Hon Tomaino Ndam Njoya : “C’est à Njinka que le Successeur du Roi Njoya, en la personne de Njimoluh Seidou a été intronisé”
Présentant à ses hôtes l’espace culturel de Njinka Place, le Maire de Foumban a fait un voyage dans l’histoire profonde du peuple Bamoun. Ci-dessous, le discours de Tomaino Ndam Njoya a l’occasion de : Eid Al-fitr, célébration de clôture du saint mois de jeune, Jeudi le 13 Mai 2021
– Monsieur le Préfet du Département du Noun avec toute la grande Délégation qui vous accompagne ; Monsieur le Sous-Préfet ; Monsieur Ayman Nur Huda Njimonkouop Mabafon ; Hon. Députés ; Messieurs les Maires du Syndicat des Communes du Noun ; Distingués Invités ; Notabilités Religieuses, Traditionnelles de Njinka en commençant par Neh Manouore, Na Nfon, Matis, El Hadj, Hadjas ; Responsables Politiques ; Responsables des Organisations de la Société Civile ; Puakone, Diaspora ; Club de Veille Sounsoun ; Association des Femmes des
Responsables Politiques ; Chers Imams de la Mosquée Centrale de Njinka ; Membres de l’Association pour l’Éthique Islamique de Solidarité entre les Croyants et dans la Société à travers les Œuvres et la Recherche des Connaissances, AEISOC ; Mesdames et Messieurs ; Chères populations de Foumban et sa Région ; Bonne Fête à tous, Merci à Dieu de nous permettre de vivre ces instants heureux de réjouissances.
Aujourd’hui nous sommes avec nos autorités administratives ; Nous savons aussi, avec l’esprit de nos parents, frères et sœurs rappelés à Dieu depuis la dernière célébration : Nous continuons de prier Dieu de les ménager auprès de Lui. De même que nous Lui demandons de nous Éclairer sans cesse ; nos enfants ; nos conjoints ; nos amis ; nos voisins ; les dirigeants de ce monde, en commençant par les dirigeant de notre Département, de notre Ville, Foumban. Puisse la Pandémie du Covid-19 prendre fin. Restons respectueux des mesures barrières ;
Puisse la Paix et la prospérité régner a Njinka, dans tous les quartiers et villages de Foumban, toutes les Communes du Noun, la Région de l’Ouest, toutes les Régions, le Cameroun, l’Afrique le Monde. Ce Jeudi 13 Mai, nous nous retrouvons dans cette Cour, pour la deuxième fois, selon la tradition que nous a léguée le Dr Adamou NDAM NJOYA : pour célébrer la Bonté du Divin, la Beauté de la Vie, possible par les Hommes à l’image de Dieu, Solidaires, Aimants, Généreux, tolérants.
Bonne Fête de l’Ascension à la Communauté Chrétienne de Foumban, du Cameroun et du Monde. C’est encore un miracle divin que les deux Fêtes puissent se célébrer le même jour. C’est l’occasion comme il est de tradition, de passer en revue rapidement l’état des lieux politico socioéconomique et culturel, sportif environnemental :
• Nos Conseillers Régionaux seront en Session du Vote du Budget du Mercredi 26 au Vendredi 28 Mai Prochains.
• Nos Conseillers Municipaux en ce qui les concerne, sont en préparation, en Session ou après vote des Comptes Administratifs de leurs Mairies.
• Nos Députés quant à eux, observent une pause après leur déploiement sur le terrain au sortir de la Session de Mars 21, dans le cadre de la mise à disposition des Microprojets.
• L’incident malheureux de Foumbot du Lundi 3 Mai reste choquant, cependant, en avons appelé chacun à prendre ses responsabilités pour éviter ce genre de situation extrême : notre position communiquée ainsi que la Conférence de Presse donnée par le Maire de Foumbot sont sans équivoque.
• Notre Parti politique, l’UDC a, parce que préoccupé par le sujet, participé au Colloque des 5-6 Mai au Palais des Congrès sur les discours de Haine Xénophobie organisé par la Commission Nationale du Bilinguisme et du Multiculturalisme et dont nous pensons que le lit est creusé par toutes les sortes d’injustices sociales, d’inégalités, d’exclusions, de discriminations, d’abus d’autorité, et même de mauvaise organisation des élections dont nous sommes responsables et dont nous devons nous en garder.
