Coopération France-Cameroun : L’Ambassadeur Christophe GUILHOU s’ouvre à la Presse et rassure l’opinion !
Le Sommet France-Afrique tenu le 8 octobre 2021 à Montpellier a rassemblé la jeunesse africaine composée des entrepreneurs; des chercheurs ; des créateurs ; des artistes ; des intellectuels autour du Président français Emmanuel MACRON pour questionner les fondamentaux de la relation entre la France et le continent africain. Les Chefs d’Etats tactiquement Exclus. Quelles sont les nouvelles options de l’Elysée en rapport avec la tenue du sommet ? Quelles sont les attentes de Paris et de l’Afrique dans les relations futures entre les deux États après ce Sommet ? La nouvelle formule du Sommet France-Afrique peut-elle permettre aujourd’hui de réinventer la relation en tournant le dos au néocolonialisme? À ces questions et à bien d’autres, son Excellence Christophe GUILHOU, Ambassadeur de France au Cameroun acteur de ce Sommet, a reçu le club des journalistes politiques du Cameroun pour apporter des réponses à ces interrogations sans tabous autour du café politique. Face aux nombreux journalistes, membres du club, le diplomate a assuré. Découvrez ci-dessous l’intégralité de l’interview et jugez vous-même.
Monsieur l’ambassadeur bonsoir, j’imagine que c’est un exercice auquel vous êtes habitué, vous entretenir avec les journalistes.
Dans cette configuration là non, ça m’arrive peu souvent mais je suis très heureux de vous accueillir ici à la résidence de France, pour un exercice à la fois d’explication, de clarification et surtout aux nombreuses questions que vous vous posez sur la France, sur la relation entre la France et l’AF, et plus particulièrement sur la relation entre la France et le Cameroun.
D’entrée de jeux, une question me vient à l’esprit, le 28 novembre 2017, le Président Emmanuel MACRON tenait un discours devenu mythique à Ouagadougou dans la capitale du Burkina Faso, au cours duquel il promettait de finir avec la France-Afrique, ses liens troubles et ses réseaux obscurs. À quelques mois de la fin de son mandat, si vous devez évaluer le bilan de son mandat sur ces points, précis, quelle note lui donnerez-vous sur une échelle de 100 ?
Moi je vais parler de la relation entre la France et le Cameroun, je ne sais pas ce que c’est la France-Afrique, je ne sais pas à quoi ça renvoie dans l’imaginaire africain et surtout des camerounais, qu’est-ce que ça veut dire la France-Afrique, ça a une connotation péjorative, c’est une expression qui remonte à plus de 70 ans. Qu’est-ce que ça veut dire, moi je suis là depuis 2 ans, les relations entre la France et le Cameroun sont des relations saines, des relations diplomatiques d’État à État, ce sont des relations politiques, ce sont des relations économiques, ce sont des relations sociales, je ne sais pas à quoi vous renvoyez quand vous vous dîtes la France-Afrique, comme étant une relation sale, entre le Cameroun et la France. En tout cas, en ce qui concerne le Président de la République Emmanuel MACRON, effectivement il avait fait son intervention à l’université de Ouagadougou, et on peut faire le bilan aujourd’hui, c’est pour ça qu’il a fait ce sommet il y’a 15 jours, l’idée étant de prendre un engagement auprès de la jeunesse africaine, sachant que la majorité de la population africaine est très très jeune et donc il a profité de l’engagement qu’il avait pris à Ouagadougou il y’a 4 ans pour en faire le bilan et se projeter sur l’avenir. L’avenir de la relation entre la France et l’Afrique, c’est une relation entre la France et chacun des pays africains, ce sont chacun des pays particuliers, le Cameroun est différent du Nigeria, de l’Afrique du Sud ou du Kenya, donc c’est surtout en regardant les particularités de chaque Etat qu’on peut définir ce que c’est la relation entre la France et chacun de ces pays plutôt que de parler globalité de ce que vous appelez la relation France-Afrique.
Monsieur l’ambassadeur, nous sommes en Afrique et un proverbe dit chez nous qu’on ne convoque pas chez soi un homme en colère, comme vous l’avez si bien souligné, l’initiative des rencontres de Montpellier venait après le cri des sociétés civiles africaines qui dénonçaient ce que vous avez défini comme étant la France-Afrique, quelle était la pertinence d’organiser ce sommet à Montpellier plutôt que de l’organiser dans une capitale africaine ?
Le sommet Montpellier il n’est pas sorti de nulle part, le sommet Montpellier il aurait dû dans sa version initiale se dérouler à Bordeaux en juin 2020, et puis est arrivée la covid, le sommet de Bordeaux qui était un sommet beaucoup plus traditionnel avec la présence des Chefs d’États et du gouvernement n’a pas pu se tenir à cause de la covid en juin 2020, on a été obligé de réorganiser les choses, une première version aurait dû se tenir en juillet dernier à Montpellier et la deuxième puisqu’on n’a pas pu se réunir à Montpellier est intervenue en octobre. L’objectif derrière tout ça était d’avoir un dialogue direct avec la jeunesse africaine. Le Président de la République et chacun d’entre nous, a senti une certaine impatience, une certaine exigence de la jeunesse africaine à l’égard de la France et précisément compte tenu des engagements qu’il avait pris à Ouagadougou 4 ans auparavant qu’il a voulu s’adresser directement à la jeunesse africaine sans se réunir avec les Chefs d’États. Un sommet avec les Chefs d’États c’est quelque chose beaucoup plus institutionnel, beaucoup plus cadré et ce qu’a voulu le Président MACRON, c’est avoir un dialogue direct avec une partie de cette jeunesse africaine, donc une grande partie de camerounais.
Dans la continuité de la question posée par mon confrère, quel était la pertinence d’inviter ceux qui n’ont pas la décision et de laisser de côté ceux qui décident en Afrique? C’est-à-dire vous invitez les gens qui ne décident pas mais vous invitez plutôt ceux qui font des revendications, quelle était la pertinence de ce choix? Dans le cas d’espèce, le sommet de Montpellier, les Chefs d’Etats n’étaient pas inviter et donc exclus de la réunion.
Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses, on a invité, on n’a pas forcement exclu les autres. On a montré notre attachement à avoir un dialogue avec une certaine catégorie d’africains, ça ne veut pas dire qu’on a exclu les autres, on a traité cela. Le dialogue avec les Chefs d’Etats et le gouvernement, il se poursuit normalement, tous les jours. Moi en tant qu’ambassadeur, j’ai des contacts, j’ai des échanges avec les autorités camerounaises, cette fois ci, le président a décidé d’inviter la jeunesse africaine. La jeunesse africaine vous l’avez rappelé toute à l’heure, c’est la culture, c’est l’engagement citoyen, c’est la recherche et l’entrepreneuriat. C’est à cela qu’on a voulu discuté. Ce à quoi vous faites référence est la grande plénière à laquelle on a tous assisté avec ce dialogue exigeant avec un certain nombre de militants. Mais en dehors de cet exercice de l’après-midi, il y’a eu des tas de séminaires en parallèle le matin, où chacun peut discuter, chacun peut partager. J’ai recueillis les avis des uns et des autres qui sont partis à Montpellier et qui depuis sont revenus et qui ont beaucoup apprécié cela. Vous vous dites qu’ils ne sont pas légitimes, ils ne représentent rien. Ils ont la décision dans leurs domaines. L’idée c’était d’écouter et de prendre les décisions qui engagent la France, qui n’engagent pas les jeunes avec qui on a discuté. La question de savoir s’il y aura des répercutions par la suite, le président de la République, sur la base des rapports qui lui ont été préparé par Achille MBEMBE, s’est engagé sur un certain nombre de projets, ça nous engage, on ne demande pas aux jeunes de s’engager, ils ont eu des échanges, ils ont pu discuter les uns avec les autres, mais celui qui s’est engagé c’est le Président de la République sur un certain nombre de dispositions, sur les restitutions muséales, les objets d’art, sur la circulation des chercheurs, des étudiants, etc… les gouvernements c’est autre chose, ça fait partie d’un dialogue que l’on a tous les jours, nous ne sommes pas en discussion avec ces jeunes, ces jeunes ils vont reprendre leurs activités dans chacun de leur pays, qu’il s’agisse des pays africains ou ceux qui sont issu de la diaspora. Ce sont deux exercices séparés.
