Dr. Manaouda Malachie : “Le Coronavirus continue de circuler parmi nous”
Face à la presse ce jeudi, 15 juillet 2021 à Yaoundé, le ministre de la santé publique a fait le point de la riposte au Covid-19 au Cameroun. Nous vous proposons en intégralité l’allocation du minsante qui lève l’équivoque sur toutes les questions liées à la lutte contre cette pandémie au Cameroun.
Monsieur le Secrétaire Général du Ministère de la Santé Publique ;
• Mesdames et Messieurs les Inspecteurs Généraux ;
• Mesdames et Messieurs les Conseillers Techniques, Directeurs et Assimilés ;
• Chers Collaborateurs ;
• Mesdames, Messieurs, les hommes des médias,
• Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d’abord de vous exprimer ma gratitude pour avoir réussi à libérer un peu de temps dans votre agenda pour marquer de votre empreinte, la présente conférence de presse qui, en réalité, est une opportunité à la fois de restitution et d’appropriation de la substance de quatre jours de concertation et de consultations intenses avec la totalité sinon, l’essentiel des acteurs impliqués dans la riposte contre la pandémie du COVID-19 au Cameroun.
Commencés depuis le lundi 12 juillet dernier, les échanges ont été d’autant plus fructueux qu’ils ont permis de poser de constats et d’explorer des voies d’amélioration de la riposte pour les 06 prochains mois. En effet, il a été question de consolider la stratégie de riposte Gouvernementale de manière à amoindrir, à défaut d’éviter la survenue d’une troisième vague de l’épidémie, conformément aux très hautes instructions de Monsieur le Président de la République, SE Paul BIYA. Je tiens ici à dire toute ma reconnaissance aux médias qui nous ont accompagnés tout au long de ces travaux, en portant à la connaissance de l’opinion, les réflexions amorcées dans cette salle depuis le début de la semaine.
En effet, cette troisième série de rencontre d’évaluation de la riposte contre le COVID-19 dans notre pays, se situe au lendemain d’une deuxième vague de l’épidémie enregistrée entre les mois de décembre 2020 et mars 2021. Cet épisode du mois de mars a été d’une grande ampleur et d’une virulence particulière, comme le témoignent les statistiques sur le nombre de personnes infectées, les taux de sévérité, de létalité et le niveau de saturation des services de prise en charge dans les centres agréés à cet effet. Cette deuxième vague aurait pu laisser davantage des séquelles importantes dans les différents segments de notre vie nationale, si nous n’avions pas anticipé sur deux points majeurs, à savoir le relèvement des plateaux techniques de nos différentes infrastructures sanitaires et le renforcement continu des capacités des personnels de santé.
Sur l’aspect particulier du relèvement des plateaux techniques de nos formations sanitaires, bien qu’il vous sera fait une présentation assez exhaustive des acquis de la riposte au COVID-19, je voudrais faire remarquer qu’en application des Très Hautes Prescriptions du Chef de l’Etat, le Gouvernement, sous la haute impulsion de son Chef, le Premier Ministre, a pris l’option d’investir dans l’avenir, afin d’aller au-delà de la simple mobilisation des ressources pour les biens de consommation éphémère ou pour les services dont l’importance n’est plus à démontrer pour la riposte.
Aussi, apparaissait-il de bon augure de consacrer des ressources dans des immobilisations corporelles de nature à structurer le système de santé même en dehors de la stricte riposte au COVID-19 ; toute chose qui permettra de renforcer de manière qualitative et quantitative l’offre de soins et services aux populations camerounaises. Permettez-moi donc de m’attarder sur quelques points essentiels qui témoignent du saut qualitatif opéré à la faveur de la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de riposte sanitaire contre le COVID-19.
En effet, il y a lieu de citer dans un premier temps, l’amélioration de la prise en charge des détresses respiratoires à travers le renforcement du plateau technique inhérents à la réanimation. Il ne vous échappe certainement pas qu’au début de la pandémie, nous comptions très peu d’équipements appropriés pour l’oxygénothérapie, y compris dans les grandes agglomérations du Cameroun.
A ce jour, toutes les formations sanitaires de 1ère, 2ème et 3ème catégories disposent d’équipements pour une prise en charge optimale de ces patients, tandis que les Hôpitaux de Districts et les Centres Médicaux d’Arrondissement ont été dotés, à minima, de concentrateurs d’oxygène et d’aspirateurs de mucosités, qui permettent notamment de prendre en charge, même les interventions chirurgicales dans ces formations sanitaires. Il en est de même pour les équipements d’exploration fonctionnelle, à l’instar des scanners et des appareils de radiographie mobile ou encore des équipements de monitoring des paramètres fonctionnels et de gestion des urgences à l’instar des appareils ECG, des défibrillateurs, des moniteurs de surveillance multiparamétrique, qui permettent aujourd’hui d’envisager, une prise en charge qualitative des patients.
