Face au mot d’ordre de désobéissance civile lancé par le Pr Maurice Kamto, l’ancienne députée des Hauts plateaux vient d’effectuer une sortie tonitruante à l’allure d’un recadrage.

L’actualité politique au Cameroun est marquée ces jours par une nouvelle sortie très controversée du Pr Maurice Kamto. Face à la Presse la semaine dernière à Yaoundé, le Président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), invite les citoyens à descendre dans la rue à l’effet de manifester leur ras le bol contre le régime Biya. Coutumier à ce type de sortie depuis la présidentielle d’octobre 2018, le Pr Kamto estime cette fois, au regard des prémices qui annoncent pour bientôt les élections régionales, qu’aucune élection n’est possible à l’état actuel au Cameroun. Il s’appuie comme ce fut le cas aux législatives et municipales de février 2020, sur la crise dite anglophone qui perdure depuis quatre ans.

Incongruités dans la démarche

La mise en place des conseillers régionaux vise à parfaire le processus de décentralisation déclanché depuis 1996. Telles les hirondelles qui annoncent le printemps, des signes avant coureurs indiquent la tenue dans un futur proche de cette consultation électorale. Ce que l’on retient en effet, c’est la différence avec les autres élections aux suffrages directs comme la présidentielle, les législatives et les municipales, ouvertes à tous les citoyens.

En effet, le collège électoral concernant les élections régionales est constitué essentiellement des conseillers municipaux. Or, le MRC n’ayant aucun élu après son boycott des élections législatives et municipales du 09 Février dernier, n’a pas droit au chapitre dans cette élection, sauf une volonté de nuire ou de susciter le débat pour exister. C’est donc une grosse incongruité que de menacer la tenue d’une élection à laquelle on ne peut participer. L’autre incongruité c’est le motif évoqué à chaque fois par le leader du MRC, notamment, la crise anglophone. Pourtant en 2018 en pleine crise du Noso, il avait candidaté pour la présidentielle.

Le nécessaire recadrage de Dr Fotso Fostine

La sortie du Pr Maurice Kamto n’est pas restée lettre morte au sein de la classe politique. Parmi les réactions les plus retentissantes, celle de l’Hon Dr Me Fotso Fostine. L’avocate au Barreau du Cameroun est montée d’un cran pour fustiger ce comportement à répétition de son frère. “Nul n’a le droit, sous aucun prétexte que ce soit d’ôter la Vie de l’homme, de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement. Un appel à l’insurrection est une caution, une incitation aux personnes non averties de se livrer à la mort. Qu’est ce qui peut amener un citoyen à pousser à l’insurrection ? L’humanité serait-elle en péril ? Aucun enjeu ne peut valablement justifier cela objectivement”, a écrit l’Hon Fotso Fostine.

Elle poursuit dans sa logique et indique que “les partisans du Chaos et du Néant, du moins ceux qui y incitent sont des personnes profondément égoïstes, voire narcissiques. Ils ne descendront jamais personnellement dans la rue, s’estimant prédestinés pour ramasser le pouvoir sur les cadavres de braves citoyens envoyés à la mort”, avant d’inviter les citoyens camerounais à une prise de conscience afin d’éviter de tomber dans le piège de la diversion. “Les Camerounais doivent rester lucides. En fuyant les gouttes de pluie qui leur apportent la fraicheur, ils ne doivent pas se retrouver dans l’océan. Sachons raison et sagesse garder. Certaines promesses n’engagent que ceux qui y croient. Nous devons nous défier de l’obstination du Pr. Kamto à s’accaparer du pouvoir au mépris de la vie humaine et de nos lois. Ça n’a que trop durer”, ajoute-t-elle.

Dans la vague d’indignations face à la sortie du Président national du MRC, celle de Dr Fotso Fostine a une portée singulière du fait de sa proximité “sociologique” avec le professeur. En réalité, dans ce genre de situation embarrassante pour le régime de Yaoundé, l’on se serait attendu à un lever de boucliers de la part des élites Rdpc des Hauts plateaux. Malheureusement, c’est un silence radio qui s’observe, on dirait une caution face à l’attitude du prof Kamto. Devant ce silence complice, Dr Fotso Fostine se démarque depuis le début. Militante convaincue et de première heure du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, originaire des Hauts plateaux et de Baham précisément comme Maurice Kamto, l’Avocate au Barreau du Cameroun s’insurge contre l’amalgame à répétition. Une posture qui consolide sa fidélité aux idéaux de son parti le Rdpc et son attachement aux valeurs de Paix prônées par le président de la République, Paul Biya.

Sébastien ESSOMBA