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Manipulation et récupération politicienne : Ce que Me Momo Jean de Dieu avait écrit au député Suisse Sylvain Thévoz en 2018

Répondant au député Suisse qui s’était fait donneur de leçons au lendemain de la présidentielle camerounaise de 2018, Me Momo Jean de Dieu, dans sa posture de Président de parti républicain et donc soutien inconditionnel des institutions, n’était pas allé du dos de la cuillère pour recadrer ce dernier. Trois ans plus tard, cette lettre dont nous vous livrons la teneur reste d’actualité, au regard des sujets de l’heure.

Lettre ouverte de Me Momo Jean de Dieu à M. Sylvain Thévoz, Député Suisse du Grand Conseil de Genève.

Cher Monsieur le Député Sylvain Thévoz,
(…) Je ne suis pas un membre du gouvernement de mon pays le Cameroun. Je suis le Président d’un parti d’opposition qui a soutenu la candidature du Président Paul Biya après nous être rendu compte combien nous sommes manipulés par des gens comme vous dans l’intérêt de vos pays et jamais du nôtre. Je suis de ceux qui ont prêté leur voix aux opposants camerounais pour distiller ces mauvais messages contre notre pays et je m’en repens sincèrement. Je suis aussi de ceux qui considéraient la Suisse, votre pays, comme étant le plus grand receleur du monde à travers les Banques Suisses notamment qui ne s’embarrassent pas de voler l’Afrique à travers ce que vous appelez les dictateurs.

Mais çà, c’était avant que je ne me rende compte que je faisais votre jeu contre mon pays. C’était avant que je m’aperçoive avec regret que chacune de mes critiques contre mon pays était du pain béni pour les pays prédateurs de l’Afrique. C’était avant que je me rende compte que je ne disposais pas de toutes les informations sur mon propre pays et les grandes réalisations de son gouvernement et de mon Président. C’était avant que je ne me rende compte Ô combien le Cameroun avait été béni par le Bon Dieu qui lui a donné notre Président sans lequel nous n’aurions plus notre pays, sans lequel notre pays serait comme la LIBYE, comme la SYRIE, comme la COTE-D’IVOIRE, comme la REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE qui renait de ses cendres et comme toutes les autres Nations qui sont tombées sous le coup de vos croisades moyenâgeuses. Oh oui nous avons eu une chance infinie.

Cher Monsieur, Thévoz,
Le Cameroun, mon beau pays, a plus de vingt millions d’habitants qui sont heureux d’y vivre et d’y travailler comme moi. Croyez moi nous ne nous plaignons pas plus que les gens de chez vous. Nous avons les mêmes problèmes comme partout ailleurs dans le monde et quand je fais une comparaison par rapport aux nombreux pays que j’ai visité dans le monde, je me rends compte combien nous sommes privilégiés et gâtés par la Nature. NON Monsieur Thévoz, vos écrits contre le Président de mon pays sont révoltants et si nous avions été dans votre moyen âge, je vous aurais invité à un duel à mort pour laver l’affront !
Mais je considère que vous avez été induit en erreur par quelques groupuscules d’agitateurs et d’activistes que j’ai fréquentés ces vingt dernières années. Je vais vous expliquer.
Je suis Avocat des Droits de l’homme dans mon pays et jusqu’à mon soutien récent au Président Paul Biya à la dernière élection présidentielle, j’étais l’homme le plus adulé par ces gens que vous aidez compte tenu de mes prises de positions contre le régime de mon pays.

1- Je vous remercie de noter qu’au rang de ceux qui font des démonstrations en Europe en général et en Suisse en particulier, beaucoup sont des exilés alimentaires qui n’ont pas pu trouver un emploi au Cameroun. En effet, le Cameroun est un jeune Etat de 58 ans dont toutes les institutions ne sont pas encore mises en place. Le régime de mon pays s’attelle encore à implémenter la Décentralisation pour permettre une plus grande implication des peuples dans le processus de prise des décisions. Les bases de l’industrialisation de notre pays ont été posées de telle manière que nous espérons résorber le chômage dans un proche avenir. Les recrutements des milliers de jeunes sont en cours aussi bien pour enseigner dans nos Universités (2000 recrutements en cours), que pour travailler dans notre tout nouveau port en eau profonde de Kribi, le troisième d’Afrique (au moins 12.000 emplois en cours), ou pour faire les métiers de la guerre (2000 recrutements en cours). Beaucoup de ceux qui manifestent chez vous devraient normalement trouver leur compte au pays, si toutefois ils sont qualifiés, car ce sont deux millions d’emplois qui vont être progressivement disponibles.

