations, se seraient fait confondre aux militants. Le comble, cette liste sera publiée plus tard dans les colonnes du quotidien «Cameroun Tribune», quotidien à capitaux publics. Ce qui crée de l’indignation au sein de la famille médiatique à l’ouest. La question à laquelle beaucoup aimeraient avoir une réponse c’est celle de savoir qui serait à l’origine de telle bassesse et pour quelle fin ? Assurément, il s’agirait de ces élites qui, au nom des guerres de positionnement et de la recherche effrénée du gain, auraient lâché le parti, et sentant la mort prochaine, tentent de colmater les brèches pour montrer une image erronée au faiseur des rois. Ils ont certainement oublié que seule la vérité triomphe.

Toutefois, cette situation remet au goût du jour le calvaire de la presse dans la région de l’ouest. Ils sont traités, ces hommes et femmes de médias, comme des derniers de la société. La misère entretenue par le régime dans ce secteur est à l’origine de la clochardisation à outrance qui s’observe sur le terrain çà et là. Et les politiciens en profitent d’ailleurs pour tenir certains contre des petites coupures de banque, peu considérables en réalité. C’est ainsi que chaque élite politique a ses journalistes, et beaucoup, au lieu de pratiquer le métier, se lancent sans le vouloir à la communication politique et parfois même à des petits ragots  pour contenter le «Client» et obtenir toute sa sympathie. Cela s’explique parfois par le non paiement des salaires par la majorité des patrons de presse qui estiment que leurs éléments peuvent se payer sur le terrain grâce au «gombo», et aussi par la présence au sein du métier du journalisme des touts venants dont leur souci ne saurait être la pratique professionnelle du métier, mais la recherche du pain quotidien. Ces situations sont déplorables et inacceptables. Vivement que les corporations des journalistes dans cette région, en l’occurrence le Club Médias Ouest (CMO) et le Syndicat National de Journalistes du Cameroun (SNJC) travaillent d’arrache-pied et en symbiose pour assainir le secteur et sauver le navire qui fonce droit vers une chute certaine

Sébastien ESSOMBA