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Mefodjo Rosine, Bayam sellam à Bafoussam: « Le 08 mars ne me dit rien »

Rosine Mefodjo, la trentaine bien entamée, est bayam sellam à Bafoussam. Ses activités quotidiennes depuis huit ans se résument à la vente des plantains, ignames et maïs rôtis entre autres, en contrebas du palais de Justice et en face du commissariat central de la ville.

Battante exceptionnelle au propre comme au figuré, Rosine M. appartient à la catégorie des femmes qui se soucient de l’essentiel d’abord, et l’accessoire plus tard. Elle surmonte les bourrasques pour assurer l’avenir de ses enfants. « Le 08 mars pour moi ne me dit rien. C’est pour une catégorie de femmes qui ont déjà situé leurs enfants. Mais moi, je ne suis pas encore à ce stade », déclare la jeune dame qui poursuit en ces termes : « Mes charges ne me permettent pas de m’amuser pour rien. Je ne peux pas laisser les enfants souffrir pour aller fêter le 08 mars ».

Très relaxe devant ses étales ce vendredii 08 mars 2019, Rosine Mefodjo nous fait part de sa journée de travail : « Quand moi je sors j’attrape ce que je peux attraper. Si Dieu me donne mes 500F de bénéfice ça va. Quand je me lève le jour du marché de brousse comme Bansoa, j’y vais très tôt j’achète mes ignames et les avocats et je rentre. Je pars à total d’en bas acheter le maïs, les ignames et le plantain ». Comme toute activité, le commerce de Rosine est entaché de quelques difficultés. Lesquelles difficultés sont régulièrement surmontées et relativisées par la jeune dame. « Il ya les clients qui viennent ils mangent, vous dialoguer sans problème, et d’autres viennent donner les maux de tête. Mais en tant que commerçante on assume tout simplement. On n’a pas d’autres choix. Quand tu es déjà commerçant tu dois assumer tout, c’est un peu comme les charges de maison », renchérit-elle.

Parlant de sa vie matrimoniale, Rosine dit avoir essuyé une grave déception dans sa vie. Raison pour laquelle elle a décidé rester célibataire et consacrer sa vie à l’éducation de ses enfants. « Je ne suis pas mariée. L’homme m’a déçu je suis quittée », se confit-elle. Pour la petite histoire, Mefodjo Rosine a fait onze années de mariage chez un homme. Un matin, elle est pêchée à son domicile par la police pour une affaire de complicité de bigamie dont elle ignorait l’existence. Il se trouve que son mari jusque là était marié sous le régime monogamique avec une autre femme. Mais bien que n’étant plus avec ce dernier, la femme en question aurait décidé de le nuire. Rosine subira ainsi les affres de l’ignorance de « son époux » qui aura passé le temps à déchirer toutes les convocations venant du procureur de la République, jusqu’à ce que ce matin là, elle est captée au domicile par les éléments de la police, envoyés par le procureur de la République près les Tribunaux d’instance de Bafoussam pour refus d’obtempérer. Elle sera admise dans une cellule où elle passera cinq jours et paiera pour sa liberté une somme de 350 000Fcfa. Une pilule très amère pour Rosine qui tourne complètement le dos aux hommes.

Elle a quatre enfants. L’ainée fait le lycée en classe de 6e dans un lycée de la place. Tous ces enfants sont sous sa charge. Elle s’est donnée pour défis de faire fréquenter ses enfants autant que possible, bien qu’elle n’ait pas eu ce privilège d’aller à l’école. « Donc si je veux m’occuper du 08 mars ces enfants n’auront pas d’avenir demain », conclut-elle.

Sébastien ESSOMBA

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