Que répondez-vous à ceux qui pensent qu’arriver à cette forme de dialogue entre le chef de l’Etat français et la société civile africaine, que ce devrait normalement être le dernier sommet du genre parce que la France n’a pas convoqué les africains en France pour aller discuter des choses qui concernent l’Afrique ?
Le retour qu’on a de ceux qui ont participé, ils n’ont jamais été convoqué, ceux qui sont partis à Montpellier, ils ont fait partie d’un processus de sélection qui a duré près d’un an et demi. Les entrepreneurs, les artistes, les sportifs et tous ceux que j’ai mentionné, ils n’ont jamais été convoqué. Nous, chacun dans son pays, on les a sélectionné sur la base de leurs projets, sur la base de ce qu’ils avaient à dire et à apporter dans le dialogue avec la France mais également dans le dialogue qu’ils ont avec les autres pays. J’ai rencontré par exemple une représentante d’une ONG qui travaille dans le recyclage des pièces automobiles, elle m’a dit merci pour ce que vous avez fait, vous m’avez permis de voir ce que font dans le domaine similaire les autres pays de la région. J’ai demandé, qu’est-ce que vous avez retiré? Elle m’a dit, je me suis rendue compte que moi en tant que camerounais, ce que je fais dans le pays en matière d’économie circulaire c’est-à-dire le recyclage, on est les premiers en Afrique, voilà la contribution que l’on apporte au développement, à la société civile camerounaise. Ça n’a rien d’une exclusion, ça n’a rien convocation, c’est juste un dialogue, un échange privilégié à un moment donné, rien de plus.
La France qui étend son ingénierie sur la société civile africaine en y joignant la diaspora, j’ai envie de vous demander à la suite de mes confrères ce qui change fondamentalement. Nous sommes dans les relations internationales, en échangeant avec un camerounais, un compatriote ce jour, il s’est demandé si un partenariat est possible avec le colon, avec son oppresseur, que lui répondez-vous ?
Le colon c’était il y’a combien de temps ? 60 ans. Combien de temps la France a eu des responsabilités au Cameroun? Combien de temps a duré cette période? 40 ans environ. Donc la France a été sous différent mandat, 40 ans, le Cameroun est indépendant depuis 60 ans. Il y’a plus de colons français depuis 60 ans. 60 ans c’est trois générations.
Je crois que ce compatriote voudrait mettre en relief l’idée du néocolonialisme qui continue de se perpétuer.
Je suis là pour répondre aussi à ces questions. Vous avez l’air gêné que le Président de la République et les autorités françaises aient demandé à des jeunes de la société civile de venir à Montpellier, discuter, exprimer leurs impatiences, leurs attentes, etc… je comprends ça, mais sachez que dans notre quotidien, nous à l’ambassade, on est tous les jours en contact avec ces jeunes, tous les jours de l’année. Quel est le sujet, on n’a pas attendu le 8 octobre dernier pour entamer un dialogue avec les organisations de la société civile dans les différents compartiments, c’est notre travail de discuter avec à la fois avec les autorités mais également de discuter avec ce qui l’économie, ce qui fait le tissu social de ce pays, qu’il s’agisse des entrepreneurs ou des organisations de la société civile, je ne vois pas où est le sujet, et vous me dites le colon. Mon ambition, l’ambition de la France, c’est d’avoir une relation décomplexée avec l’Afrique et en ce qui me concerne avec le Cameroun.
Est-ce qu’une relation décomplexée d’égale à égale est possible, je continue de penser qu’on est là dans les relations internationale, est-ce que ce sommet coordonné par le Président MACRON, n’est pas une autre façon de perpétuer l’exploitation où le néocolonialisme ambiant. Vous avez cité tout à l’heure note compatriote, le Pr Achille MBEMBE, ce brillant compatriote, un penseur post colonialiste, est-ce qu’il n’était pas à la manœuvre pour accompagner en quelque sorte, je reprends encore la formule d’un autre critique, «des moutons qui étaient invité en festin»?
Moi ce que je ne comprends pas et là je vous reprends néocolonialisme. Moi je suis là depuis 2 ans, j’ai scionné ce pays dans tous les sens, du Nord au Sud, j’étais dans quasiment toutes les régions du pays, 9 des 10 régions. J’ai vu des agriculteurs, j’ai vu des femmes qui luttent contre les violences dont elles sont l’objet à Maroua, j’ai rencontré des maîtres pécheurs à Kribi, j’ai rencontré beaucoup de monde. Comment pouvez-vous dire que la France a une vision néocoloniale au Cameroun? Je vous mets au défi de me citer un seul fait et geste et je suis responsable de mes actes, qui puisse alimenter vos arguments. La France néocoloniale au Cameroun, comment pouvez-vous faire ça aujourd’hui en 2021. Vous me parlez d’exploitation, donnez moi un seul exemple.
Le Francs CFA…
Le FCFA c’est une monnaie que vous partagez dans une zone monétaire qui regroupe 6 pays, la position de la France, elle a été réaffirmée par le plus haut niveau par le Président de la République Emmanuel MACRON, je l’ai réaffirmé la dernière fois qu’il y a eu un sommet de la CEMAC ici. Le FCFA, vous faites ce que vous voulez du FCFA, on est entrain de faire une réforme en Afrique de l’Ouest, les responsables sont entrain de changer la dénomination, sont entrain de changer les mécanismes, vous êtes libre de faire ce que vous voulez du FCFA, vous voulez arrêter la parité fixe avec l’Euro, vous changez cela, vous voulez 6 monnaies différentes, vous faîtes 6 monnaies différentes. Ce que je constate c’est que c’est une monnaie au-delà des fantasmes, c’est une monnaie qui vous facilite bien les choses. Vous n’êtes pas obligé de changer de monnaie chaque fois que vous êtes entrain de commercer avec chacun des pays de la région. Le Cameroun c’est 50% du PNB de la sous-région, 50%. C’est vous qui avez l’économie la plus diversifiée, c’est vous qui retirez le plus grand bénéfice de cette parité, de cette stabilité. Si on regarde de l’autre côté de vos partenaires le Nigeria, sur les 10 dernières années, vous avez eu une afflation plus maîtrisée que le Nigeria et vous avez une croissance plus importante que le Nigeria et cela en partie grâce à la stabilité de la monnaie que vous procure le FCFA. Est-ce que là vous pouvez dire que c’est une exploitation de la France ? Je suis désolé, je m’indigne quand vous parlez d’exploitation néocoloniale à cause du FCFA. Le FCFA, il n’a pas encore été réformé, il ne sera peut-être pas réformé parce que les acteurs économiques en tirent un grand bénéfice et grand profit, tant mieux si c’est comme ça.
Monsieur l’ambassadeur, vous avez citez notre compatriote Achille MBEMBE, penseur post colonialiste, qui a récemment affirmé que « quelque chose de puissant est entrain d’émerger », qu’est-ce qui est entrain d’émerger à votre avis ?
