Guerre économique : Entre stratégie et tactiques
Une analyse de Dr Momo Jean de Dieu, Président national du Paddec.
Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. Le regard des concurrents étrangers nous oriente, les égards des acteurs locaux nous accompagnent. Quand l’assurance collective renaît, le regard divers des concurrents étrangers tombe dans le respect. Réservoir de potentialités plurielles, terroir d’opportunités multiples, poussoir de compétitivité à l’heure du chamboulement du dessous des cartes de l’hyper-compétition mondiale, le Cameroun est une complexité dont la dynamique des forces vives de la nation et des mouvements de l’histoire de l’Afrique, participe d’une transformation essentielle des boulets de l’obsolescence programmée en leviers de rassemblement d’initiation. Le jour où la nation perdra ses différences, elle aura achevé son histoire. Revisiter notre rapport aux différences : une large palette de force et de mouvement pour inverser le déséquilibre en appui. Savoir transformer l’enfer en paradis.
On n’est pas en pole position, dans l’hyper-compétition en accélération, pour cause de nos inconvénients : la révélation de la réalité est l’essentiel le plus stratégique pour la décision, mais l’on donne la mesure de sa consistance lorsqu’on est capable d’affronter le destin sans nier le réel. Autrement dit, la première étape de la guérison, c’est d’admettre qu’on est malade. Un grand chamboulement, avec le courant de l’inattendu, se profile à l’horizon. L’inattendu ne possède pas d’agenda. L’orient éternel adviendra un jour autre qu’aujourd’hui.
Actuellement, il s’agit d’user et de jouir de l’axiome politique d’incomplétude à exercer, en totalité inachevée, le droit à l’affrontement collectif au destin commun. Aucun ensemble ne peut s’accomplir de lui-même sans élément extérieur. Le corps économique fatigué, le cerveau stratégique étourdi, tandis qu’au contraire nos principaux concurrents économiques, saccadant leurs stratagèmes, d’eux-mêmes nous poussent en avant et nous font presque bondir. Les positions économiques stratégiques ne sont jamais acquises ; il est, en ces matières, de toujours se renouveler : l’invention passe certainement par le bricolage. S’informer sur la culture, la stratégie, la finalité des positions de nos principaux concurrents économiques, est un pas ; mais il reste le chemin à faire.
Etablissons un distinguo entre la stratégie et la tactique. La stratégie a pour essentiel, la mise en planification de tous les éléments susceptibles de participer à un affrontement avant qu’il ne se produise ; tandis que la tactique consiste essentiellement à conduire l’ensemble des combinaisons de moyens pendant l’affrontement. Autrement dit, la stratégie est à la tactique, ce que le haut-de- forme est à la casquette. L’art de mener une bataille économique, revient à combiner par des manœuvres l’action des différents moyens de l’hyper-compétition et l’effet de fluctuation des parts de marché, afin d’obtenir un résultat déterminé. Les tactiques de pourrissement, d’encerclement, d’enfermement, de mouvement, sont aussi des manières de compétir elles-mêmes durant la bataille économique. Et la Nation se voue à l’affrontement des inévitables compétitions. Elle recherche, inlassablement, des accommodements d’équilibre aux offensives et aux défensives du « Grand Capital ». Elle s’attache à utiliser le pont et la porte, et à combiner ses mouvements à ses forces propres. On change une tactique qui perd. La tactique de l’homme du Renouveau, à dire le vrai, c’est d’être perspicace sous un petit air bonasse. Le point faible de la tactique du pourrissement est que de nombreuses questions essentielles restent sans réponse – l’inflexibilité des termes et des moyens de l’échange d’un marché fluctuant – la tactique n’est pas l’art de se faire demander comme grâce ce que l’on brûle d’offrir. La stratégie, c’est décider de combiner des positions concurrentielles défendables et durables ; et la tactique, c’est décider de la manière dont on mène l’affrontement à la résistance en vue d’atteindre des sauts créatifs. La Nation, à certains moments, peut changer de stratégie et de tactique mais jamais de principes. L’hyper-compétition, désormais, se joue au jour par jour. Puisque la montagne ne vient à nous, allons à la montagne. Et puisque le bonheur ne vient à nous, allons au bonheur.
