Délinquance et violence en milieu scolaire : L’évangile selon saint Augustin !
Alors que l’actualité du jeune élève poignardé à mort la semaine dernière au lycée bilingue de Deido à Douala continue d’alimenter les débats, Augustin Ntchamande, Conseiller pédagogique et Consultant en éducation sort de sa réserve et exprime son indignation. Dans une tribune libre, il évoque de fond en comble les questions de délinquance et de violence en milieu scolaire, devenues monnaie courante dans notre société. Morceaux choisis !
“Ce que je crois”
Cet énième drame survenu à Douala, bien que regrettable, a ceci de positif qu’il vient, je le souhaite ardemment, réveiller les professionnels de l’éducation et de la formation que nous sommes
En effet, depuis que les organisations professionnelles des enseignants ont été affaiblies par les autorités ou par les enseignants eux-mêmes qui se contentent d’appliquer mécaniquement les “instructions de la haute hiérarchie” sans les questionner, il n’y a plus de cadre non institutionnel où on pense l’organisation globale de notre système éducatif pour proposer des alternatives aux décisions administratives et politiques parfois contre productives. Tenez:
Quand je parle de campus scolaires devenus des bombes, je n’exagère pas. Vous imaginez un établissement scolaire avec près de 10000 élèves (comme c’est le cas pour ce lycée théâtre de la tragédie récente), parqués parfois à 150 dans des enclos appelés salles de classe ?
Dans un système organisé où les syndicats jouent leur rôle, une telle situation ne devrait jamais exister. Qu’a-t-on fait des effectifs canonique ?
C’est cette promiscuité qui crée les facteurs criminogènes auxquels sont exposés durablement les élèves et qui finit par transformer des anges en démons. Ces prétendus élèves que je qualifie de criminels en tenue de classe sont clairement identifiés dans les établissements scolaires. Mais peu de responsable peuvent prendre le risque de les renvoyer. Alors, on les garde jusqu’à ce qu’un autre drame survienne
Je le répète. L’école n’est ni une prison ni un centre de rééducation. Si nous sommes d’accord sur ce postulat, alors faisons de sorte à aider les pouvoirs publics à comprendre qu’il y’a des conditions préalables pour que le processus enseignement/apprentissage ait tous son sens
A l’époque où les SAR/SM, les centres de rééducation, les villages pionniers étaient encore fonctionnels dans le cadre des politiques publiques, ces institutions absorbaient ceux des jeunes scolaires qui sortaient précocement du système éducatif formel. Ils étaient pris en charge par ces opportunités qui leur étaient ouvertes
Aujourd’hui, on se comporte comme si tous ceux qui entrent en 6è ou en 1ère année ne peuvent avoir qu’une seule option. Avoir à tout prix le bac, malgré les situations chroniques d’échec scolaire. C’est cette catégorie d’élèves en rupture de ban avec l’école qui doit être prise en mains afin de leur offrir de nouvelles chances qui leur éviteraient de sombrer dans la délinquance violente (drogues, vol, viol, meurtre)
Pour terminer, je réitère mon propos sur la démarcation à faire entre l’indiscipline qui peut être gérée par l’institution scolaire, les délits et crimes qui relèvent de la compétence d’autres institutions
Augustin NTCHAMANDE,
Conseiller pédagogique
Consultant en éducation