Posez-lui la question, je ne sais pas ! Est-ce qu’il était à la manœuvre ?Il est à la manœuvre. Il a permis à travers des dialogues, des discussions, à travers toute l’Afrique, de pouvoir préparer justement ces moments que l’on a partagé à Montpellier. Et en plus de cela, il a produit un rapport qui a été adressé au Président de la République pour essayer justement de revoir la relation entre la France et l’ensemble des pays africains avec un certain nombre de propositions, la création d’une maison de l’Afrique et des diasporas, avec la mobilité étudiante comme vous le rappeler, etc…Et ce point sans nous, c’est une Afrique jeune, c’est une Afrique impatiente, une Afrique qui veut participer pleinement à la mondialisation. Les rapports économiques sont entrain d’évoluer de façon très très rapides et c’est cette contribution que l’on souhaite apporter nous, pour faire en sorte que la jeunesse africaine qui sera aux responsabilités demain puisse être pleinement souveraine sachant que nous avons en France une importante diaspora camerounaise et c’est cette diaspora camerounaise a été formée en France et elle souhaite également participer au développement du Cameroun.
Monsieur l’ambassadeur, au-delà du caractère novateur de cette nouvelle formule de la relation France Afrique, si on emploie ce qui a été dit, par le Président MACRON, est ce qu’il n’y a pas – – comme un parfum d’ambiance qui est resté le même ? Parce que, je dois rappeler quand même que il y a plusieurs France qui s’affrontent, il y a la France foccardienne qui est toujours là, on n’a parlé toute a l’heure des liens puissants entre la France et l’Afrique, vous vous souvenez de ce qu’avait dit votre compatriote, ALBERT SARO, dans son fameux livre où il parle du pacte colonial, vous vous souvenez très bien que dans ce livre, il met en avance la théorie selon laquelle, les colonies africaines sont un des croissances de la France. Et il y a une autre France, la France réformiste dans laquelle, s’inspire le président MACRON, je rappelle qu’il n’est pas le premier, puisque ces deux prédécesseurs, NICOLA SARKOZY, et FRANCOIS HOLLANDE, avaient déjà proclamé la mort France Afrique, est ce que vous n’avez pas donc l’impression que ce parfum d’ambiance est resté le même, parce qu’en Afrique, les intérêts français sont toujours cousu du fil de la France Afrique ?
Alors, je ne sais pas ce que sait que la France Afrique, je vous l’ai dit tout à l’heure. Jacques FOCCART était aux affaires, à l’époque du général de GAULLE, dans les années 60-70, voilà on est aujourd’hui en 2021.
Il a des successeurs…
Alors faut me donner les noms, il ne faut pas me sortir le nom FOCCART, qui était actif dans les années 60,70. Vous pouvez me dire aujourd’hui qui est son successeur, et qui remplit le rôle Jacques FOCCART. Arrêtons d’être dans les fantasmes et dites moi qui est son successeur et remplit le rôle de Jacques FOCCART dans la relation France-Afrique, je vous répondrai.
Monsieur l’ambassadeur c’est vrai qu’il n’existe plus une cellule à l’image de celle de FOCCART à l’africaine à l’Elysée, c’est vrai qu’il n’existe plus tout ça, je suis d’accord avec vous, mais la réalité en Afrique c’est que, vous avez encore quand même des réseaux puissants, ils existent, et le propre des réseaux, c’est qu’ils ne sont pas visibles. Là on est d’accord monsieur l’ambassadeur.
Alors, là dessus sur ce point je vais vous apporter un autre argument, on vient de terminer une campagne, d’étude en France, nous avons eu 2000 étudiants camerounais qui viennent de partir au cours des dernières semaines, pour venir en France poursuivre leur études juste cette années. 2000 étudiants camerounais, juste cette année. On a un peu moins de 10000 étudiants camerounais c’est la vivacité dans la relation de la France et le Cameroun ce ne sont pas des réseaux obscures des années 60, 70 etc., c’est fini, ça c’est le vieux monde, on est en 2021 cessez de nous dire qu’il y a eu les monsieur FOCCART, donnez moi des exemples.
Bon je vous donne un exemple concret monsieur l’ambassadeur, vous savez on est quasiment en pré-campagne en France, il y a des sujets sur la table, l’ancien président français a beaucoup d’affaires notamment celle de son financement, le financement de sa campagne. Ça c’est pour certains détracteurs de la France en Afrique, c’est la preuve que la France-Afrique, morte comme vous le dites et ressuscitée se porte plutôt bien.
Parce qu’il y a eu des scandales dans les finances des campagnes électorales de certains candidats et c’est ça que vous appelez la France Afrique ? En tout cas, dans la conception de FOCCART, c’était un peu ça la conception de la France Afrique. Non mais arrêter de parler de FOCCART !! On est en 2021 !!! FOCCART c’était il y a 50 ans ! Mais l’affaire de monsieur SARKOZY….Monsieur SARKOSY n’a rien à voir avec monsieur FOCCART, l’affaire de monsieur SARKOSY c’est un financement de campagne illégal, elle est devant la justice.
Monsieur l’ambassadeur est ce que vous comprenez quand même que ce qui est en cause, ce n’est pas monsieur FOCCART qui nous a quitté, ce sont les pratiques de cette relation incestueuse, qui est en cause aujourd’hui ?
Moi ce que je vois c’est que chaque année, je vais vous donner un exemple, 2000 étudiants veulent venir en France, vont faire leur étude, ce que je vois c’est qu’on a 200 entreprises ici, que les parts de marchés, des entreprises françaises au Cameroun diminuent d’années en années, il y a une concurrence internationale. C’est ça les réseaux, c’est ça la politique de monsieur FOCCART
Parlons d’autres choses monsieur l’ambassadeur parce qu’on a très peu de temps, dans cette nouvelles formules justement, beaucoup critiques fusent en disant que le président MACRON qui est en pré-campagne, veut plaire à la diaspora Africaine qui est en France, qui est nombreuse, et qui peut lui apporter beaucoup de voix, est ce que vous ne pensez pas que c’est un peu utopique de recevoir et les confrères ont insisté dessus, de recevoir des gens qui n’ont pas la décision alors qu’on sait très bien que le président MACRON s’est engagé sur des choses très contraintes, vous avez parlé de mobilité estudiantine, il y’a le dossier sur le climat, l’Afrique est comme vous savez très importante pour la France sur ce point, il y a l’aide république au développement, vous avez en parlez toute a l’heure avec d’autres confrères, il s’est engagé sur des sujets très précis, est ce que le fait de parler avec justement on va dire des intellectuels, des artistes, des sportifs et tout ça qui n’ont pas de prise directe sur ces sujets-là, est ce que ce n’est pas un coup de com avant la campagne ? C’est ce que disent les détracteurs. Je vous pose la question vous qui êtes garant des intérêts français au Cameroun.
Je vous ai dit que ce sommet, on a été obligé de le déplacer à cause de la covid. Ce sommet initialement il était prévu il y a un an et demi on l’a réorganisé de façon à le faire, au moment où on était en tout cas en Europe beaucoup moins pris par la Covid. Le Président de la République la fait maintenant parce qu’effectivement dans quelques mois, il y aura des élections présidentielles. Réfléchissez à contrario si on n’avait pas fait de sommet, on arrive vers la force des intérêts de l’Afrique, la France n’écoute pas la jeunesse africaine, la France se désintéresse de tout ce qui se passe. C’est bien, c’est précisément parce qu’on s’intéresse, on veut nourrir ce dialogue, on veut voir de nouveaux interlocuteurs qui émergent grâce à la société civile que le Président de la République a tenu ce sommet mais ce n’était pas décisionnel. Cette jeune femme qui était dans le recyclage des pièces automobiles, on ne lui demande pas d’être décisionnelle, elle fait ça pour son pays, elle fait ça parce ça développe une activité, qu’elle croit en ce qu’elle fait.