Le côté original, de l’air du temps en parturition, réside dans la capacité de force et de mouvement que l’on peut initier par de simples actions. La Nation peut ici bouger verticalement et horizontalement à travers les évènements qui se complexifient davantage au fur et à mesure que se dévoile le dessous des cartes, de l’affrontement collectif au destin commun. On y trouve des puzzles géoéconomiques, mais aussi des labyrinthes géopolitiques et des éléments interactifs et rétroactifs. (Qui savait que l’Ukraine produit du Blé ? Ou que pour le vendre il faut passer par la Russie ?). Chaque initiative collective repose sur une planification organique des positions économiques de nos principaux concurrents, mais aussi du contexte, de la conjoncture, et des procédures qui nous entourent. La liberté est une imposture puisque nous sommes interdépendants. Si l’assimilation aux conventions très tenues est notre première arme, nous pouvons nous octroyer quelques pouvoirs spéciaux des rassemblements d’initiation par la suite.
En partie, il est du moins légitime un rassemblement d’initiation parvenant à conduire la Nation, sans compter que « le monde libre » impose « la vérité unique du nouvel ordre mondial » , ardue ainsi que des normes et niveaux secrets à dénicher ( les USA sanctionnent les pays qui entretiennent des relations avec la Russie. Par ailleurs, pourquoi l’Afrique n’est-elle pas représentée au conseil de sécurité des Nations Unies ?). Concernant l’incandescence néo-rétro de qualité qui s’accompagne d’effervescence originelle du bel effet recherché : il est un ensemble d’actes par lequel l’originalité nationale assume les valeurs qu’elle a choisies et donne, grâce à ce libre choix, un sens à un excellent engagement collectif qui vaut largement une exigence historique demandée. Dans les épreuves décisives, on ne franchit correctement l’obstacle que d’affront.
L’innovation tactique a de quoi surprendre, mais force est de relever qu’elle s’est avérée payante, notamment pour la Chine face au Grand Capital. Très présente dans l’affrontement collectif au destin commun, la Nation réalise un match plein contre le développement du sous-développement. De plus, l’optimisation des combinaisons utilisées par la stratégie nationale convient pertinemment aux enjeux actuels. Autant d’éléments qui poussent la fierté à féliciter la Nation sur l’expérience collective de la résilience avérée. Pour le coopérant, il est clair que cette nouvelle donne est riche d’enseignements pour reconquérir des positions perdues. Une rubrique nouvelle d’informations stratégiques nous présente, sous d’autres angles de perception, certains aspects tactiques de l’hyper-compétition ambiante, pour nous aider à mieux comprendre ce qui se déroule sur le théâtre de la guerre économique : l’état authentique du dessous des cartes, le flux et le reflux des marchés, par segment par acteur, type, procédure, canal d’échange et contexte ; pour évaluer en outre, les canaux de négociation, les défis, les ouvertures, les moteurs, les exemples passés, la scène de conflit et le cadre normatif ; par l’utilisation claire et la formation tactique pour la production efficace, la transformation féconde, la distribution garantie, et l’exportation augmentée. Une analyse détaillée des enjeux actuels, contribue à la compréhension des rapports entre la section formelle et la section informelle de l’hyper-compétition, le secteur privé (locaux, étrangers, multinationales et transnationales) et le secteur public (institutions nationales et internationales) de la scène économique, la puissance populaire et le pouvoir politique de l’engagement républicain ( le pouvoir politique ne doit pas rompre le lien avec la puissance populaire au risque de créer une niche des extrêmes). Un accent est porté en outre, dans le cadre de la guerre économique, sur la base des revenus et du volume d’échanges, à la compréhension des variations concomitantes de la dynamique de l’hyper-compétition ainsi que les principaux facteurs opérant dans le chamboulement économique. Le rapport sur les changements d’état des marchés, sert les approches clés des entreprises camerounaises pour leur donner des informations sur la nature, la taille et la part de marché à conquérir.