2- L’Etat est le principal employeur car les entreprises qui créent la richesse sont entre les mains des multinationales implantées chez nous depuis l’indépendance. Ces entreprises néocoloniales contribuent à 80% au budget de l’Etat qui cette année 2018 est 4mille 689 milliards 500millions de Francs CFA, (A titre de comparaison le budget de la ville de Paris dépasse celui de l’Etat du Cameroun puisqu’il est plus de 5mille 250 milliards). La conséquence est que l’Etat ne peut pas employer tous les jeunes qui sortent de nos écoles de formation et de nos Universités. Croyez cher Monsieur le Député que c’est à regret que le Cameroun voit toute cette main d’œuvre qu’il a formé aller servir votre pays. Mais cela va changer au cours de ce septennat des grandes opportunités pour tous et pour le Cameroun.

3- Notre pays est composé de plusieurs tribus et la politique pratiquée est de servir équitablement chaque Tribu, car il y a des tribus plus nombreuses que d’autres ou celles qui ont été scolarisées plus rapidement que les autres. C’est pourquoi selon l’article 2 de l’arrêté n° 10467 signé du ministre de la Fonction publique le 4 octobre 1982 (réactualisé le 20 août 1992), il est prévu dans les concours administratifs 5% de places à l’Adamaoua, 18% à l’Extrême-Nord, 7% au Nord, 15% au Centre, 4% à l’Est, 4% au Sud, 13% à l’Ouest, 12% au Littoral, 12% Nord-Ouest et 8% au Sud-ouest. Beaucoup de ceux qui ont été forcés d’émigrer chez vous n’ont pas pu être insérer dans la fonction publique ni dans le Privé. Beaucoup se plaignent que ces quotas ne sont pas respectés. Cette accusation a été évoquée pendant la dernière élection pour justifier une opposition violente qualifiée par certains d’ethno fasciste contre le régime du Président Paul Biya jugé de favoritisme. Elle ne manque pas de pertinence et je crois que les pouvoirs publics ont pris conscience des conséquences violentes que cette accusation peut engendrer. Ceux-là lui préféreraient le système de la méritocratie, mais là aussi nous risquons de faillir à notre devoir de solidarité nationale dans le vivre ensemble que nous construisons.

4- Comme vous le savez sans doute, au regard de la loi, la demande d’asile doit être soutenue par des griefs de menace de mort ou de graves violations des droits de l’homme par le pays dont on est ressortissant. Beaucoup de nos compatriotes ignoraient que la demande d’asile comporte un véritable piège qui consiste à interdire au bénéficiaire de l’asile de ne plus revenir dans son pays tant que le régime qui menace sa vie ou sa liberté est encore en place. Or beaucoup de demandeurs d’asile en provenance du Cameroun ont utilisé des faux documents et de fausses déclarations pour avoir leur statut de demandeur d’asile conforme aux exigences de danger pour soi-même ou pour sa famille. C’est pourquoi chaque occasion de manifester chez vous est exagérée car il constitue un moyen de justifier leurs demandes d’asiles. Il y a toute une industrie de demande d’asile de la part de certains meneurs qui vivent et font vivre leurs familles en aidant leurs clients demandeurs d’asile à « monter » leurs dossiers, puisqu’ils n’ont généralement pas de permis de travailler dans vos pays tant que leur situation de sans-papiers n’est pas résolu. Voilà pourquoi vous devez soigneusement distinguer ces demandeurs d’asiles alimentaires ou asile de travail de ceux qui travaillent normalement chez vous comme Avocats ou tout autre métier et qui ne se retrouvent jamais parmi les manifestants. Mais cette situation n’est pas l’apanage des camerounais. Partout dans le monde les populations immigrent à la recherche d’un mieux-être et ce qui est normal. Nous avons ainsi des Suisses qui vivent chez nous, dans notre paradis Cameroun, et y trouvent leur compte.