Monsieur l’ambassadeur, j’ai parlé tout à l’heure des sujets concrets sur lesquels le Chef de l’Etat français s’est engagé, il y’a le soutien à l’entrepreneuriat, il y’a l’aide république au développement, il y’a la mobilité estudiantine. Est-ce que pour faire un bilan justement de ce sommet France-Afrique, dans un an si on devait faire le bilan, est-ce que l’enveloppe de l’aide publique va substantiellement augmenté, est-ce qu’il y aura plus de visa estudiantin accordé à ceux qui veulent se rendre en France pour des études, est-ce que l’appui de la France en matière de transfert de technologies sera plus importante qu’il ne l’est aujourd’hui, si ce n’est pas le cas, est-ce que vous pourriez considérer à cet horizon là que c’était des promesses politiques et électoralistes ? Puisque nous sommes dans un contexte préélectoral en France.
Le Président Emmanuel MACRON, il est à quelques mois de l’élection présidentielle, tout ça c’est la démagogie etc… sauf que je vous rappelle qu’il a tenu ce sommet au mois d’octobre c’est pour rendre des comptes sur les engagements qu’il a pris il y’a 4 ans à Ouagadougou. Sur les engagements sur l’aide publique au développement, il n’y a aucun doute, l’aide publique au développement de la France va augmenter. On est à 0,53 du PNB en matière de l’aide publique au développement et on sera à 0,55 dans deux ans. Ce sont des milliards d’euros qui sont consacrés au développement en général. L’Agence Française de Développement consacre 50% de son chiffre d’affaires en développement à l’Afrique, donc évidemment ça va augmenter. Et ça va d’autant plus augmenter qu’on a adopté il y’a deux mois, une nouvelle loi sur l’aide publique au développement à l’Assemblée Nationale à l’unanimité qui fixe les objectifs et qui engage le gouvernement sur une cible très très précise, donc il n’y a aucun doute, que monsieur Emmanuel MACRON élu ou pas élu, la trajectoire de la France en matière d’aide publique au développement va augmenter et bien entendu une grande partie de cette terre sera consacrée à l’Afrique. Le deuxième sujet que vous évoquez, la mobilité des étudiants, nous accueillons une très grande part des étudiants africains, et une grande part je pense qu’on est là première destination pour les étudiants camerounais, je vous ai donné ce chiffre de 2000, sauf que je veux que vous compreniez que notre objectif à nous n’est pas d’augmenter de façon exponentielle notre nombre d’étudiants camerounais à l’avenir. Il va continuer d’augmenter mais ce n’est pas du tout une cible, ce que l’on souhaite au contraire, compte tenu de la démographie forte au Cameroun, compte tenu de vos instituts, vos universités, c’est d’aider à mieux former au Cameroun les étudiants et les étudiantes dans le pays, donc ce que nous sommes entrain de faire aujourd’hui c’est effectivement de donner les visas aux étudiants qui veulent aller en France mais surtout de donner les moyens aux instituts, aux universités d’être encore plus compétitifs. C’est un marché mondial, c’est une compétition mondiale et ce que l’on souhaite plus que tout c’est renforcer vos instituts et vos universités ici, et je peux vous dire qu’il y a des accords qui sont entrain de se nouer entre l’école polytechnique en France qui est l’une des meilleures écoles, avec un réseau d’école d’ingénieurs et nous sommes entrain de le faire ici au Cameroun et nous ne l’avons fait nulle part ici en Afrique. Ce que je veux dire c’est que vous avez des instituts, des universités qui sont excellentes et nous allons continuer pour renforcer encore plus leurs activités pour qu’ils puissent absorber tous ces jeunes camerounais et camerounaises qui arrivent sur le marché des études supérieures au Cameroun chaque année.
Je pense que ce sommet a permis par l’engagement du président de la République Emmanuel Macron, de montrer à quel point nous étions soucieux, à la fois d’écouter l’Afrique, et puis surtout de répondre aux questions que les africains qu’ils soient vieux, de l’époque Foccart, ou des jeunes d’aujourd’hui, se posent et nous posent. Et je trouve ça très positif parce que je ressens les exigences, je reçois un besoins de dialogue. Tout à l’heure avec vos confrères ils parlaient d’une relation inéquitable, pas équilibrée, on est là aussi pour écouter tout cela. On est là pour clarifier les choses, et c’est précisément ça qui permet de mieux se projeter sur l’avenir, en montrant qu’on écoute ce qu’on était entrain de nous reprocher tout à l’heure vos confrères d’ailleurs, il a fait ça, mais non on écoute et on s’engage, le Président de la République s’est engagé à apporter des solutions et des réponses aux questions qui lui ont été posées parfois de façon assez énergique. Et je pense aussi, que l’image qu’il a donné de ce dialogue exigent avec ces jeunes parfois, très brusque a montré à quel point on était attaché à avoir des relations apaisées, efficaces avec les différents pays africains, puisque nous accueillons en France une très grande partie de la communauté africaine en Europe, et donc, c’est donc important aussi pour nous de mieux comprendre, de mieux répondre à toutes ces questions.
On met le sommet du 8 Octobre sous le signe d’un nouveau départ, on parle de réorientation des relations entre la France et les pays africains, je voudrais que vous touchiez du doigt les axes principaux les différentes attentes de la politique définie par l’Elysée pour l’Afrique. La politique définie par le Président de la République tout d’abord, elle s’adresse au gouvernement, aux différents gouvernements aux chefs d’États aux ministres… tous les jours on dialogue avec ces responsables, mais également l’idée est aussi de s’adresser à la jeunesse en matière de santé, en matière de d’éducation, en matière d’environnement. Vous êtes dans un bassin forestier immense, il y a aussi les préoccupations qui nous concerne, on souhaite vous accompagner dans les différents efforts, dans l’art, dans la mobilité étudiante et dans l’entrepreneuriat et l’innovation. Voilà les grands axes de coopération entre la France et le Cameroun.
Parlant justement de la mobilité estudiantine, qui est d’une importance capitale, on se souvient du discours du Président Macron a Ouagadougou il y a 4 ans, mais la jeunesse africaine à l’impression d’un peu avoir été laissé sur le banc parce que 4 ans plus tard c’est un peu le vide on a la récente mesure de la réduction drastique de la délivrance des visas dans les pays comme, la Libye, l’Algérie et autres… qu’est ce que vous dites à cette jeunesse là qui en terme de formation par exemple attendait beaucoup de Paris ?
Alors moi je m’adresse à la jeunesse camerounaise, moi je ne m’adresse pas à la jeunesse Libyenne je ne m’adresse pas à la jeunesse algérienne. Précisément, je vous dis, la politique quand on parle de France-Afrique, c’est la relation entre la France et chacun des pays. Vous êtes chacun différents. Le Cameroun c’est pas l’Afrique du Sud, c’est pas l’Éthiopie et c’est pas le Sénégal. Donc si vous m’interroger sur les visas aux étudiants, je suis désolé, cette année on a délivré beaucoup plus de visas aux étudiants camerounais, qu’on ne l’avait fait l’année dernière, c’est vrai qu’il ya eu la COVID, ou l’année précédente. Donc, nous sommes sur une augmentation du nombre de visas pour les étudiants camerounais.