Les législateurs et les régulateurs africains ne sont pas encore passés à une nouvelle étape dans leur bataille pour limiter le pouvoir des multinationales et des transnationales. Alors que les peuples sont depuis longtemps à l’avant-garde de l’utilisation des lois antitrust existantes et de l’imposition de pénalités contre les manœuvres – l’optimisation fiscale – du Grand Capital, des activistes affirment maintenant que ces tactiques ne sont pas allées assez loin pour modifier le comportement des multinationales et des transnationales. C’est la nuit du droit, dès que les normes sont à géométrie variable. Les crises provoquent un effet « cliquet », c’est-à-dire qu’on revient à ce qu’on avait cru dépassé. L’essence de la stratégie est le choix d’accomplir ses activités d’une manière différente de celle de ses concurrents. Que la stratégie soit pertinente est un fait, mais la Nation n’oublie pas de regarder le résultat. La Nation qui est habile en stratégie, ne gagne ni renom pour sa ruse ni récompense pour son courage. Ce qu’Anatole France appelait stratégie, « consiste essentiellement à passer les rivières sur des ponts et à franchir les montagnes par des cols ». Le refus de l’impossible traduit l’ambition à la hauteur des enjeux. Autrement dit, par l’homme du Renouveau politique : « impossible n’est pas camerounais ». Mise en relation des informations ? Bien sûr, et même utilisation de cette mise en relation comme arme stratégique. Les idées audacieuses, dans la guerre économique, sont comme les pièces qu’on déplace sur un échiquier : on risque de les perdre mais elles peuvent aussi être l’amorce d’une stratégie pertinente. Les réseaux sociaux sont le produit d’une combinaison unique de stratégie militaire, de coopération médiatique, d’innovation contestataire (Nous devons avoir l’audace de toucher le réel sans nier les évidences). Mépriser son adversaire même petit et frêle est toujours une faute stratégique. Le rassemblement d’initiation est au centre de toutes les stratégies de construction du présent : c’est un enjeu national, un des grands défis de l’hyper- compétition économique. Il n’y a pas d’enfant dans le cybermonde. Il n’y a que des copies. A l’instar d’un contre la montre la célébrité peut se gagner en quelques secondes ; la réputation en revanche est un marathon qui exige de prendre le temps comme allié. Autrement dit, dans les grandes actions, le temps est un essentiel.
Comment s’assurer du respect des règles et des consignes ? Comment passer de la croyance à la connaissance ? Comment transformer un boulet en levier ? Le comportement des uns influence celui des autres. Combattre quelque chose de mauvais sans supprimer son inconvénient, dissimuler une difficulté ou lui donner une apparence favorable, ne contribue certainement pas à l’affrontement collectif au destin commun, et pallie l’ignorance par des airs entendus. Quand on fait tout bien, on n’est pas sûr d’y arriver ; mais quand il manque quelques éléments essentiels, on est sûr de ne pas y arriver. Plus de résilience, plus d’intelligence collective et plus de lien social ! Une part de notre stratégie, non moins importante, est faite à l’étranger proche – les pays limitrophes. La Nation est une voie de rassemblement jusqu’au-delà des frontières. Grâce à la stratégie, on trouve la distance entre l’émotion collective et l’action commune. Tout ce qui rassemble, doit rassembler pour le Cameroun. Les idées arrivent avec les voyageurs pour aller, frayer dans les eaux où ils sont nés. Aucun peuple n’épuise ni ne résume le génie humain, disait Jacques Chirac. Le génie ne doit pas être mis au service de l’excès.
Dans la guerre économique, il n’y a de plus important que décider : la Nation décide d’affronter collectivement le destin commun. La guerre reste une complexité avec ses peurs et ses espoirs. Les lieux sacrés de l’étalon qui monte « le monde libre » sont : le marché et la banque. La remise en place des pièces d’un assemblage, la rectification de la position qui s’écarte de la trajectoire programmée, l’optimisation de la stratégie nationale en fonction des changements, consistent notamment à conférer de nouvelles démarches à conduire l’affrontement collectif au destin commun. Le fait d’ajuster une pièce à la place qu’elle doit occuper, le fait d’établir des relations fécondes, des liens efficaces en un lieu commun, en vue d’une cohésion d’ensemble, participe du façonnage permanent d’une cohésion d’ensemble élargi à l’Afrique et, par extension, contribue à la mise en relation de plusieurs dimensions par modelage, assemblage, moulage, polissage etc.
De tous les actes, le plus incomplet est celui de construire. Inventer une émergence n’est rien. La construire est un début. Emerger c’est tout. Forces de cohésion, forces en communion pour répondre aux exigences du temps présent !
(c) MOMO Jean de Dieu,
Président National du PADDEC