Dr Me Fostine Fotso/crise anglophone : “Je pense que la principale option de sortie de crise dans le Noso c’est le dialogue”
Dans un contexte de radicalisation des irrédentistes sécessionnistes favorables à la fragmentation du Cameroun par rapport aux régions dites anglophones, Nord-ouest et Sud-Ouest, pour la sortie de crise, Dr Me Fostine Fotso, Avocate au Barreau du Cameroun et ex-députée des Hauts plateaux bat en brèche l’option militaire. Elle réagi aux questions de nos confrères du quotidien le Messager.
La crise sécuritaire dans le Noso, aujourd’hui, s’enlise. Pensez vous que le chef de l’État, Paul Biya, s’est manifestement, impliqué au début pour la juguler ?
Parlons peu, parlons vrai. L’enlisement malheureux de la triste insécurité qui sévit dans le NOSO est connu de tous. Au départ, c’était des revendications corporatistes (Enseignants et Avocats). Des réponses avaient tout de suite été apportées. Malheureusement et malgré les revendications légitimes et les réponses apportées par le Chef de l’État, cette situation a pris une autre tournure malheureuse qui paralyse ces deux régions de nos jours. Mais vu l’ampleur de la situation, le Chef de l’État n’a ménagé aucun effort pour ramener la paix et la sécurité d’antan dans ces régions de notre pays. En votre qualité de journaliste, vous savez tout ce qui a été posé comme acte par l’homme à la main tendue, S.E Paul Biya. Je pense que si ce n’est que des revendications de départ, le Chef de l’État a promptement réagi pour régler cela. Mais à mon humble avis, il doit personnellement descendre au moins dans le Nord-Ouest ou le Sud-Ouest pour calmer ses enfants enragés et dévastés par la colère et la haine. C’est encore possible.
Aujourd’hui, l’on note un changement dans les offensives séparatistes par l’usage des engins explosifs improvisés sur fond de soutiens des djihadistes. Quel message passez-vous à ces bandes armées hors-la-loi, qui tuent, décapitent, brûlent les écoles, surfent les identités culturelles, Anglophones et Francophones pour parvenir à leurs desseins inavoués dont la fragmentation du Cameroun, quand l’on sait qu’ils sont les bras séculiers des impérialistes occidentaux dont les USA et la France avides de nos matières premières ?
Je pense qu’il faut que nous arrêtons un tout petit peu de voir l’enfer chez les autres; de penser toujours que le malheur ou les problèmes de l’Afrique en général, et du Cameroun en particulier proviennent de l’Occident, plus précisément de la France. Dans ma première prise de parole, j’ai essayé de présenter la genèse du problème. Ce que l’on vit malheureument au NOSO est un problème camerounais. Ce ne sont pas les Français ou les Américains qui tuent, brûlent, décapitent, violent…dans le NOSO. Ayuck Tabe qui est en prison ce jour n’est pas Français, ni Américain. Il est bel et bien Camerounais en sa qualité, de tête de proue de cette crise. Donc je pense qu’on doit raison garder , et nous tenir derrière le Chef de l’État, qui garde toujours la main tendue à l’endroit de nos enfants qui sont dans la brousse, pour qu’ils en sortent pour retrouver la Nation. Et c’est ce même message que je passe aux populations du NOSO, à savoir dénoncer auprès des forces de l’ordre, dès qu’elles en ont connaissance, d’informations sur ces hors-la-loi. Même message pour les parents, de rappeler leurs enfants qui sont dans les brousses, pour rejoindre les centres DDR spécialement créés pour eux par le Président de la République. Et ce message passe, eu egards aux milliers de reconvertis qu’on a dans ces centres. Pas plus tard que la semaine dernière, durant la descente du PM dans ces régions, il y a eu des repentis qui s’étaient présentés, séance tenante pendant que le PM parlait à la population. Cessons ce discours “pseudo panafricaniste”. La situation au NOSO est camerounaise et non française ou américaine. Elle sera résolue par les Camerounais avec l’aide des pays amis tel que la France qui depuis le début de cette guerre a apporté au Cameroun son soutien incommensurable et palpable. Comment pouvez-vous pointer l’Occident comme force exogène qui soutient les terroristes alors que Ambazonia Defense Forces (ADF) est classée sur la liste des organisations non Étatiques violents. On va vers le fichage de tous ce qui portera le nom ambazonie comme organisation terroriste…, ce fichage est réalisé par l’Occident. Soyons donc moins soupçonneux.
Dans les rangs de l’opinion, deux modes de sortie de cette crise s’opposent, à savoir, le dialogue avec les sécessionnistes et l’opinion militaire contre ces irrédendistes. Quelle est votre position ?