Je vais terminer mon propos par une question de sécurité, oui une question qui était aussi au centre des échanges à Montpellier dernièrement, on fait souvent le procès à Paris d’être un soutien aux « tyrannies », les tyrannies africaines, d’ailleurs le Président Macron a qualifié au cours de se sommet, le « continent est peut-être un continent jeune, mais dirigé par des chefs d’États vieux, par des vieux … » on a la France qui est quelque peu dans un deux points à deux mesures, parce-qu’on a bien vu qu’elle n’appréciait pas par exemple la longévité de certains présidents au pouvoir, l’assistance militaire aux côtés de ces dirigeants là a été perceptible, on a vu comme au Tchad ou au Mali, pourtant les forces françaises restent très présentes, est ce que vous allez assumer ce deux poids deux mesures ou alors quelles sont vos attentes dans ces deux cas précis ?
Je pense qu’il y a deux choses différentes, vous parlez de la longévité, de certains dirigeants et vous parlez de l’intervention militaire de la France, dans d’autres pays, ce sont deux choses différentes.
On rappelle la question de la sécurité, est ce qu’il n’y aurait pas eu de main cachée de la France derrière le « renouvellement de certains chefs Africains » dont la légalité et même la légitimité sont très souvent contestées ces derniers temps en Afrique ?
Alors, la France intervient dans la bande sahélo saharienne, là où il y a des problèmes avec les mouvements djihadistes, à ma connaissance, on ne peut pas parler de longévité des chefs d’État, le Président du Niger a été élu l’année dernière, le Président du Burkina Faso a été élu il y a 2, 3 ans et le Président malien a été destitué et remplacé par deux coups d’État. Donc je pense qu’il n’y a pas de corrélation entre les interventions militaires d’un côté dans ces pays, et la longévité des dirigeants.
Et pourtant les présidents qui assument une certaine longévité au pouvoir, je suis très souvent les critiques du président français qui les qualifie de vieux, ou qui estime que leur mandat n’est plus démocratique.
Vous parlez en ce moment là de la limitation des mandats, c’est un vrai sujet, et ce sont des sujets qui sont traités par les différents pays. On a eu le sujet avec le président Alpha Condé, qui s’est engagé à ne faire que 2 mandats, il a voulu faire un troisième, il a été élu avec un troisième mandat, je constate qu’il y a eu un coup d’État en Guinée récemment, justement qui probablement avait été alimenté par la contestation de ce président, pour essayer de faire un troisième mandat. Donc les choses ne sont pas liées. Vous parlez de longévité dans chacun des pays, je vois à quoi vous faites allusion, il n’y a pas de force Française, il n’y a pas d’intervention française dans ces pays.
Mais les choses sont différentes je ne peux pas traiter tous les pays avec la même toise, il y a des pays où vous avez des interventions militaires parce que voilà, ils ont demandé.
Il est facile d’accuser la France que de regarder soi même vous camerounais qu’est-ce qui ne marche pas et pourquoi ça ne marche pas. En revanche, ressentir dans la question que vous me posez, un sentiment anti français, je ne le ressens pas. Généralisé hein, bien-sûr il y a des gens qui aiment, qui n’aiment pas, et s’il y avait un sentiment anti-français dans ce pays, il y aurait des manifestations contre la France. Il y aurait des violences contre les français, il y aurait tout ça. Mais nos relations, ce sont des relations je ne vais pas dire intimes mais très profondes, et donc il y a ce challenge, il y’a cette exigence camerounaise que vous avez à l’égard de la France, et vos attentes sont parfois déçues. Mais parler de sentiment anti français non. En revanche, le discours anti français qui est très victime pour les uns ou pour les autres oui je suis d’accord avec vous, il ne faut pas mélanger les deux, il ne faut pas qu’on croit que parce que des gens critiquent la France dans le discours, forcément il y a un sentiment anti français. Même si parfois sur certaines personnes oui. Donc un discours anti français, on voit tous les jours, un sentiment anti français je ne l’ai jamais moi-même ressenti. Et je me déplace dans tous les endroits du pays, dans toutes les régions, je discute avec beaucoup de monde, je n’ai jamais ressenti ce sentiment anti français. En revanche le discours anti français, il est très pratique. Venant de tout le monde, donc maintenant il faut, moi en tant que ambassadeur, et qui doit gérer une relation avec le Cameroun avec cette exigence que vous avez à notre égard, il faut garder la tête froide, maintenir le cap et pas se tromper. Et ne pas associer le discours anti français avec sentiment anti français. Sans ça il n’y aurait pas d’étudiants, il n’y aurait pas autant d’exigences, de revendiquer sur les visas sur les voyages, … s’il y ait ce soit disant sentiment anti français. Voilà.
Alors, vous avez demandé à mes collègues quelques faits, moi je vous en ai donnés 2 qui m’ont personnellement troublés, le premier fait c’est le Président Macron, qui est interpellé au salon de l’agriculture par un camerounais et qui dit qu’il fait pression sur le Président Paul Biya, que certains opposants camerounais, que par la justice ils soient libérés, il a notamment dit que, il a conditionné la venue du Président Paul Biya à Lyon par la libération de l’opposant Maurice KAMTO par exemple, le deuxième fait c’est que, après le grand dialogue, le Président Paul Biya s’est rendu en France, il a dit qu’il est venu rendre compte du grand dialogue. Vous ne trouvez pas que ce sont quand même des faits troublants ?
Qu’est ce qui vous trouble ?
Ce qui me trouble c’est qu’un chef d’État dise publiquement qu’il fait pression sur un autre chef d’état sur des questions intérieures de ce pays là. Par exemple, la libération d’un opposant politique aux prises avec la justice aussi sensé être une institution indépendante, pour moi c’est troublant.
Tout à l’heure, on nous disait, vos confrères m’accusaient du contraire, mais comment il y a une longévité vous ne faites rien, longévité des présidents au pouvoir, donc il faudrait savoir ce que vous voulez. Et en tout cas, la France, elle défend partout. Elle ne s’ingère pas dans les affaires, elle a un discours, elle à une posture, elle donne des conseils, elle dialogue, oui, et s’il y a des situations en matière des droits de l’homme qui nous nous gênent, elle intervient, mais elle intervient à travers les canaux diplomatiques, à travers les dialogues qu’on a les uns avec les autres. Si vous regardez, le weekend dernier, il y a une crise entre la Turquie et un certain nombre de pays européens, américains … c’était précisément sur une question des droits de l’homme.
Est-ce que vous serez à l’aise par exemple que les officiels camerounais aient un droit de regard sur les questions de politiques intérieures en France ça ne vous générait pas au nom de la relation, de la coopération qui existe entre la France le Cameroun ?
Alors, ce n’est pas des droits de regard, oui, il y a des situations ici qui nous gênent. On en discute avec les responsables, et on en discute directement et de façon franche, c’est ça une relation ancienne, ça une relation franche. On se dit des choses. On ne parle pas des droits de regard, on discute, on dit, voilà ce qui va, voilà ce qui ne va pas. Et bien entendu que les autorités camerounaises, les différents responsables, savent ce qui dans la relation nous gêne et nous ne gêne pas. A l’inverse, les autorités camerounaises, les responsables camerounais nous disent ce qui les gêne dans la relation bilatérale entre la France et le Cameroun. Ce n’est pas un droit de regard, c’est juste un échange de vues pour essayer d’améliorer la relation bilatérale entre les deux pays. Ce n’est pas un droit de regard. On dit, voilà, il y a ceci qui nous dérange, pour telle et telle raison, après les autorités camerounaises, elles se surveillent dans leur pays sur l’ensemble du territoire. Des fois, elles ne le font pas, c’est à l’inverse c’est la même chose avec la France. Mais c’est un dialogue de tous les jours sur l’ensemble des sujets et de la panoplie des relations entre nos deux pays.
