Émeutes de Foumbot : Procès à charge de Tomaino Ndam Njoya contre le système judiciaire Camerounais
La présidente de l’Union Démocratique du Cameroun (Udc), n’a pas été tendre dans sa déclaration officielle, au lendemain du triste incident de Foumbot.
La ville de Foumbot dans le département du Noun, a connu une journée particulièrement électrique le lundi dernier, 03 mai 2021. Un vendeur clandestin des produits pharmaceutiques, le prénommé Jean Louis, interpellé, jugé et condamné à trois ans d’emprisonnement ferme pour vente des médicaments illicites, a rendu l’âme de suite de maladie, alors qu’il était en détention à la prison secondaire de Foumbot. La dépouille de ce dernier, visiblement très connu dans la ville, va être récupérée par la population qui décide de le venger, prétextant qu’il est décédé du fait des autorités judiciaires de la ville. La dépouille va donc être exposée au lieu dit carrefour maquisards, perturbant ainsi la circulation. Tous les véhicules en provenance de Bafoussam pour Foumbot ou Foumban et vice-versa étaient obligés d’observer un arrêt face à une marrée humaine qui ne faisait que grandir au fil des minutes. De l’autre côté, les forces de l’ordre qui essaient tant bien que mal, de maîtriser la situation. Ce qui ne va malheureusement pas empêcher le pire. Notamment, l’incendie du parquet d’instance de la ville et la mort d’un manifestant âgé de 27 ans.
Des informations glanées sur le terrain indiquent que sieur Jean Louis de regretté mémoire, avant son incarcération, présentait des signes d’une maladie chronique qui lui imposait un suivi particulier. Mais seulement, une fois dans les geôles de la prison, ses tentatives d’obtenir l’accord pour aller se soigner dans une formation sanitaire ont été vaines, apprend-on. Ce qui explique la furie de la population qui voulait en finir avec le procureur de République qui, malheureusement, ne fait pas bonne Presse dans la ville la plus cosmopolite du département du Noun.
Bis repetita…
Loin sans faux, les agitations sociales enregistrées ce jour-là à Foumbot avait tout d’une revanche. Il ne s’est pas agi seulement de la mort d’un détenu en prison du fait des autorités judiciaires qui aura suscité le courroux de la population, mais d’une goutte d’eau qui aura fait déborder le vase. En réalité, d’après nos sources, les populations de la ville de Foumbot, très remontées contre le procureur Ombouda, avaient une dent contre lui et n’attendaient que la moindre occasion pour exprimer leur colère. Ce qui explique le degré de la violence enregistrée en un temps record. Il se trouve d’ailleurs que l’ancien sous-préfet dudit arrondissement, Manu Diguir, promu préfet du département du Mayo Danay à la faveur du dernier mouvement dans la préfectorale, avait effectué une sortie dénonçant ses exactions par voie de presse. Sortie qui, en son temps, avait fait le tour de la toile, notamment, un reportage réalisé par la chaîne de télévision DBS TV à l’issue d’une guerre fratricide à la carrière de Njimbouot 2. Il a été incompris malheureusement, puisqu’au dernier mouvement de la magistrature, ce même procureur a été maintenu. C’est donc les exactions à répétition d’un commis de l’État visiblement imbus de sa personne et prêt à tout pour installer un climat de terreur qui auraient poussé la population à la révolte.
Cependant, dans sa déclaration rendue publique quelques heures après l’incident de Foumbot, l’Union Démocratique du Cameroun (Udc) par la voie de sa présidente a condamné avec véhémence ces actes de violence et, en invitant les populations au calme, pointe un doigt accusateur sur la justice camerounaise, gangrenée par beaucoup de maux. “De tout temps, nous avons attiré l’attention des autorités compétentes, en l’occurrence, Monsieur le Ministre d’État, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de plusieurs cas enregistrés, et, analyses vite faites, d’une espèce de désaveu par les populations, du système judiciaire de l’arbitraire et du monnayage qui commence dans certains de nos commissariats et gendarmeries, jusqu’aux geôles, en passant par la gestion des gardes à vue, la détention et liberté provisoires, la décision de justice…” , indique Hon Tomaino Ndam Njoya qui ajoute : “Le rôle premier de l’autorité judiciaire est de faire respecter la loi et de sanctionner tous ceux qui ne la respectent pas ; en effet, dans un État de droit, la loi, le droit, est au-dessus de tous : gouvernés comme gouvernants. Il est urgent, à travers un déploiement de contrôles et mécanismes de transparence, voire des états généraux, de se rassurer du respect des principes et valeurs qui fondent notre Justice, sans lesquels aucune société ne saurait prospérer“. L’édile de Foumban et présidente par intérim de l’Union Démocratique du Cameroun, de ce qui précède, relève ainsi l’urgente nécessité de la tenue des états généraux de la justice à l’effet de solder certaines questions qui pourraient constituer une bombe à retardement dans la société camerounaise.
De la collaboration entre les autorités
Dès le début des manifestations, le Maire de la commune d’arrondissement de Foumbot, Njoya Inoussa, aura été parmi les premières personnes à intervenir sur le terrain. Il s’est donné à fond pendant des heures durant pour limiter les dégâts. Mais le gouverneur à son arrivée, l’aurait simplement ignoré. Ce qui a également été déploré par Tomaino qui estime qu’il est plus que jamais indispensable de revoir la collaboration entre les autorités administratives, judiciaires et municipales pour garantir la cohésion sociale. “Nous avons, dans le cas de l’espèce, suivi la descente de Monsieur le Gouverneur avec son état-major ; Monsieur le Gouverneur, lors de son adresse aux populations, a fait savoir qu’il a pris le soin de faire venir le « Roi » des Bamoun… « …qui va prendre la parole après moi… ». Et alors, quid de Monsieur le Maire de la Commune de Foumbot ?” , S’interroge-t-elle.
Pour l’heure, le calme est de retour dans l’arrondissement de Foumbot. Un calme précaire si rien n’est fait pour soigner les causes de ce problème. La solution cosmétique et la récupération politique ne serviront pas à grand-chose, sinon à envenimer la situation. En même temps, l’on attend la sortie du ministre d’État ministre de la justice garde des sceaux sur la conduite à tenir pour cette juridiction devenue l’ombre d’elle-même.
Sébastien ESSOMBA