Je pense que l’État du Cameroun a opté pour le dialogue, en demandant à ces compatriotes de sortir de la brousse et de déposer les armes. Le grand dialogue a été organisé par le Président de la République, et des résolutions ont été prises. Certaines sont en train d’être implémentées de nos jours. C’est vrai que tout ne l’est pas encore, mais le souci du Chef de l’État c’est d’aller vite dans la matérialisation des recommandations du Grand dialogue. Puis, pour ce qui est de la présence de l’armée au NOSO, je ne pense pas qu’elle livre une guerre avec les séparatistes. L’armée joue juste son rôle de protection des personnes et de leurs biens. Elle s’active pour permettre aussi que les séparatistes ne paralysent pas les institutions classiques (l’école, l’administration …) de la République. Je pense donc que la principale option est le dialogue, à travers la main tendue du Chef de l’État, et l’option militaire n’est que subsidiaire. Ailleurs on a vu comment les separistes ont été combattus principalement et uniquement par l’option militaire. En Espagne avec la Catalogne par exemple, en Érythrée avec le cas du Tigré. En tant que républicaine, je reste sur l’option de dialogue, main tendue que prône le Chef de l’État. Que ceux qui détiennent les armes contre la république les déposent, et je pense qu’à ce moment nous allons organiser une table de discussion. Ce n’est pas possible de discuter avec ceux qui brandissent les armes contre la République. Tout problème a une solution.
Il est avéré que les séparatistes dans cette offensive ont choisi pour base arrière l’État de Biafra au Nigeria. Des patriotes avisés en matière géopolitique et géostratégique estiment que l’État du Cameroun doit engager une action diplomatique à l’intention du Nigeria pour obtenir de lui, le droit de les poursuivre dans ce repaire. Qu’en pensez-vous en temps que juriste ?
De prime à bord, il est important de relever que la diplomatie camerounaise, définie par celui qui l’incarne S.E Paul Biya, permet d’entretenir des relations d’amitié, de fraternité, de bon voisinage avec tous ses États voisins en général et le Nigeria en particulier. C’est d’ailleurs grâce à la qualité de cette diplomatie que les armes avaient été évitées dans l’affaire de la péninsule de Bakassi. Le Président Paul Biya ayant convaincu en son temps son frère le Président nigérian, de passer par la voie de droit pour résoudre ce litige frontalier. Vous et moi connaissons le résultat. Vous vous souvenez toujours que le Cameroun avait eu le droit de poursuite, de traque des terroristes de Boko Haram sur le territoire nigérian.
Revenant donc à l’affaire du NOSO, c’est grâce à la coopération avec le Nigeria que nos services ont pu dénicher et appréhender Ayuck Tabe dans un hôtel au Nigeria, puis le transférer au Cameroun pour répondre de ses responsabilités dans la genèse de la situation qu’on vit au NOSO de nos jours. Au vu donc de ses relations d’amitié avec le Nigeria, aucune base arrière des séparatistes ne saurait s’y implanter. Vous avez vu il y’a un mois, un trafiquant d’armes avait été arrêté par l’armée nigériane sur la frontière du Cameroun. Les enquêtes faites ont déduit que les armes étaient destinées aux séparatistes dans le NOSO. Il s’agit donc d’une lutte globale. Sur hautes instructions du Président Paul Biya, des séances de travail ont été organisées avec les responsables de notre voisin le Nigeria, dans le but de sécuriser nos deux frontières. C’est donc peine perdue pour les séparatistes car, ils ne pourront avoir aucune base arrière sur le territoire nigérian. D’ailleurs, la
COOPÉRATION CAMEROUN-NIGERIA est plus que fructueuse en ce moment. Tenez
le commandement de la police de l’État d’Akwa Ibom a arrêté deux Camerounais et un Nigérian en relation avec des activités Terroristes au Cameroun. Ne cherchons plus la France dans ce terrorisme vu ces nombreux cas de complices africains.
Dans les cercles du pouvoir central de Paul Biya, l’on dénonce des connivences internes en soutien aux bandes armées séparatistes, Afin de mieux tirer les marrons du feu. Selon vous, que doit faire le chef de l’État dans une perspective de la reconstruction du Noso pour consolider les bases du développement du pays ?
En tant que Avocate-Pénaliste, je ne peux parler des choses dont je n’ai pas les preuves, pour répondre à la question sur les “connivences internes” en soutien aux bandes armées. La guerre profite certes à certains réseaux camerounais qui se reconnaîtront en me lisant. Mais à chacun son boulot, le Cameroun a l’un des meilleurs services de renseignements au monde. Ces services doivent se mettre au travail et rendre compte si cela est avéré. Maintenant, je pense que le Président de la République reste dans sa stratégie de main tendue. La commission pour la reconstruction du NOSO a été déjà créée. Elle a à sa tête le Ministre délégué au Minepat, qui est un fils de l’une de ces deux régions. Pour que la reconstruction se fasse en toute quiétude, il faut que les armes se taisent. Et c’est ce à quoi s’attelle le Président de la République, avec la main tendue. La reconstruction du NOSO sera faite avec ces mêmes enfants qui sortiront de brousse. Beaucoup parmi eux apprennent des métiers de bâtiments et autres travaux publics dans les centres DDR. Nous encourageons et continuons de soutenir le Chef de l’État dans la recherche des solutions définitives pour permettre de consolider un développement durable. Le PM a annoncé lors de sa tournée au Nord-Ouest le lancement des travaux de la route Babadjou-Bamenda d’ici décembre. Cela veut dire que la reconstruction a déjà pris corps. Pour plus de sérénité, il faudrait que les choses reviennent à la normale.
(c) Source : Michel Josué Azap Ndongo, in le Messager