Lors du dernier sommet Afrique France, on a discuté de la réforme, en tout cas des discours des représentants africains, on a bien senti une envie de la réforme de l’AFD et, est ce que les autorités françaises sont disposées à reformuler l’AFD la rendre beaucoup plus compatible avec les attentes des africains ?
Alors, l’AFD, c’est un principal instrument, c’est une immense institution française qui est ici depuis, avant même l’indépendance, et qui est le grand instrument d’aide au développement. Et effectivement, nous avons senti qu’il il y a des rétributions contre ceux qui aident, puisque ça fait une situation illégale. Donc, il y a un certain nombre de réformes qui vont être faites notamment sur l’aide publique au développement, et, les projets. On va appeler ça des investissements solidaires, et je trouve que ça correspond beaucoup mieux à l’état d’esprit qui est le nôtre, celui de la France mis en œuvre par l’AFD sur les différents projets. Donc, L’AFD construit le pont sur le Wouri a Douala, c’est un projet, mais c’est surtout un investissement solidaire, c’est quelques choses qu’on met au service de la population camerounaise. Quand l’AFD construit plus de 2500 classes des le pays c’est l’investissement solidaire. Donc effectivement, l’AFD est en train de s’adapter, on est en 2021, on n’est plus en 1970 ou en 1980, et c’est un effort que nous menons et que l’AFD mène régulièrement d’autant que l’assemblée nationale française a adopté à l’unanimité une très importante loi, début Août dernier sur l’aide publique au développement qui nous file des objectifs et qui engage les gouvernements français sur une trajectoire de projets d’investissement solidaire en Afrique et ailleurs. Donc oui, nous sommes dans un très gros travail, les moyens vont augmenter ce qui veut dire qu’il va aussi falloir revoir les méthodes de travail, à l’AFD notamment.
Justement parlant des méthodes de travail, en 2021 encore l’AFD est perçue comme une institution pas transparente, je vous rappelle que le rapport de la cours des comptes de 2020 a notamment pointé le manque de transparence dans un ensemble de processus de l’AFD, est ce que vous êtres aussi sensible à cet aspect, dans le cadre de cette réforme, est ce qu’on peut avoir une ADF plus transparente, qui rend plus compte sur ses procès, sur l’utilisation des fonds, je rappelle que ce sont des fonds publics français ?
Alors, effectivement il y a un certain nombre de disfonctionnements, la cours des comptes fait son travail, et, l’AFD qui a une cotutelle du ministère de l’économie et du ministère des affaires étrangères, fera tout pour améliorer ça, pour être plus transparente, plus efficace, il y a aucun doute là-dessus, aucun doute, aucun doute. Si les processus ne sont pas transparents, s’ils ne sont pas performants, ils font des erreurs, il faut qu’on en tire les leçons, pour améliorer la performance qui provient bien entendu des impôts des français et moi-même ici au Cameroun, je suis très , très, très, très vigilants sur la bonne utilisation des ressources qui sont faites par l’AFD au service des investissements solidaires ici, sur les appels d’offre, sur la discussion, sur le dialogue que nous avons ici avec les autorités camerounaises. On est très vigilants. Mais, le monde n’est jamais parfait, et s’il y a des disfonctionnements, s’il y a des sujets à améliorer, on les améliorera.
Monsieur l’ambassadeur, lors du sommet Afrique France, on a évoqué la nécessité d’augmenter l’aide publique au développement, et cette aide publique au développement est portée par l’agence française de développement. Et vous avez reconnu tout à l’heure qu’il y a beaucoup de problèmes. Mais l’un des problèmes qui est également évoqué ici en Afrique c’est que les fonds débloqués par cette institution l’AFD sont débloqués pour des entreprises françaises. Alors je prends par exemple une enquête qu’a publié un media français, Mediapartdisclos, je vous rappelle les chiffres des différents marchés attribués par l’AFD sur la période de 2015 à 2019, alors, après avoir épluché ce registre des marchés publics de l’Union européenne, sur les 2019 appels d’offres passés entre 2015 et 2019, pour un total de 249 millions d’euros, alors, 320 lots sur les 495 lots de ces marchés là ont été attribués à des entreprises françaises ou basées en France ce qui est très important au détriment des entreprises africaines. Alors, quelle est la garantie que ces états de choses ne vont plus continuer ?
Premièrement vous avez dit l’AFD beaucoup de problèmes. Non, vous avez dit tout à l’heure l’AFD a beaucoup de problèmes. Non je n’ai pas dit qu’elle avait beaucoup de problèmes, mais quand il y a des disfonctionnements
Le numéro 2 de l’AFD dit dans le rapport de disclose qu’il y a beaucoup de problèmes
Attendez, tout à l’heure vous avez dit que l’AFD fait face à beaucoup de problèmes. Non, l’AFD est une agence, il y a beaucoup de sujets à traiter, il y a des améliorations, il y a des enquêtes, il y a des inspections, et on traite ça. Sur le deuxième sujet, sur les appels d’offre qui bénéficieraient aux entreprises françaises, je vous rappelle que l’AFD est financée par les impôts Français
Donc tout l’argent envoyé chez les africains doit repartir chez les français parce que C’est financé par des français ?
L’AFD est financée par des impôts des français, c’est une entreprise, c’est une agence qui est financée par le budget national français, qui vient du ministère de l’économie et des finances et du ministère des affaires étrangères. Le sujet, moi ça me choquerait en revanche que les impôts, l’aide publique au développement française, servent à financer des entreprises qui seraient pas françaises, qui seraient concurrentes. Ça choquerait. Néanmoins, les règles de l’AFD sont très claires. Les règles de l’AFD c’est de lancer des appels à projets dans un air délié. Il n’y a pas de lien entre les appels d’offres lancés par l’AFD avec les entreprises françaises, il n’y a pas de lien, ce sont les règles de nos CDE. C’est-à-dire, l’AFD lance des projets auxquels doivent répondre les entreprises européennes, dans leur ensemble, ou les entreprises locales camerounaises. Si vous constatez, ou si Media Part constate qu’il y a une majorité d’entreprises françaises qui répondent aux appels d’offre de l’AFD, c’est probablement en tout cas, moi je vois pour le Cameroun, on a beaucoup d’entreprises françaises qui sont dans le pays, qui connaissent le pays, et qui sont en mesure de répondre aux projets lancés par l’AFD. C’est tout, c’est pas plus compliqué que ça, parce que on a une histoire, parce que la France est présente ici ses entreprises sont présentes ici, elles connaissent, elles emploient des camerounais, elles peuvent remplir des chantiers de travaux publics aux quatre coins du pays, ça ne me choque pas.
Ok supposons donc que les marchés d’aides ont été attribués aux entreprises françaises, ce qui a été le cas pour les chantiers de rénovation des aéroports au Cameroun. Toujours dans l’enquête de Media Part, il est indiqué que l’AFD a accordé 46 millions d’euros aux ADC pour la rénovation de l’aéroport, les entreprises françaises ont été adjudicataires de ce marché. SOUJIA, et SATOM, qui sont des filiales de BTP et WINSHI et RAZEL BECK. Alors ils ont reçu un montant pour les marchés de 24 millions d’euros. Sauf que, 2 ans plus tard, une autre entreprise française, AIR France, sort un communiqué ou alors publie un communiqué, avec un consortium d’autres compagnies indiquant, je cité « qu’il y a une saleté repoussante à l’aéroport, une peinture défraichie, des branchements électriques incohérents, une piste d’atterrissage qui a des problèmes… ». Là, ce sont les termes de AIR France l’enquêteur ou alors le journaliste qui a fait l’enquête, à MediaPart a sollicité les documents pour savoir comment ces fonds ont été utilisés par les entreprises françaises, et on leur a soumis comme raison, le secret bancaire et que et que les documents de l’AFD ne peuvent être attribués. Finalement le journaliste a été condamné parce qu’il a sollicité les documents. Alors monsieur l’ambassadeur, vous qui êtes au Cameroun, comment ces fonds ont été utilisés et pourquoi cette absence de transparence ?
