Guerre de leadership : Le parti de Maurice Kamto dans l’impasse !
Depuis la détention de son président, le mouvement pour la renaissance du Cameroun est dans la débandade totale. Le parti fait face à une guerre de leadership sans précédente qui oppose certains membres du directoire.
Un communiqué signé du secrétaire général ce 1er Avril 2019 suspend la marche de contestation et des revendications du 06 Avril, fixant une nouvelle date pour la marche du MRC. Ceci n’est pas un poisson d’avril, mais une réalité. Me Ndong Christopher vient de faire valoir à nouveau sa personnalité au sein du parti de la renaissance, qui brille de plus en plus par une sorte d’anarchie. À l’image de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et son bicéphalisme habituel, on a du mal à savoir qui dirige le MRC aujourd’hui, en l’absence de son président national, le professeur Maurice Kamto, en détention depuis la marche du 26 janvier 2019, à la prison centrale de kondengui à Yaoundé.
La semaine dernière, en effet, au cours d’une conférence de presse tenue à Yaoundé dans la capitale camerounaise, l’un des vice-présidents du MRC, en l’occurrence Me Simh, annonçait une marche pour le 06 Avril prochain à travers le triangle national. Mais curieusement, contre toute attente, c’est le secrétaire général du parti qui vient de surseoir cette marche du 06 Avril par un communiqué portant manifestations publiques, qui invite les militants plutôt à sortir le 13 Avril. “Suite à sa réunion du 31 mars 2019, le Directoire, instance dirigeante du parti, a décidé de l’organisation de manifestations publiques le samedi 13 avril 2019 de 10h à 18h à travers le pays (et non le 6 avril comme annoncé jeudi dernier). Par conséquent, je vous instruis de veiller à déposer les déclarations de manifestation dès mardi 2 avril 2019. L’objet des déclarations est la redynamisation de nos activités. Cependant, lors de ces meetings, nous allons demander avec force la libération immédiate du 3eme président élu Maurice Kamto, nos alliés et
militants, dénoncer la modification sélective du code électoral en demandant encore une fois la réforme consensuelle du code électoral avant toutes élections, et le cas échéant exiger l’organisation des
Municipales avant les Régionales, nous allons dénoncer la gabegie des
fonds publics liés à l’organisation de la CAN”, a-t-on pu lire dans cette correspondance signée ce lundi, 1er Avril 2019, et adressée aux responsables des démembrements du mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), sommés cette fois de respecter la légalité, c’est à dire, procéder par des déclarations des manifestations publiques
Mais qui dirige donc au MRC ?
La sortie ramenant à l’ordre et de manière très subtile Me Simh n’est pas un premier acte du genre que pose le SG du parti à l’espace d’un mois. On se souvient qu’une marche avait été annoncée en grande pompe le 17 Mars dernier dans la capitale camerounaise par une clique des communicateurs du MRC dont Boris Berthelot et les autres, marche qui avait été suspendue par Christopher Ndong qui faisait savoir dans cette sortie musclée qu’il était le seul habilité à prendre les décisions au nom du parti. En déprogrammant la marche annoncée par son collègue Simh Emmanuel, Christopher Ndong voudrait-il passer le même message à ce dernier ?
Toutefois, ceux qui ont une petite connaissance de l’histoire du Cameroun savent que cette initiative de marcher le 06 Avril était trop osée. Une date triste dans l’histoire du renouveau qui rappelle le coup d’État manqué du 06 Avril 1984. Organiser une marche de contestation ce jour s’apparenterait à une provocation, susceptible de remuer le couteau dans une plaie qui a eu du mal à se cicatriser
Cependant, des voix se lèvent pour interroger où est passé Mamadou Mota, ce vice-président qui avait été présenté comme remplaçant statuaire du président Kamto en cas d’indisponibilité. Depuis son passage sur le plateau d’équinoxe TV au mois de février, il est quasi introuvable sur le terrain, lui qui avait pourtant passé un message clair à la jeunesse, le message de la résistance. Annoncé à Bafang dans le cadre d’une opération de réconfort aux familles des marcheurs du 26 janvier en détention à la prison centrale de Yaoundé, il n’y mettra pas pieds. Toute chose qui avait suscité autant de questionnements. À l’allure où vont les choses, le MRC risque de subir le même sort que le parti historique du Cameroun, l’UPC, victime de l’égoïsme exacerbé de certains
Sébastien ESSOMBA