Pourfendeur invétéré et reconnu du régime de Yaoundé, Djeukam Tchameni critique avec véhémence la sortie du député SDF qu’il qualifie de populiste. Une réaction mal digérée par Jean Michel Nintcheu.

La condamnation lundi dernier par le tribunal militaire de Yaoundé du prof Alain Fogué, d’Olivier Bibou Nissack et des autres militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), alimente les débats. Dans un communiqué rendu public au lendemain de cette condamnation, Jean Michel Nintcheu n’a pas été tendre vis à vis du pouvoir en place. Il a utilisé des termes insultant et outrageant pour dénoncer ce qu’il appelle “verdicts arbitraires et absurdes”.

“M. Alain Fogue et M. Bibou Nissack – injustement arrêtés alors qu’ils ne participaient même pas à la marche pacifique du 22 septembre 2020 –  viennent d’être inculpés plus d’un an plus tard par le tribunal militaire de Yaoundé sur la base des des motifs relevant des régimes totalitaires. Plusieurs autres militants du Mrc ont également écopé de peines effroyables entre  2, 5, 6 années de prison à la suite d’un simulacre de procès pour les mêmes motifs fallacieux par une justice aux ordres de M. BIYA, président du conseil supérieur de la magistrature. Face à cette cruauté judiciaire, ce cynisme inadmissible et cette monstruosité inacceptable, Lucifer lui-même n’est qu’un élève en apprentissage du mal”, a-t-il écrit dans ce communiqué.

À peine le communiqué publié sur son compte Facebook, la réaction de l’opposant Djeukam Tchameni ne s’est pas faite attendre. Il estime que le député Nintcheu est dans une logique de populisme sans fondement et ferait mieux de participer plutôt à la création du comité de libération. “Je n’ai pas besoin de créer un comité pour condamner les dérives dictatoriales du régime de M. Biya. Par ailleurs personne ne t’empêche de créer ton fameux comité de libération. Simplement j’espère que pour une fois tu seras sincère dans ton initiative”, répondit Jean Michel Nintcheu.

Face à cette réaction, l’opposant Djeukam Tchameni va enfoncer le clou. Il accuse Kamto et Nintcheu d’émarger dans la caisse du trésor public et donner l’impression de s’opposer contre le régime. “C’est ça même. Kamto et toi, vous émergez comme ministre et député et vous mettez en doute la sincérité de ceux qui n’ont jamais “bouffé”. Cherchez d’autres arguments. Les initiatives individualistes relèvent de l’opportunisme. Tu sais comme moi que les actions folkloriques menées par des gens qui recherchent le buzz ne servent à rien… Depuis 1997 vous bouffez à l’Assemblée et dans les mairies. Votre bilan c’est quoi?… Vous êtes une honte pour votre génération…”, se déchaîne Djeukam Tchameni.

Indépendamment de la décision de la hiérarchie de son parti le SDF, Jean Michel Nintcheu vient d’introduire une demande d’autorisation de manifestations publiques. Ces manifestations envisagées visent selon lui à exiger entre autres le retour de la Paix dans les régions du nord-ouest et du Sud-Ouest, la condamnation des entraves aux principes de Libertés… Une initiative qui selon certains analystes, confirmerait le caractère populiste du député, décidément très proche du MRC. Rappelons que Djeukam Tchameni, avant même la décision de justice condamnant les militants du MRC, s’était opposé fermement à la démarche solitaire du prof Kamto qui, au lieu de se rapprocher des autres forces politiques et de la société civile pour former un front commun pour la libération de ses militants, avait une fois de plus décidé de jouer seul contre le système. Un jeu qui était perdu d’avance.

Sébastien ESSOMBA