Alors, le marché de l’aéroport de Douala pour l’AFD, ça a été de refaire les pistes, c’était ça le marché et l’AFD s’est engagé à financer la rénovation des pistes de l’aéroport de Douala. Ce qui concerne l’aérogare, les moquettes, la peinture, ce n’est pas la responsabilité de l’AFD. Si un tel responsable d’Air France considère que les moquettes, les fauteuils où la peinture est défraîchie, ce n’est pas la responsabilité de l’AFD. L’AFD est intervenue pour la sécurité et pour la rénovation des pistes de l’aéroport de Douala, ce sont deux choses différentes. D’ailleurs l’AFD ne s’est pas opposée au secret, elle a répondu point par point dans un communiqué très claire sur les accusations de ce journaliste de Mediapart, donc il ne faut pas tout mélanger.
Je suis sensible aux questions des Télécommunications digitales, vous savez que Digital Africa qui menaçait d’être arrêté, a d’abord expulsé tous les africains, membres de son conseil d’administration. Premier conseil d’administration dirigé par Karim SY qui a démissionné à cause des problèmes de non transparence de l’AFD et ensuite Kisito le Nigérian qui a démissionné, au terme du sommet, on nous a fait savoir que Digital Africa devient une filiale de proparco, qui est l’instrument de financement des entreprises privées de l’AFD, alors est-ce qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter parce qu’il y’a un écart complet des africains pourtant le Président MACRON indiquait qu’il est important aujourd’hui que le développement se fasse avec les africains sur une table, aujourd’hui on écarte les africains et on met ce programme Digital Africa sous la ferrure de Proparco qui est lui-même une institution qui ne rassure pas, simplement parce qu’il y a beaucoup d’accusations. Par exemple sur Mediapart, qui est un média français, qui indique qu’il y a des fonds investis dans les pays comme l’île Maurice, les pays où ce n’est pas facilement traçable les fonds qui sont évoqués et également où les financements ne corroborent pas avec l’objectif de l’aide publique au développement qui doit encourager un développement solidaire comme vous l’avez dit. Il y’a des récriminations sur Proparco
Proparco qu’est-ce que c’est ? C’est une banque qui dépend de l’Agence Française de Développement et qui sert à financer le secteur privé des petites et moyennes entreprises. Elle a servi plus de 2000 petites et moyennes entreprises. Il y’a aucun sujet là-dessus, il n’y a aucun doute, il agit selon les règles de la profession bancaire qui sont très strictes, donc aucun sujet là-dessus, il n’y a aucun doute. Sur Digital Africa, il y’a des organisations, il y a des avant organisations, il y a des conflits de personnes, il y a des objectifs qui ne sont pas forcément les mêmes, c’est la vie des affaires. Quand vous dîtes que les africains ne sont pas associés, ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai. On est en train d’essayer de répondre sur Digital Africa comment encourager l’écosystème dans les différents pays d’Afrique, on tâtonne, on lance des idées, on est obligé de s’adapter. Donc qu’il y’a un conseil d’administration qui était démissionné, que les gens aient claqués la porte, que ce soit repris par d’autres, mais c’est la vie normale des affaires, c’est naturel, heureusement qu’on s’adapte. Il n’y a aucune malice derrière ça, ce sont des instruments qui servent à essayer d’encourager l’émergence, le renforcement des écosystèmes dans les nouvelles technologies d’information et de la communication dans les différents pays africains, où est le mal ? Où est le mal ? C’est la vie des affaires, voilà on s’adapte, il y’a des orientations, on est d’accord, on n’est pas d’accord et puis c’est tout. Ce qu’on essaye de faire, c’est d’être le plus performant possible, faire en sorte qu’on puisse répondre au mieux possible aux besoins de cet écosystème et à l’émergence d’un secteur fort en Afrique dans ce domaine. Et Proparco, aucun doute c’est une banque qui existe depuis 1977, près de 50 ans, elle est d’ailleurs, vous avez une représentante, elle est basée ici à Douala, et qui sert l’économie du pays. Vous avez le barrage de Nachtigal qui va fournir environ 30% de la capacité d’électricité de ce pays, et financé en partie grâce à Proparco. Et je vais vous dire, ce sont des tas et des tas d’exemples. Donc arrêter de comparer Proparco et les autres voilà, la théorie du complot il ya Mali ce sont des quartiers africains, ils sont là pour le développement de ce pays ci et des autres.
Il ya eu en 2020 le concours Challenge pour 1000. 1000 jeunes entrepreneurs avaient été sélectionnés pour prendre part au sommet de Bordeaux qui avait été reporté, il ya eu beaucoup de promesses, mais les lauréats de ce challenge ont été surpris de constater qu’ils n’ont pas été invités au sommet qui s’est déroulé récemment. Et ceux du Cameroun ont affirmés d’avoir contacté l’ambassade qui n’a pas répondu. Qu’est ce que vous dites par rapport à la non participation de ces lauréats au dernier sommet Afrique France ?
Effectivement, le challenge des 1000, il avait été lancé et organisé dans le cadre du sommet France Afrique de Bordeaux en juin 2020. Y a eu un très gros travail y compris ici au Cameroun, pour les faire immerger. Arrive la COVID au mois de Mars, le sommet est obligé d’être reporté et on ne savait pas combien de temps on serait privé de sommet. Pendant ce temps là, ils ont continué leurs activités, un an après on a reprogrammé, a Montpellier, selon un autre format, en juillet et en octobre. Ce que je veux dire c’est qu’on a essayé de s’adapter à ce nouveau concept, qui nous a profondément impacté, qui est celui de l’épidémie de la COVID. Donc on a refait surface, lors de ce sommet, et on a attiré le maximum de jeunes dans 5 domaines différents, le sport, la culture, l’entrepreneuriat, l’engagement citoyen, et la recherche et l’enseignement supérieur. On a tellement travaillé que la délégation camerounaise, était la plus nombreuse d’Afrique. 80 jeunes, juste pour vous donner un ordre de grandeur, la côte d’ivoire était 50. Vous avez la même démographie, l’économie ivoirienne est devant, vous en avez 80 qui représentaient le Cameroun dans ces domaines, 80 pour le Cameroun et 50 pour la côte d’ivoire. Et nous n’avons pas pris ceux du challenge de 2020. Nous sommes désolés, les chefs d’États avaient été invités à Bordeaux, ils ne sont pas venus à Montpellier, on a été obligés de se réorganiser, on a fait un sommet, …
Monsieur l’ambassadeur, il y a eu beaucoup de promesses en 2020 concernant ce dernier, est ce que l’ambassade est prête qu’est ce que l’ambassade compte faire pour ces lauréats puisqu’ils attendent toujours de l’ambassade.
