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La route du racket : quand les contrôles routiers alimentent la vie chère

Sur les routes camerounaises, un phénomène insidieux mais quotidien contribue silencieusement à la flambée des prix des denrées alimentaires : la prolifération des contrôles routiers. Un exemple parmi tant d’autres illustre bien cette situation absurde devenue la norme, l’axe Bafoussam-Foumbot, long de seulement 27 kilomètres, concentre à lui seul plus de quatre postes de contrôle, sans compter le péage.

À chaque arrêt, le rituel est bien rodé. Ce qu’on appelle pudiquement “contrôle” s’apparente dans les faits à une taxe informelle, un “pausage” devenu obligatoire, souvent sans justification légale. Une pièce glissée ici, un billet glissé là. Résultat, les transporteurs, déjà étranglés par les coûts du carburant et l’état déplorable des routes, n’ont d’autre choix que de répercuter ces charges sur les commerçants… qui à leur tour ajustent leurs prix à la hausse pour ne pas vendre à perte.

Ainsi, une banane plantain achetée à bas prix dans les plaines fertiles de Foumbot arrive sur les étals de Bafoussam avec un prix multiplié, non par l’offre ou la demande, mais par les arrêts forcés et les mains tendues de la route. L’État semble absent ou complice, quand ces pratiques sont censées être connues de tous.

Dans cette chaîne de petits abus quotidiens, c’est le citoyen lambda, le consommateur final, qui paie la facture. C’est lui qui achète son panier de nourriture à un prix déconnecté des réalités agricoles. C’est lui qui subit les effets pervers d’un système routier détourné de sa vocation de service public pour devenir un outil de prédation.

Il est temps de poser la vraie question. Les contrôles routiers ont-ils encore pour objectif la sécurité et la régulation du transport, ou sont-ils devenus un maillon d’un système de rançonnement institutionnalisé ? La lutte contre la vie chère ne pourra jamais aboutir tant que les routes resteront des lieux de racket organisé. Si l’on veut parler de relance économique, de justice sociale ou de sécurité alimentaire, il faudra d’abord commencer par libérer les routes.

Houzerou NGOUPAYOU

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