Anarchie : Le MRC à l’épreuve de la gestion du pouvoir
Peu après l’interpellation et la mise en détention du président du MRC, Maurice Kamto, ses militants sont dans la débandade totale. Entre invectives sur les réseaux sociaux et batailles de leadership, le parti est au bord de l’implosion.
Dans une de nos parutions il ya quelques jours, nous évoquions l’absence problématique de Mamadou Mota à Bafang. Le vice-président du mouvement pour la renaissance du Cameroun, annoncé dimanche dernier pour la rencontre de compassion aux familles des victimes de la marche du 26 janvier, en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé, le remplaçant statutaire de Maurice Kamto n’a pas daigné effectuer le déplacement. Une absence qui aura suscité moult interrogations.
Depuis son Passage en sur le plateau de Équinoxe TV, dans le cadre de l’émission “vérité en face” il ya pratiquement deux semaines, Mamadou Mota est introuvable sur le terrain politique. Des indiscrétions évoquent à tort ou à raison, l’existence d’un climat délétère entre lui et les autres cadres du parti, qui ont du mal à l’accepter comme leader, en l’absence du professeur Kamto.
Il ya quelques jours, un mot d’ordre lancé sur la toile invitait en grande pompe, les militants du parti de la renaissance à une mobilisation gigantesque le 17 Mars 2019 à Yaoundé, pour une ”marche blanche, pour revendiquer la libération de Maurice Kamto, les alliés et les militants du MRC”.
L’opération annoncée sur sa page par Boris Berthelot, l’un des agents de communication du parti et relayée par bien d’autres militants, annonçait des charters de Douala, Maroua, Bafoussam, Ngaoundéré, Edea, Bafia, Kribi, Bertoua, Njombe, Nkongsamba, Penja, Bafang etc, appelés à converger vers la capitale camerounaise pour une démonstration de force. Une initiative condamnée par le secrétaire général du parti qui, dans un communiqué, somme les initiateurs à la suspendre sans délai.
Le désaveu !
“Une certaine information circule actuellement sur les réseaux sociaux faisant état d’une certaine “Marche Blanche” qu’aurait programmé le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun en date du 17 Mars 2019.
Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun n’a programmé jusqu’ici aucune marche blanche pour cette journée du 17 Mars 2019”, a-t-on pu lire dans ce communiqué de maître Ndong Christopher NVEH, secrétaire général du parti qui appelle à la vigilance des responsables de base, militants et sympathisants, et à toujours vérifier l’authenticité des publications sur les réseaux sociaux. Une sortie qui sonne comme un désaveu total, ou mieux une désolidarisation de certains de ces champions autoproclamés communicants du MRC, dont Berthelot et son fameux ”TGV de l’info”, qui brillent au quotidien par des messages incendiaires pour la plupart sur la toile.
Mais qui dirige donc au MRC ?
Au-delà d’un simple recadrage (ce qui manque le plus souvent au MRC), pose un problème sérieux de leadership. Dans son communiqué, le SG Christopher NVEH a tenu à lever l’équivoque sur un fait désormais clair : “Le secrétaire général du MRC, maître Ndong Christopher NVEH, reste et demeure le seul administrateur du parti et en cette qualité demeure le seul habilité à publier les notes et communiqués engageant le parti”, a-t-il indiqué dans ce communiqué.
Toutefois, cette sortie écarte d’office Mamadou Mota, présenté jusque-là comme leader, en l’absence du président Kamto. Est-ce à dire que les sorties de Wilfried Ekanga et les autres les engagent personnellement et non le parti ? Si oui, quelle est la position du MRC par rapport à cette fameuse campagne dite d’inscriptions massives qui fait tant de bruits sur la toile ? Autant de questionnements sans réponses. Mais toujours est-il, le MRC a besoin de se débarrasser de ses zèles et s’inscrire à l’école des anciens combattants pour éviter sa disparition prématurée de la carte politique camerounaise. Car, il est clair, ”Politics no be Books” ; pour ainsi reprendre cette terminologie du chairman Ni John Fru Ndi, président du SDF selon laquelle, la politique n’est pas une affaire des gros diplômes.
Sébastien ESSOMBA