Affaire Mathis : Lydol n’est pas coupable, la justice doit rester le seul arbitre

Ces dernières semaines, l’opinion publique camerounaise est secouée par l’horrible assassinat du jeune Mathis, crime odieux que rien ne peut justifier. L’indignation, légitime, s’est transformée chez certains en une chasse aux sorcières injustifiée, ciblant non pas le véritable auteur du crime, aujourd’hui aux mains de la justice, mais sa fille, l’artiste Lydol, dont le seul tort semble être son lien de parenté avec le criminel.
D’emblée, il convient de rappeler un principe fondamental du droit : la responsabilité pénale est strictement individuelle. Nul ne peut être tenu responsable d’un acte qu’il n’a ni commis, ni encouragé, ni soutenu. À ce titre, Lydol n’a rien à voir avec ce crime. Elle n’est ni complice, ni instigatrice. Elle est, comme tous les Camerounais, une spectatrice sidérée face à l’horreur. S’acharner sur elle, salir son image, remettre en cause sa carrière et son intégrité revient non seulement à violer ses droits fondamentaux, mais aussi à ouvrir la porte à une justice émotionnelle, arbitraire et vindicative. Ce n’est pas la voie d’une société civilisée.
Lydol, artiste talentueuse et voix montante de la scène camerounaise, mérite le respect et la présomption d’innocence, qu’elle incarne d’ailleurs pleinement, n’ayant aucun lien avec l’acte barbare commis. La haine, la jalousie ou les règlements de comptes personnels ne doivent pas se travestir en indignation morale. Il est indécent de profiter de cette tragédie pour tenter de briser une carrière artistique construite à force de travail et de passion.
Enfin, n’oublions pas que cet homme, aussi monstrueux soit l’acte qu’il a posé, reste le père biologique de Lydol. Exiger d’elle qu’elle renie son humanité, qu’elle se transforme en juge ou en bourreau, est une attente profondément inhumaine. Le droit n’est pas la vengeance, et aucune société digne de ce nom ne peut appeler à la fusillade publique, fût-ce pour un criminel reconnu. Laissons la justice faire son travail. Soutenons les victimes, condamnons le crime, mais ne créons pas de nouvelles injustices en prétendant en réparer une.
Houzerou NGOUPAYOU