Les participants à cette première édition du forum national des APAC des forêts sacrées louent l’initiative et voient désormais l’avenir autrement. La Fondation Fidepe reçoit l’onction des chefs traditionnels pour conduire à terme le plaidoyer.

Les lampions sont éteints ce dimanche, 10 décembre 2023 à Bafoussam, chef lieu de la région de l’Ouest, sur la première édition du forum national des APAC des forêts sacrées du Cameroun. Placée sous le thème : « Conservation de la biodiversité des APAC des forêts sacrées par la sécurisation foncière collective et la gouvernance des ressources bioculturelles », cette première édition du forum national des aires du patrimoine autochtone et communautaire (Apac) des forêts sacrées du Cameroun, est une initiative lancée il y a de cela quelques mois, notamment le 30 septembre 2023, dans l’optique de regrouper les étudiants, le milieu universitaire, les leaders traditionnels (notables et chefs supérieurs, qui sont les gardiens des Apac) ainsi que les organisations de la société civile et le monde des médias. Objectif, avoir une vision commune sur la question des forêts sacrées au Cameroun. “Nous constatons qu’à travers le monde entier, il y a un combat qui est mené pour la préservation de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques. Malheureusement, les communautés locales sont souvent mises de côté, alors que ce sont les premières victimes des graves désastres que connaît la nature. Tous les jours on parle de foresterie à travers le monde, en ignorant les notables, les leaders communautaires, les populations à la base, pourtant ce concept est né de nos communautés”, indique Clovis Koagne, coordinateur de la Fondation Fidepe qui porte le projet.

PROMOUVOIR LA GESTION DURABLE DES AIRES DU PATRIMOINE AUTOCHTONE ET COMMUNAUTAIRE !

Le forum national des APAC des forêts sacrées du Cameroun ambitionne, à en croire ses organisateurs, de créer un cadre d’échange pour promouvoir la gestion durable des aires du patrimoine autochtone et communautaire au Cameroun en valorisant les forêts sacrées, d’éveiller la conscience environnementale des parties prenantes sur les menaces, les besoins, les acquis et les opportunités des APAC afin de renforcer et soutenir convenablement les capacités d’autodétermination des peuples autochtones, communautés locales et de la société en générale, de vulgariser les travaux de recherches disponibles pour favoriser une meilleure compréhension des enjeux de la sécurisation foncière collective et la conservation de la biodiversité des APAC de forêts sacrées, de créer un véritable cadre d’échange et de partage d’expériences traditionnelles et administratives entre les parties prenantes en vue de proposer et promouvoir des politiques de développement durable et de gouvernance des ressources bio-culturelles des APAC, d’évaluer le projet d’appui à la sécurisation et la conservation des aires du patrimoine autochtone et communautaire de forêts et bosquets sacrés dans la Région de l’Ouest et de capitaliser les expériences pour une gestion durable, entre autres.

Parmi les intervenants à cette rencontre, sa Majesté Mvondo Bruno, chef de Minkok-Bityili par Ebolowa dans le Sud. Le Président en exercice du RECTRAD (Réseau des Chefs Traditionnels d’Afrique pour la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes de forêts), puisqu’il s’agit de lui, a réitéré les valeurs de ces forêts qui, selon ses explications, constituent des espaces mythiques et mystiques dont le caractère sacré n’est plus à démontrer. “Une forêt sacrée a ceci de particulier que c’est un lieu de conservation des savoirs traditionnels, un lieu où les savants traditionnels se rencontrent, un lieu interdit où il y a un certain nombre d’actions et d’articulations qui se passent à l’intérieur. C’est l’université, l’école, le laboratoire, la pharmacie, la clinique, le centre hospitalier de référence du village. C’est un tout constructif qui tient le village, qui est le socle du village. Les valeurs d’une forêt sacrée sont les valeurs spirituelles, des valeurs cultuelles. La spiritualité ou alors ce qui n’est pas physique, est ce qui en réalité conditionne le physique. Et la forêt sacrée est là justement, pour d’abord nous permettre de connaître ce qui est immatériel et puis de maîtriser le matériel”, a-t-il déclaré.

DE L’IMPLICATION DU CONSEIL RÉGIONAL DANS LE PROCESSUS

Durant deux jours d’atelier de Bafoussam, plusieurs thèmes ont été exposés : préservation des forêts sacrées dans la Région de l’Ouest Cameroun: expérience du COBALAM ; Analyse des menaces, besoins, acquis et opportunités ainsi que l’influence et l’implication des parties prenantes dans la protection des forêts sacrées ; Problématique des forêts sacrées au Cameroun: le cas des forêts de l’Ouest Cameroun ; Valeurs mal Connues des forêts sacrées de la MIFI : le cas spécifique de celles de l’Arrondissement de Bafoussam 2e ; Contribution des pratiques culturelles à la préservation de la biodiversité dans les forêts sacrées au Cameroun: cas de la Région de l’Ouest ; Accès aux ressources génétiques et partages des avantages (APA) pour la conservation de la biodiversité des forêts sacrées ; La réinscription des acquis traditionnels dans la société liquide: une lecture socio-anthropologique de la place des forêts sacrées à l’aune du diffusionnisme ; Diversité floristique et stock de carbone de quelques forêts sacrées des hautes terres de l’Ouest Cameroun: cas des forêts sacrées des groupements Bangangté et Balengou ; Diversité floristique, structure et stock de carbone des forêts sacrées de Bansoa et Baloum sur les hautes terres de l’Ouest…

Les participants au forum des acteurs de la conservation des Apac des forêts sacrées, remercient le gouvernement d’avoir ratifié les décisions et résolutions mondiales pour la promotion des Apac, remercient la Fondation Fidepe pour ses actions et invitent les uns et les autres à promouvoir ce travail sur l’ensemble du territoire national. Ils recommandent en outre de vulgariser les expériences de Fidepe avec le conseil régional, au sujet du vote de la délibération nº8 de la onzième session du conseil régional de l’Ouest, qui implique officiellement le conseil dans l’accompagnement des communautés dans la conservation des forêts sacrées.

Sébastien ESSOMBA