Le président du mouvement pour la renaissance du Cameroun, incarcéré à la prison centrale de Yaoundé depuis janvier 2019, sollicite à travers son conseil, une rencontre avec le président Biya. Une posture qui suscite des interrogations quand on sait la position qui a toujours été celle de Maurice Kamto depuis l’élection présidentielle d’octobre 2018 jusqu’à son interpellation.

L’affaire Kamto et ses alliés, détenus à la prison centrale de kondengui à Yaoundé le 28 janvier 2019, en marge de la marche des contestations du 26 janvier, aura connu une tournure importante vendredi dernier, avec l’arrivée au Cameroun d’une équipe d’avocats, constituée pour la défense de Kamto et Cie. La question au centre de toutes les attentions a suscité autant de réactions, que ce soit sur les plateaux de débats ou dans les chaumières.

Effectivement, Me Dupont Moretti, avocat international, de nationalité française, à la tête de cette délégation, n’a pas fait durer le suspense. Il est allé droit au but, en prenant contact à peine arrivé avec ses clients. Première impression, Moretti se dit satisfait de la facilité à lui accordée par l’État du Cameroun dans l’acquisition du visa et ensuite, l’accès à la prison centrale de Yaoundé. Il l’a indiqué au cours de la conférence de presse donnée après le contact avec ses clients. “Nous avons rencontré d’abord nos clients à la maison d’arrêt. Je dois dire que les choses ont été assez simples, à la fois pour l’obtention d’un visa il faut le dire et à la fois pour pénétrer à la maison d’arrêt. Nous avons pu voir nos clients. Parmi eux le professeur Kamto”, explique Me Dupont Moretti, conseil de Maurice Kamto et Cie.

Revirement de la situation !

Depuis les résultats de la présidentielle 2018, le président du mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, l’un des candidats malheureux à cette élection, refuse d’accepter les résultats des urnes consacrant Paul Biya vainqueur, après s’être autoproclamé vainqueur, moins de 24 heures après la fermeture des bureaux de vote. Du coup, une série d’activités de contestation et de résistance sous le label ”Non au hold-up électoral” est mise en place au Cameroun et dans la diaspora. L’idée étant de mettre la pression sur le régime de Yaoundé qu’on espérait pousser à la porte.

Malgré son interpellation et celle de son directoire et ses alliés, Maurice Kamto est resté droit dans bottes, inflexible. Mais il semble ces derniers jours que le président du MRC a compris la nécessité de chercher des voies de sortie, même si d’aucuns estiment qu’il est tard pour ce revirement. Parlant au nom de Maurice Kamto, Dupont Moretti déclare : “Il dit ici par ma voix qu’il est tout à fait prêt à discuter avec le président Paul Biya. Il a une formule que je vais reprendre à mon compte, qui est explicite mais qui dit beaucoup de choses. Il dit, quelqu’un qui revendique sa victoire peut discuter avec celui qui l’a conteste. Est-ce que ce message sera entendu? Il est parfaitement possible qu’une rencontre soit organisée. C’était presque naturel dans la bouche du professeur tout à l’heure. Il disait, j’ai été ministre de Paul Biya, j’ai déjà conversé avec lui. Je souhaite pouvoir discuter avec lui les yeux dans les yeux, lui dire un certain nombre de choses et entendre ce qu’il a à me dire”, indique le conseil de kamto et Cie, qui lève l’équivoque sur un fait, sa présence au Cameroun qui n’a rien à voir avec un agenda de déstabilisation comme semblent indiquer certaines mauvaises langues. “Nous on n’est pas venus ici pour mettre de l’huile sur le feu. On veut apaiser une situation qui est une situation ubuesque”, a-t-il précisé.

Sébastien ESSOMBA