DOSSIER

Crise sociale : Le grand dialogue de Paul Biya ignore-t-il certains piliers du paysage camerounais ?

Acteur de premier plan de la tripartite en 1991 et figure de proue de l’opposition camerounaise depuis plus d’un quart de siècle, le Dr Adamou Ndam Njoya n’est cité nulle part parmi les personnalités dans le cadre des consultations en cours à l’immeuble étoile.

Annoncé le 10 septembre 2019 en marge de son adresse à la nation camerouanise, le grand dialogue national du président Biya se matérialise peu à peu, avec les consultations des personnalités de différents ordres et des associations. Le social democratic front (SDF) du chairman Ni John Fru Ndi n’a pas attendu que sonne l’alerte générale pour se saisir de la question. Au lendemain de l’annonce, une importante délégation de cette formation politique sous la conduite de son premier vice-président national et candidat à la dernière élection présidentielle, Joshua Osih a été reçue par le premier ministre chef du gouvernement, Dr Dion Ngute. Au cours de cette rencontre, le parti de la balance a fixé les préalables pour sa participation à ce rendez-vous historique de la vie de la nation.

Plus tard que lundi, 16 septembre, un calendrier a été rendu public par les soins des services de la primature, pour la suite des consultations des leaders politiques et d’opinions, traditionnels et religieux, et mêmes des organisations de la société civile. La principale curiosité de ce chronogramme rendu public reste l’absence de la formation politique que dirige le Dr Adamou Ndam Njoya. Notamment, l’Union Des du Cameroun (UDC), pourtant un des plus grands du Landerneau politique camerounais. Sur la liste des partis politiques cités, on a par exemple l’UNDP, l’UPC, le MRC, le FNSC, l’UDP, le MDR et l’ANDP. Des partis qui n’ont véritablement pas d’Assise politique, comparativement à l’UDC qui compte quatre sièges de députés à l’Assemblée Nationale, des mairies dans le Noun et des conseillers municipaux dans plusieurs autres métropoles du Cameroun.

Dans cette situation qui s’apparente à un mépris caractérisé, certaines personnes plus ou moins proches de la primature essaient de justifier, brandissant l’hypothèse de l’erreur. Qu’au lieu de UDC ils ont dû écrire UDP qui n’existe certainement pas. Mais la question qu’on ne saurait s’empêcher de se poser est celle de savoir pourquoi une telle légèreté dans une opération qui se veut très serieuse ? De l’avis de certains observateurs en tout cas, il s’agit d’une hypothèse non fondée, puisqu’à côté des partis politiques énumérés pour les consultations, il ya des leaders politiques qui ont été invités. Mais une fois encore, le Dr Adamou Ndam Njoya n’y figure pas. En dehors de Maurice Kamto qui est en indélicatesse avec la justice et Adamou Ndam Njoya qui n’a pas été cité pour des raisons non élucidées, tous les six autres candidats de l’opposition à la dernière présidentielle d’octobre 2018 sont conviés à ces consultations. Notamment, Cabral Libii, Joshua Osih, Garga Hamann Adji, Ndifor Afanwi Franklin, Serge Espoir Matomba et Akere Muna. À cette liste s’ajoute le cardinal Christian Tumi.

Au-delà de se définir comme le chantre de la paix au regard des actions menées à travers des organisations à l’international, le Dr Adamou Ndam Njoya, en tant que leader politique pétri d’expérience en matière de dialogue avec l’expérience de la tripartite de 1991, a incontestablement le profil de l’emploi pour le grand dialogue national. À moins de croire qu’il a été laissé à dessein pour jouer un rôle charnier à l’issue des consultations. Just wait and see !

Sébastien ESSOMBA

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