Hon TOMAINO NDAM NJOYA : “La cause de la femme dépasse les considérations de politique politicienne”
La coordonnatrice nationale du réseau Puakone se confiait au terme des journées de financement des micro-projets de la fédération Puakone unis.
Vous sortez des Journées de financement des microprojets de la Fédération Puakone unis. Quel est votre sentiment à l’issue de ces assises?
Solidarité, Opérationnalité, Confiance : ce sont là les maîtres mots qui président aux actions que nous initions dans le cadre de la FPU. Vous comprenez qu’au sortir de la 4 ème Edition des Microcrédits Solidaires Sociales, c’est un sentiment de « … une de faite, what next ?… » . En effet, il y a tellement à faire !
Toutes les femmes rencontrées disent le grand bien de vous et témoignent que toutes ne sont pas de votre bord politique. Comment comprendre cela de la part d’une femme politique dans un milieu où il n’y a pas d’actions sans intérêts?
L’existence légale de la FPU date de 2004, cependant, l’esprit et la culture d’entraide initiée au sein des regroupements des femmes au sein des Amicales des Associations dans chaque quartier remonte à plus loin, dans les années 90-91. Notre action a d’abord consisté à renforcer leurs capacités organisationnelles, en matière de leadership, dans leur formalisation voire légalisation. En fonction des affinités elles se retrouvent : agricultrices, commerçantes, veuves, voisines…Figurez-vous, nous avons bien un intérêt : celui de l’autonomisation des femmes, ce qui passe par leur éducation, leur santé, la culture, l’environnement, le sport, l’économie, la religion… à travers le Programme mis sur pied de l’Université des Puakone, par l’École Africaine d’Éthique. La cause de la femme dépasse les considérations de politique politicienne.
Vous êtes à la 4ème édition de cette grande campagne de financement des projets. Un budget de 10 millions mis à la disposition des femmes. Vous avez commencé avec un million. Il n’y a pas d’intérêt dans le remboursement. Comment faites-vous pour constituer votre budget qui va croissant?
En effet, la première Edition avait été placée sous le signe de « Être et Agir Ensemble » – EAE, et avait ciblé quelques 10 bénéficiaires pour un montant global de 1000 000 FCFA. Puis, nous sommes passés à 5 millions pour 77 Associations bénéficiaires ; ensuite 8 millions pour plus de 150 Associations ; Enfin la 4ème Edition avec un montant de 10 millions octroyés à plus de 200 Associations. Nous souhaiterions faire plus, on va se mobiliser d’avantage, car la demande dépasse largement l’offre. Le Comité Scientifique de l’EAE qui se penche sur les demandes arrive difficilement à départager les Associations en mettant en avant des critères tels : avoir une existence légale ; avoir adhéré à la FPU ; Adhésion à la Fédération ; démontrer d’un dynamisme et bon fonctionnement ; présenter une idée de projet précise, réalisable, chiffré, plan de localisation du siège…bref en fait juste pour amener les Associations à une approche de plus en plus « rationnelle ». Pour le moment le budget est constitué des contributions personnelles ainsi que des avoirs que la FPU a pu récolter de certaines des activités telles, la production et vente des Foyers Améliorés dans le cadre du Projet DRUFAPE Développement Renforcement de l’Utilisation des Foyers Améliorés Protection de l’Environnement dont elle avait bénéficié du FSD. Nous allons lancer un appel à contribution à tous les bienfaiteurs « Amis » des Puakone pour avoir beaucoup à mettre à disposition aux Associations qui, jusqu’ici ont démontré une aptitude exceptionnelle de gestion parcimonieuse au bénéfice de tous.
Toutes vous appellent “Notre maman”, car disent-elles, vous avez ouvert les yeux à la femme du Noun. Comment expliquez-vous cela?
En Afrique en général et au Cameroun en particulier, les femmes, sont appelées « Maman », « ma Mère »…N’est-ce pas révélateur de la conscience de la place et responsabilité maîtresses de la femme dans la société ? Cela fait partie de nos valeurs à préserver et à capitaliser afin que la femme garde sa place souvent détournée ou accaparée. L’éducation est le meilleur investissement vers l’épanouissement de tous : nous avons, avec les femmes, fait beaucoup comme je vous l’ai dit plus haut dans le cadre de l’Université Puakone.
A côté des financement des microprojets, vous avez également invité à Foumban des médecins pour sensibiliser, consulter les femmes sur les cancers du sein et du col de l’utérus. Un bilan? A la 5ème édition, allez-vous poursuivre dans cette lancée?