Je tiens à dire qu’au début de la riposte, l’un des axes de préoccupation majeur pour la prise en charge des cas de détresse respiratoire était l’insuffisance d’équipements destinés à assurer cette prise en charge. Depuis l’année dernière, le Centre spécialisé de prise en charge du Covid-19, Annexe n°2 de l’Hôpital Centrale de Yaoundé (Orca), est pourvue d’une centrale autonome de production de l’oxygène médicale. Bien avant la fin de l’année, chaque région du pays disposera d’une centrale à oxygène.
Souvenons-nous, il y’a quelques années, que lorsqu’un médecin prescrivait un examen de scanner à un patient, ce dernier tombait dans l’angoisse de la facture à payer, mais plus encore, du temps à passer sur la liste d’attente pour les rares scanners qui existaient dans certaines villes. Grace aux efforts du Gouvernement, en plus de plusieurs hôpitaux régionaux qui disposent désormais d’un scanner, les Centres Hospitaliers Régionaux en cours de finalisation sont tous équipés d’un scanner de dernière génération. Certaines Formations Sanitaires, à l’instar de l’Hôpital Central de Yaoundé, en ont deux en ce moment. J’aurais pu ne pas citer le citer en exemple, mais ce serait injuste de ne pas souligne que même l’hôpital de District de Santé de Biyem-Assi possède déjà un scanner. C’est dire combien l’ambition est grande de révolutionner les plateaux techniques dans la quête permanente de l’amélioration de la qualité des soins pour le plus grand bien de nos populations. Ces différentes réalisations achevées ou en cours, nous confortent dans l’idée que la hantise de devoir se déplacer sur des longues distances pour aller se faire soigner, commence à se dissiper.
Autre constat, il est inconcevable que ceux-là même qui sont supposés détenir les savoirs sur les procédés de fabrication des vaccins, qui sont supposés détenir des connaissances suffisantes sur les retombées de la vaccination dans le monde et particulièrement dans notre pays, concernant au moins les maladies telles que la rougeole, la poliomyélite, que ceux-là disais-je, soient les premiers à s’abreuver aux évidences scientifiques des réseaux sociaux. Alors que la population confuse par le flot de nouvelles fausses, tronquées et manipulées sur ces plateformes virtuelles, attend d’eux les explications les plus claires pour être rassurer, ces derniers prolongent les méfaits des réseaux de la désinformation et pire encore, prêchent par le mauvais exemple, grossissant ainsi les rangs des vaccino-hésitants et des vaccino-septiques. Or, les vagues de l’épidémie de Coronavirus se succèdent certes, mais elles pourraient ne pas se ressembler. Heureusement, depuis quelques jours, les lignes bougent considérablement.
Mesdames et Messieurs,
Le relâchement généralisé de la pratique des gestes barrières est d’autant plus déplorable que depuis la survenue de la pandémie, le virus ne cesse de muter. C’est le cas à l’échelle de la planète toute entière, c’est aussi le cas chez nous. Preuve que le Coronavirus continue de circuler parmi nous. Même si nos hôpitaux ne sont plus bondés, il y’a par endroit des cas détectés et pris en charge toutes les semaines. C’est aussi curieusement dans ce contexte que s’est développée une réticence au vaccin contre le Covid-19, à cause principalement des manœuvres de désinformation orchestrées par des agents dissimulés derrière les réseaux sociaux.
“Les réseaux sociaux sont devenus un laboratoire malsain de manipulation des consciences”
Les idées les plus farfelues y sont répandues, les expériences les plus absurdes sont présentées et de fausses preuves contradictoires sont attribuées à des éminents scientifiques. Les réseaux sociaux sont devenus un laboratoire malsain de manipulation des consciences à travers la déformation des faits. Pourtant, dans ce même espace, des informations fiables circulent notamment pour répondre à toutes les questions qu’on peut se poser sur les vaccins, leurs procédés de fabrication et de validation, leurs efficacités, etc.
Dans ce même espace, des témoignages sincères et avérés sur les retombés positifs de la vaccination y sont diffusés. On y présente aussi comment les pays qui ont atteint l’immunité collective en vaccinant au moins 80% de leurs populations, recommencent à vivre normalement. C’est donc face à cette situation « de crise de la bonne information sur le vaccin » et devant l’expansion fulgurante du variant Delta qui représente une menace supérieure aux deux précédentes, que nous nous sommes engagés dans une campagne intensive de vaccination depuis le 7 juillet dernier.