Sur la question électorale, vous le savez, depuis le 31 Mars dernier, nous sommes engagés sur une Plateforme avec des Partis politiques, Société Civile, des personnalités et des citoyens quant à la réforme du Système Électoral. Comme il a de même été à chacune de nos rencontres ce grand jour, et suivant notre pratique avec notre Mentor, ce sera l’occasion d’une réflexion sur un thème, pour garder la concentration acquise avec le Saint Mois ; nous avons choisi un Extrait de la contribution du Dr Adamou Ndam Njoya à un Ouvrage Collectif sur le Pardon : “THE IMPORTANCE OF FORGIVENESS IN ISLAM, IT’S ROLE IN HUMAN LIFE” .
Il était question pour le lui de répondre à la question : DANS VOTRE TRADITION MUSULMANE, QUE SIGNIFIE- T- IL DE PARDONNER ?
« …Pardonner, c’est s’interroger et revenir sur un acte, une situation qui a touché, heurté une ou des groupes de personnes, toute une communauté. Avec l’acte de pardonner, on touche ce qui est très intime et vient pour rendre clair, propre, pur, dans la situation qui existait avant ce qui a conduit à pardonner, au Pardon. Ceci rapproche de ce que nous sommes et avons de par le Créateur. Percevant ainsi le Pardon, sa signification dans notre tradition est intimement liée au Divin, à ce qui est de Dieu, c’est-à-dire, ce qui est bien, pur, comme la Miséricorde Divine. Ainsi, l’être humain est cette dynamique continue, animée dans sa foi, inséparable de la prescription et de l’exaltation du Pardon par Dieu, enseignée par les voies divines révélés. Le Pardon, dans sa profonde signification, est l’invitation de Dieu pour poser des actes éloignant de tout ce qui est négatif, loin de Dieu. Le grand rêve étant d’être habité toute la vie par le Pardon.
Par sa Miséricorde, Dieu nous prescrit le Pardon pour nous situer dans la voie et nous empêcher d’être amenés à poser des actes qui, après coup, interpellent pour demander pardon ; c’est à dire la voie vers Lui avec Lui, qui est celle de l’amour, de la paix, du partage, du respect de l’autre dans sa vie, dans sa dignité, du bien, du beau, des concertations pour bâtir ensemble dans l’intérêt général et le respect de notre environnement pour tirer le maximum des richesses qu’il distille pour la vie. Les êtres humains, croyants ou pas, partout où ils se trouvent, sont dans l’obligation de partager un espace de vie, où ils doivent s’entendre et se comprendre. Celui qui croit en Dieu ne demande pas d’aller tuer ceux qui ne croient pas et, cela, quand bien même il n’accepte pas l’autre. On peut bien arriver dans la vie à imposer sa vue à d’autres mais il arrive un moment où on ne peut plus le faire.
Ainsi est-il clair que le Pardon, Acte de Piété, Miséricorde, toujours s’affirme dans sa nature voulue par Dieu cultivant l’acceptation des différences, et appelant à ne pas dicter sa loi aux autres. Dieu ne Dicte pas, Dieu Pardonne, Dieu est Pardon. Dieu ouvre cette voie à ceux et celles qui la recherchent sans cesse la demandant à Dieu : Le Pardon demandé à Dieu. Les Anges implorent le Pardon, Muhammad implorant le Pardon de Dieu pour les hommes Dieu qui demande de ne pas implorer le Pardon pour les polythéistes qui ont à faire avec Dieu. Le Pardon de l’homme envers son semblable Muhammad qui Pardonne. Le Pardon de Dieu est demandé pour autrui… ». Bonne Méditation.
