Crise de conscience : Que peut le comité de sages face à la décrépitude morale dans le Noun ?
Un comité vient en effet d’être mis sur pied pour mener une réflexion profonde sur la situation économique, sociale, politique et religieuse dans ce département gangrené par des pratiques peu orthodoxes.
Le département du Noun est l’épicentre des crimes rituels et autres pratiques immorales. Rarement il se passe de semaines sans qu’un fait divers de nature à heurter les sensibilités ne soit brandit à la face du monde. On évoque de manière récurrente de trafic des ossements humains qui consiste à profaner les tombeaux et à les vider de leurs contenus pour des fins mercantilistes. Une curiosité planétaire dans un département où la religion, notamment l’islam, semble être la chose la mieux partagée, et qui a toujours été depuis des lustres comme un modèle au Cameroun. À cela s’ajoute le trafic d’enfants devenu légion. Bref, ici, tuer devient une passion, à condition d’obtenir ce dont on a besoin pour s’offrir une vie de luxe et rouler carrosse.
Face à cette situation assez grave et embarrassante, des voix se lèvent pour dénoncer ce qui s’apparente de plus en plus dans le Noun à l’enrichissement illicite devenu monnaie courante. Le Noun étant l’un des rares, voire le seul département du Cameroun où à 20 ans, parfois un peu moins, et surtout sans emploi, un jeune illettré peu se vanter d’avoir dans son parking des véhicules hauts de gamme sans être inquiété. Ils friment en longueur de journée dans la ville de Foumban, non sans faire des victimes, ces petites filles innocentes devenues par la force des choses des objets sexuels au nom de l’argent. Qu’ils savent décrocher, ces gars!!!
Cependant, l’interpellation d’un groupe des jeunes Bamoun spécialisés dans la cybercriminalité par l’utilisation du nom de Samuel Eto’o Fils aurait été la goute d’eau qui fait déborder le vase. On se souvient de cette actualité il ya quelques semaines seulement et la détermination de l’ancien international camerounais d’aller jusqu’au bout pour traquer dans leurs derniers retranchements ces partisans du moindre effort. Dans cette affaire malheureuse, s’il y a une personne qui devait se sentir outré et exaspéré c’est bien sa majesté Ibrahim Mbombo Njoya. L’on sait pertinemment au-delà des autres considérations, le lien qui existe entre le monarque Bamoun et le pitchichi. Et lorsqu’un coup de cette nature vient de chez lui en direction Samuel Eto’o, il y a de quoi perdre le sommeil.
Il faut étouffer la gangrène
Toutefois, dans cette situation assez complexe, l’unique solution c’est de poser un diagnostic vrai et sérieux pour stopper la saignée. Le sultan, Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya aura finalement compris la nécessité d’agir et le rôle qui est le sien en tant que garant des traditions ancestrales du peuple Bamoun. C’est le sens à donner à l’importante réunion le 27 juin 2020 à Yaoundé, en présence des élites et forces vives du département du Noun, triées sur le volet. Il était question au cours de cette concertation de faire un diagnostic de la situation économique, sociale, politique et religieuse dans le département du Noun.
La résolution majeure au terme de plus de trois heures d’échanges aura été la mise en place d’un comité de sages qui devra aménager un comité de réflexion chargé de recueillir des avis, contributions, propositions, et solutions relevant de tous les domaines de la vie des populations du Noun. Le dit comité est composé de dix personnalités multi sectorielles, pour la plupart recrutées parmi les cadres de l’administration camerounaise et qui jouissent d’une certaine notoriété. Il s’agit notamment de Njiemoun Mama, Lamere Njankouo Daniel, Yap Abdou, Ndam Ndjitoyap Elie Claude, Ngambou Esaie, Njoya Zakariaou, Sankame Zouberou, Ngangoube Aminatou, Nsounchiat Fit Mama et Fochive Edouard.
Mauvais casting des membres
L’initiative du monarque, gardien des traditions ancestrales du peuple Bamoun est saluée par tous, bien que le casting de ses membres posent quelques soucis à certains qui estiment qu’il fallait intégrer de nouvelles figures pour impulser la nouvelle dynamique. Aussi, dans cette liste, on note malheureusement que l’instinct politique s’est beaucoup exprimé. Connaissant les réalités du département du Noun, on se demande par quelle alchimie les membres, entièrement du Rdpc pourraient aborder les militants de l’UDC, pourtant majoritaires. “Les acteurs choisis pour cette opération ne me semblent pas appropriés. Il faut sortir du clanisme et appeler la contribution de tout le monde pour un tel débat. Soyons clairs. Ceux que le Roi a choisi ont échoué dans toute initiative de doter notre département d’un vrai organe de développement digne de ce nom. Ils sont disqualifiés d’office. Depuis 50 ans on voit les mêmes visages qui ont souvent contribué à neutraliser les jeunes et à détruire l’image du département. Seuls deux ou trois dans cette liste des “sages” peuvent apporter une contribution acceptable. Le Noun ne manque pas de ressources humaines pour ce genre de chose il suffit de les valoriser”, s’indigne sous anonymat un confrère qui voit déjà en cette commission un échec cuisant.
En tout état de cause, il est clair que l’initiative du monarque dans son essence est à saluer malgré cette problématique du casting qui pourrait être finalement le problème camerounais, qui consiste à prendre les mêmes depuis des lustres, peu importe les résultats. Mais pour l’instant, la sagesse recommande d’observer le déploiement de cette équipe pour que le maçon soit jugé aux pieds du mur. L’essentiel étant de sortir le Noun de cette triste célébrité.
Houzerou NGOUPAYOU