5- Au regard du Code de la nationalité de notre pays, et ce depuis les années 1960, le Camerounais qui prend une autre nationalité perd celle du Cameroun (cette disposition visait à décourager ceux des camerounais qui avaient bénéficié d’une bourse d’études ou qui étaient partis en à l’étranger, pour les obliger à rentrer construire leur jeune pays à l’issue de la décolonisation. Comme chacun sait, beaucoup sont restés là-bas pour nous critiquer et nous insulter après avoir épousé des femmes blanches quand Paul Biya rentrait construire notre pays !). Voilà pourquoi la majorité de ceux qui manifestent chez vous, soit ont perdu la nationalité camerounaise (et ne sont donc plus camerounais), soit sont des demandeurs d’asile. Les Hautes Autorités de mon pays sont en train de réfléchir à la possibilité d’octroi de la double nationalité, mais il faut dire que ceux qui en seront les premiers bénéficiaires entravent eux même l’examen favorable de cette possibilité par des manifestations intempestives et exagérées comme celles dont le faux fondement de hold-up électoral a donné lieu dernièrement. Ils ne s’inscrivent pas pour voter et crient à la fraude lorsque leur adversaire gagne ! Mais je comprends aussi leurs manifestations car beaucoup qui ont été pris dans le piège de l’immigration non-retour au bercail sont désespérés de ne pouvoir rentrer tant que le régime de Paul Biya est là et le salissent ou le diabolisent pour exorciser leurs frustrations de ne pouvoir rentrer chez eux. Mais à qui la faute ? À leur ignorance bien sûr. Mais ils peuvent revenir impunément à la maison sans que quoi que ce soit leur arrive, je vous en fais le serment. (D’ailleurs beaucoup viennent en douce au pays et en repartent sans problème au su et au vu des autorités ! C’est vous qu’ils trompent, pas nous).

6- Cher Monsieur Thévoz, je dois me faire violence pour rester poli lorsque vous vous attaquez impunément et si légèrement à l’épouse du Chef de l’Etat, Madame Chantal Biya, une Sainte femme qui est loin d’être l’insouciante gaspilleuse qui vous a été décrite : “S’il est établi que l’amour du président Paul Biya coûte cher, très cher au Cameroun, combien coûte-t-il à Genève?”. Franchement comment osez-vous ? Qu’est qui vous autorise à penser que le Président de mon pays est un jouisseur impénitent ? Un budget est voté par le parlement et mis à la disposition de Monsieur le Président de la République et c’est dans ce budget qu’il prélève les frais de son déplacement et de son séjour dans votre pays auquel il fait un immense honneur. Mince, vous êtes député et donc représentant du peuple, comment contestez-vous la présence dont mon président a daigné vous honorer dans votre pays ? Vous croyez que ce sont des voyages de villégiatures ? et même si c’était le cas de quoi vous mêlez-vous ? Vous voulez vous faire remarquer comme le défenseur des causes justes ? Alors vous faites fausse route car la bonne cause est celle des vingt millions de camerounais qui vivent sur son sol et travaillent inlassablement à son épanouissement, et non les deux ou trois cent mille qui sont volontairement partis pour nous combattre de loin, abrité derrière des députés comme vous !

7- Cher Monsieur je vous invite au Cameroun vous rendre compte par vous-même que celui que vous décrivez comme un gaspilleur est plutôt réputé radin en ce qui concerne les finances publiques. En outre, c’est un travailleur infatigable qui se sacrifie pour notre pays et grâce auquel notre pays a une situation sinon plus envieuse que celle de votre pays en tout cas un des pays d’Afrique parmi les plus émergent. Oui Monsieur grâce précisément à notre Président Paul Biya, dont vous faite une caricature absolument vexatoire, notre pays a été doté d’une fondation construite sur du Roc et pouvant supporter les gratte-ciels du développement dans un proche avenir. Quant à son épouse, dont beaucoup jalouse la bonne fortune et qui est une femme du peuple, sachez qu’elle est ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO.

Croyez, cher Monsieur Sylvain Thévoz, et dans l’attente de vos plates excuses, à l’expression de ma parfaite considération.

Douala le 26 novembre 2018
Maitre Momo Jean de Dieu, Avocat
Président du Parti politique Les Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun (PADDEC)
COPIE AU CONSEIL D’ETAT SUISSE ET AU PARLEMENT SUISSE POUR INFORMATION

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