Monsieur le Préfet, le bonheur de la Grande famille Bantou Sounchefit qui vous accueille ce jour est à son comble : en effet, votre présence augure à n’en point douter, La « Nouvelle Ère » annoncée par le Dr Adamou Ndam Njoya, peu avant son rappel à Dieu, et qui va être notre fil conducteur pendant les 5 années à venir : L’Ère de la Liberté, de Responsabilité, et de la Contribution de tous…» Je suis tenue également, sous le contrôle de son Chef, de vous présenter cet « Espace Njinka Place ». Chargé de plus de 200 ans d’histoire des Bamoun, ce à travers la famille Njimonkouop, parmi celles des familles-piliers de la circonscription administrative dont vous avez la charge. La Famille Njimonkouop se rattache à la Dynastie des Rois Bamoun à deux niveaux de l’histoire ; En bref :
1- Le Chef de la Famille Njimonkouop est un Prince, fils du du Roi Ngouloure, le 9ème Roi de la Dynastie.
2- Beaucoup plus tard, une fille de Njimonkouop, Njapdounké va épouser le Roi Nsangou, le 16ème de la Dynastie, et le fils qu’elle aura, NJOYA sera le 17ème de la Dynastie.
3- Le Roi Nsangou meurt au champ de bataille, pendant la Guerre avec les Nso’o ; son héritier Njoya, qui est encore un enfant et le trône vont être protégés par sa mère, la Reine Njapdounke et son frère Njimonkouop Aboubacar – Oncle du Roi- jusqu’à la majorité de Njoya. Le Roi « Soleil » des Bamoun, le génie créateur qui construit le Palais actuel inspiré par le Palais du Gouverneur Allemand à Buea ; le Roi Njoya qui invente l’Ecriture SHUMOM ; crée des écoles ; invente le métier à tisser, développe l’artisanat…
Cette Cour de Njinka est « royale » pendant la minorité du Roi Njoya ;
4- Cette même Cour va de nouveau être « royale» – abrite les activités qui devaient avoir lieu au Palais – à la mort du Roi Njoya, mort en exil. Njinka va être le lieu d’organisation des cérémonies traditionnelles pendant les 3 mois que dureront les obsèques du Roi : l’Administrateur français ayant interdit toute occupation du Palais, dont le pouvoir est divisé en Chefferies Supérieures.
C’est grâce à l’intermédiation de Njoya Arouna, Njimonkouop, interprète, écouté des Français, devenu Chef de la Famille après son père Njimonkouop Aboubacar, que le Roi Njoya sera enterré au Palais ; C’est à Njinka que sera intronisé le Successeur du Roi Njoya, en la personne de Njimoluh Seidou.
5- Njinka accueille les hôtes de la Réunification en 1961 : les décisions sont prises à MADAGOU, la Maison du peuple située derrière, puis portées au public à la Salle officielle des réunions au Lycée actuel. Le Sénateur Njoya Arouna devient tour à tour, Ministre de l’Intérieur, des Finances, de la Justice, de la Santé, puis Vice-Président de l’Assemblée Nationale Fédérale.
Je vais m’arrêter là, Monsieur le Préfet, sur le point des traditions Bamoun, pour vous situer l’importance et le rôle joué par Njinka pour la survie de la Dynastie. J’aurais pu continuer en situant Njinka comme réceptacle de la démocratie dans les années 1992, lorsque le Dr Adamou NDAM NJOYA Président National de l’UDC devient le Chef de famille Njimonkouop après le Rappel à Dieu du tenant du Titre et Frère Mvessah Idriss. Depuis lors, Njinka Place réunit la grande famille BANTOU SOUNCHETFIT, qui définit la famille comme, «au-delà des liens du sang », la grande famille de tous ceux qui partagent et sont unis par les mêmes valeurs, celles de GHU-KONE-SAPPÈ : Amour, Solidarité, Intégrité, sous la Devise, PAR DIEU ET POUR DIEU.
Monsieur le Préfet, Chères Populations. Excusez-moi d’avoir été longue, vu l’importance accordée à nos hôtes, nous étions tenus de leur situer pour les rassurer, le lieu où ils se trouvent. Nous allons laisser le podium à présent aux manifestations de joie des Fidèles, qui vont défiler en chantant et scandant les Louanges à Dieu.
Je vous remercie pour votre attention
(c) Hon. TOMAINO NDAM NJOYA, mai 2021