Nous venons de célébrer la JI de la Femme Rurale, le 15 octobre et, à l’occasion, deux dynamiques dames Personnes Ressources de la Dynamique Citoyenne des Femmes ont accepté de venir entretenir les Dames sur les Droits Successoraux des Veuves et le « Confiage » des Enfants. C’est une culture de l’Université Puakone qui a pour principe de programmer à l’occasion des Rencontres des séances de Renforcement des capacités ou d’Éducation dans tel ou tel autre domaine prioritaire de l’heure. Comme Institutions invitées nous pouvons citer, entre autres, des hôtes de marque tels l’ACMS (Association Camerounaise pour le Marketing Social), l’ONG WAA CAMEROON…. Qui ont échangé avec les femmes sur le Planning familial et sur les conséquences du mariage précoce de la jeune fille, Malaria No More…
Nous avons eu l’Ambassadrice d’Israël une fois qui était venue entretenir des femmes dans le domaine de la restauration et nous avait laissé des Recettes Israélienne …Cette fois ci- nous étions honorés d’avoir le RESOS Cordonné par le Dr ATENGENA, ne l’oubliez pas, la Communauté Internationale a consacré le mois d’Octobre à la lutte contre le Cancer du Sein et du col de l’Utérus. « Octobre Rose », était une grande rencontre de sensibilisation et de dépistage.
Vous avez également offert et inauguré une maison de la femme Puakone à Foumban. Pouvez-vous en parler ici?
Les femmes l’ont dit : la FPU est adulte, elle a désormais « sa maison ». Encore une analogie culturelle humaine : construire sa maison reste un signe d’émancipation. Cette maison des Puakone est un local en plein centre-ville, qui nous a été octroyé par le grand Ami des Puakone le Dr Adamou Ndam Njoya, pour permettre aux Associations PUAKONE de développer leurs activités de Crédit Solidaire Social sans attendre les Assemblées Générales. Les Puakone lui sont reconnaissants en priant Dieu de leur permettre à partir de ceci, de pouvoir un jour, au sommet d’une Colline de la Région, avoir une Fondation pour ses nobles activités.
Qu’en est-il de la Puakone Radion and communication?
Monsieur Dassi, je ne saurais en une ou deux phrases vous parler de la PRC ! cela fera l’objet si vous voulez d’un prochain article. Retenons juste que justement cette Radio est l’une des réalisations de la FPU, à une époque où la Radio Communautaire offerte à la Ville de Foumban par l’UNESCO avait fait l’objet d’un détournement et accaparement…Quand bien même, avec les contributions récoltées des bonnes âmes nous avions réussi à faire venir les équipements à une époque précurseur, quand ce n’était pas donné, il a fallu que les Puakone organisent une marche pacifique pour demander l’ouverture de la PRC qui avait été fermée pour des motifs arbitraires…Quel gâchis et perte de temps ! La PRC est l’une des Radio pionnière de Foumban et sa Région ayant privilégié dans son cahier des charges, l’éducation des populations.
Certaines langues disent à Foumban que vous êtes une araignée. Vous tissez votre toile quand les autres dorment. Qu’en dites-vous?
Je ne réponds pas souvent à « certaines langues » sauf quand elles signent, alors, je leur parle face à face.
Cependant, je vous dirai que l’Araignée, dans la Culture Bamoun des Symboles inventés par le Roi NJOYA est le signe du TRAVAIL. J’encourage tout le monde à se mettre au travail pour un Monde Meilleur…
Est-il possible d’étendre ce projets louable sur toute la région de l’Ouest et pourquoi pas sur tout le Cameroun?
Je vous rappelle que nous avons des Associations qui sont implantées à Yaoundé à Douala, ailleurs au Cameroun qui ont adhéré à la FPU. C’est une question d’engagement au respect des principes qui nous guident, et nous partageons, mutualisons.
Les prochaines élections: législatives, municipales et régionales. Possible de vous imaginer des ambitions régionales?
Je croyais que quand on parlait « d’ambition » cela renvoyait à un statut au-dessus ou amélioré en tout cas. Je suis Député de la Nation depuis deux Mandat et vous me demandez si j’ambitionne revenir servir au niveau de la Région ? Bon cela va dépendre peut être des échelles de valeurs…
Pour ma part, à tous les niveaux, même du Camerounais sans mandat électif, il est question de bien faire ce qu’on à faire, là où l’on est, en mettant au centre des préoccupations l’être humain.
Je vous remercie.
(*) La rédaction & LE MESSAGER du 28 Octobre 2019