Il s’agit d’abord de porter la bonne information au citoyen, là où il se trouve, de répondre à ses préoccupations sur le vaccin afin que, disposant de suffisamment d’information fiable, il prenne en toute conscience, la décision de se faire vacciner. Ainsi, sur la base de la remontée des données de terrain où les demandes de vaccination affluaient de partout dans certains certaines régions, ladite campagne a été prolongée jusqu’au 16 juillet. En ce moment, nous sommes surpris par le rythme d’absorption du vaccin par certaines Régions, notamment celle de l’Extrême-Nord, de l’Est, de l’Adamaoua, du Nord et du Sud, qui font recours aux régions voisines pour répondre à la demande locale, en plus des approvisionnements effectués directement auprès du Programme Elargi de Vaccination. Comme on peut d’ailleurs le constater, la vaccination de masse se fait davantage hors des grandes agglomérations. Et vous pouvez comprendre pourquoi ? Simplement parce qu’après avoir reçu la bonne information, les gens se décident plus facilement, d’autant qu’ils ne sont pas exposés à longueur de journée aux réseaux sociaux. Pour certains, ils ont l’habitude des épidémies et donc connaissent et comprennent les enjeux. Pour d’autres, ils n’ont pas oublié les retombées positives de certains vaccins reçus à titre individuel.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de remonter le cours de l’histoire pour rappeler que ces dernières années, nous n’avons pas connu de flambées exponentielles d’épidémies de rougeole, de diphtérie, de choléra ou de poliomyélite qui auraient affectés considérablement et durablement le devenir de certains nos enfants, pour la bonne et simple raison que nos différentes stratégies et campagnes de vaccination contre ces pathologies, déployées avec le concours de nos partenaires, ont porté des fruits.
Souvenons-nous qu’il y’a un an, notre pays était déclaré Free Polio, c’est-à-dire pays libre de circulation de poliovirus. Ces virus responsables de la déformation des membres de certains enfants lorsqu’ils échappent à la mort. Pour revenir au vaccin contre le Covid-19, il permet à celui qui a reçu sa dose ou ses doses complètes d’éviter de faire la forme grave de la maladie et donc de décéder. C’est une vaccination qui bénéficie, de prime à bord, à l’individu qui le reçoit. Elle est qualifiée d’immunité grégaire. Lorsque dans une communauté ou à l’échelle du pays, 80% de personnes sont vaccinés (selon l’OMS), le pays acquiert l’immunité collective. À ce moment, la capacité de transmission du virus est limitée. C’est à cette forme de protection que nous aspirons, parce qu’elle donne la possibilité de vivre ensemble sans redouter une éventuelle contamination.
Par ailleurs, il est loisible de constater que les effets indésirables répertoriés depuis le début de la vaccination le 12 avril 2021 sont ceux habituellement recensés : fatigue, nausées, fièvre. Des maux qui s’estompent rapidement dans un délai de 72 heures.
De plus, la surveillance des Manifestations post-vaccinales Indésirables permet de prendre entièrement en charge les allergies et autres réactions développées par l’organisme. Pour l’instant, 236 d’effets indésirables ont été recensés dont seulement 2 considérés par le Conseil Scientifique comme graves et directement liés à la vaccination. Ces deux cas ont été pris en charge et se portent bien à ce jour. Ceci est de nature à rassurer les candidats à la vaccination.
Sur la question du croisement de vaccins, c’est-à-dire la possibilité de prendre des vaccins issus des laboratoires différents, nous avons soumis cette question à l’appréciation du Conseil Scientifique qui, si cette démarche est sans danger, devra nous donner des orientations sur les combinaisons possibles.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi au moment où je m’achemine vers la fin de mon propos, de rappeler les données épidémiologiques au 14 juillet 2021 et qui présentent un cumul de 81 871 cas positifs pour 1 852 425 tests réalisés, soit un taux de positivité globale de 4,4%. 80 303 personnes sont guéries alors que 1 332 sont décès, soit uniquement 2 décès au cours des sept derniers jours, toute chose qui témoigne de la maîtrise de la pandémie.
A ce jour, nous comptons 235 cas actifs dont 17 dans les formations sanitaires, et 218 suivis en ambulatoire et 4 patients sous oxygène. Le taux de guérison est de 98%, celui de létalité à 1,6% soit moins élevé que les moyennes mondiale et africaine, tandis que le taux de sévérité est évalué à 0,2% et celui d’occupation des lits à 0,5%.
Avant de clore mon propos, je voudrais ici réitérer les encouragements du Premier Ministre à l’endroit de nos populations à se faire vacciner. Le Chef du Gouvernement a donné l’exemple en prenant ses deux doses de vaccin et en invitant les Membres du Gouvernement, qui se sont fait vacciner lors des sessions de vaccination organisées à la primature.
Je voudrais également rappeler que le Président de la République, SE Paul BIYA, qui dirige personnellement la riposte contre le Covid-19, a pris toutes les dispositions pour la protection de ses compatriotes contre cette maladie. Des doses supplémentaires de vaccins de Johnson and Johnson, de Sinopharme et de Spoutnik, ont été commandées et seront livrées en plusieurs cargaisons. La première cargaison est prévue au plus tard au début du mois d’Août prochain. En attendant, je rappelle que les mesures Gouvernementales de lutte contre le Covid-19 restent en vigueur. Et donc respectons les mesures barrières, portons systématiquement nos masques et allons aux vaccins, car Personne ne sera à l’abri, tant que nous ne serons pas tous protégé.
Que Dieu bénisse le Cameroun,
Je vous remercie pour votre aimable attention,
(c) Manaouda Malachie, ministre de la santé publique