Ils attendaient de pouvoir venir à Bordeaux, mais je suis désolé la COVID est passée par là, c’est pas la responsabilité de l’ambassade, les relations internationales, les liaisons aériennes, tout a été arrêté, l’économie s’est arrêtée, beaucoup de pays ce sont effondrés ce n’est pas la responsabilité de l’ambassade. Ces lauréats ont été sélectionnés à un moment donné, on continue à les suivre, on va regarder on va continuer à les accompagner, c’est un secteur qui est important pour l’économie du Cameroun et bien entendu qu’on va rester brancher là-dessus et essayer de répondre au mieux à leurs besoins de façon à mieux les encourager et à rendre ce secteur de l’économie camerounaise plus performante. Et donc on est désolé qu’ils n’ont pas pu tous venir parce – qu’on était obligé de changer complètement l’organisation du sommet de Montpellier par rapport à ce qui avait été prévu à Bordeaux. En tout cas on est très fier et très content, moi-même je suis très impliqué dans ce secteur, et je trouve que, les jeunes camerounais dans ce domaine sont très performants.
Monsieur l’ambassadeur l’agence française de développement c’est 8 milliards d’euros en 10 ans d’engagement au Cameroun, c’est du moins ce qui a apparaît sur les données qu’on peut consulter sur le site internet. Moi j’ai dit à un ami que je venais pour un entretien avec l’ambassadeur de France au Cameroun. Il me dit que c’est de la philanthropie en tout cas quand on vous écoute, vous parlez de l’aide publique au développement. Le terme aide là, est ce que la France n’a rien à gagner dans cette transaction. Moi je vous pose la question. 10 milliards d’euros, 2 milliards d’euros, ça fait quand même beaucoup d’argent. Que gagne la France à soutenir, à appuyer le Cameroun dans le procédé de l’agence française de développement ? C’est la première question, j’ai une autre qui va concerner l’endettement.
Alors, sur la première question pourquoi est ces que la France 60 ans après les indépendances est toujours présente au Cameroun par l’agence française de développement, pourquoi la France investit et consacre plusieurs centaines de millions d’euros chaque année au Cameroun, 60 ans après les indépendances. Il y a d’autres pays qui ont été des puissances coloniales, les pays ayant accédés à l’indépendance, les pays sont partis, il n’y a plus de relations. La France, c’est son histoire parce-qu’on a une histoire partagée avec le Cameroun.
Vous vous sentez coupables de quelque chose ? Est-ce que le France se sent coupable de quelque chose puisque vous dites, vous avez tout à l’heure utilisé le terme de responsabilités. Donc du point de vue historique, puisque nous avons un passé historique avec vous ? Est ce que vous vous sentez coupables de quelque chose à tel point que vous vous sentez dans l’obligation de venir nous aider ? Aide publique au développement. Celui qui aide c’est celui qui est en capacité de pouvoir aider le faible ?
Alors, tout d’abord, l’aide publique au développement mis en œuvre dans un pays, elle fait l’objet d’un contrat. Ce n’est pas la France qui impose, ça fait l’objet d’un contrat. Entre les autorités camerounaises et les autorités françaises. Si les autorités camerounaises ne veulent pas d’aide, il n’y aura pas d’aide. Si les autorités camerounaises ne veulent pas de projets, il n’y aura pas de projets. Première chose. Deuxième chose, les montants très importants qu’on a aujourd’hui dans le cas du C2D au Cameroun mis en œuvre par l’agence française de développement, ce sont des dettes du Cameroun à Linière de la France. C’est le Cameroun qui nous doit de l’argent. Ce n’est pas la reconnaissance d’une culpabilité, c’est de l’argent que le Cameroun a emprunté à la France, à un moment donné, le Cameroun ne pouvait plus rembourser cet argent, et on a converti cet argent en investissement dans le pays. Donc, ça n’a rien à voir avec un sentiment de culpabilité. Le C2D ces sont des remboursements que le Cameroun fait à la France et qu’on réinjecte immédiatement sous forme d’investissement solidaire au Cameroun et tout ça fait l’objet de partenariat entre les autorités camerounaises et les autorités françaises en fonction des besoins de l’économie camerounaise.
Jusqu’à présent, je ne sais pas toujours ce que la France gagne.
La France dit se faire rembourser les sommes et les réinvestir au service de l’économie. Pourquoi est ce qu’on fait ça ? Par ce- qu’on a des liens avec le Cameroun. Parce qu’on a un dialogue avec le Cameroun. L’aide publique au développement c’est de l’aide qu’on met à la disposition d’un pays. Bon, si vous voulez, allons plus loin, notre ambition c’est que ce pays, comme les autres pays africains, se développe de plus en plus, contribue au développement de l’Afrique, de sa population et renforce encore plus les relations économiques entre les deux pays. C’est ça l’ambition de la France, c’est contribuer au développement du Cameroun. Si vous voulez qu’on un peu plus de hauteur.
La session de novembre, je vais sortir par là, la session de novembre approche, c’est celle où on débat du budget, et il y a un point qui est récurrent, c’est celui de l’endettement du Cameroun. Vous avez des tendances qui s’affrontent, il y a une tendance qui estime que l’endettement du Cameroun est très élevé, et une autre qui estime que nous avons la capacité de rembourser les dettes que nous contactons, donc notre dette est soutenable. Donc que pensez vous de l’endettement du Cameroun c’est-à-dire que l’appui que vous nous donnez, l’appui que vous nous accordez est ce que à un moment donné la France à l’impression de mettre un peu la pédale douce de peur que le Cameroun ne se retrouve dans une situation où il est incapable de rembourser ? Vous l’avez dit tout à l’heure qu’à un moment donné la dette était tellement colossale qu’il a fallu trouver un mécanisme pour « pouvoir la rembourser ». Qu’est ce que pense la France de ces deux tendances qui s’affrontent suivant le rythme d’endettement du Cameroun ? Alors, l’endettement n’est pas une mauvaise chose en soit. Ça permet de dégager de la ressource, pour faire des investissements qui serviront à l’avenir, qui permettront de dégager des bénéfices qui permettront de développer des pays. Donc l’endettement en soit ce n’est pas mauvais. Ce qui est embêtant c’est le mauvais endettement ou le surendettement. Et depuis quelques années effectivement l’endettement du Cameroun était modéré et depuis quelques années cet endettement augmente. Est-ce qu’il augmente pour de bonnes ou pour de mauvaises raisons, ça c’est aux autorités camerounaises de déterminer si cet endettement est de nature à contribuer au développement du pays où si cet endettement ne contribuera pas au développement du pays parce qu’il est mal utilisé. Ça fait l’objet de discussion, d’analyse avec toutes les principales institutions internationales, la banque mondiale, le fond monétaire international, l’Union Européenne et bien entendu les responsables français concernés.
Merci beaucoup, moi je suis très heureux de cette initiative effectivement, qui n’était pas cadré, je ne savais pas quelles étaient les questions que vous allez me poser, il n’y a pas de limites non plus, j’ai accueilli bien volontiers, je ne vous ai pas chassé et ce que je veux dire c’est que j’aime bien cette discussion exigeante, j’aime bien qu’on me pose ces questions, parce qu’on est dans un pays où il y’a beaucoup de Kongossa. C’est important que vous journalistes vous fassiez vôtre, l’écho de ça et dans votre travail vous alliez à la source et essayer de comprendre pourquoi est-ce qu’on dit ça, c’est comment ? Et donc je suis ravi de ce dialogue exigeant et vous êtes les bienvenus la prochaine fois que vous entendez parler des choses comme ça qui ne vous paraissent pas très claires, je serai toujours à votre disposition pour répondre et clarifier, j’ai bien conscience que le sommet de Montpellier a ouvert beaucoup de portes, beaucoup d’interrogations et mon rôle ici au Cameroun c’est de répondre à ça, de clarifier et surtout aboutir à une relation décomplexée dans les esprits entre la France et le Cameroun.
Sébastien ESSOMBA