DANS L'ACTUDOSSIERPOLITIQUE

Leadership de l’opposition : Que reste-t-il du SDF après 31 ans de combat politique ?

Le parti au point levé passe des moments difficiles après trente-et-un de bataille rude sur le terrain politique Camerounais.

Ce 26 mai 2021 marque le 31e anniversaire du Social Democratic Front. C’est en effet le 26 mai 1990 au lendemain du retour au multipartisme que naquit cette formation politique à Bamenda, dans un contexte particulièrement tendu. Plusieurs manifestants pro SDF ont été arrachés à la vie. C’était alors un vent nouveau qui soufflait sur le Cameroun, le vent de la liberté. Le parti va se lancer sans relâche dans une logique de revendications sociales. Ce qui aura permis quelques avancées notoires sur le sentier de la démocratie camerounaise et l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

L’on reconnait par ailleurs à ce parti le mérite d’avoir œuvré pour l’amélioration du système électoral au Cameroun. Si on peut se bomber le torse aujourd’hui d’avoir un organe indépendant en charge de l’organisation des élections, c’est grâce au combat du SDF. Ses militants ont travaillé dur pour y parvenir. Ils ont bravé les intempéries, défilant torse nu devant le chef de l’État au boulevard du 20 mai à Yaoundé pour obtenir l’introduction des urnes transparentes qui sont utilisés aujourd’hui. Malheureusement, le parti de la balance du chairman Ni John Fru Ndi semble avoir pris des rides, après 31 ans de bataille. L’arrivée sur la scène des jeunes formations politiques aura été pour beaucoup dans sa dégringolade, avec notamment le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du prof Maurice Kamto, qui aura causé un grand tort à ce parti politique, en piquant dans ses rangs des figures importantes. Aujourd’hui, au lendemain d’une élection présidentielle de 2018 au cours de laquelle le SDF a connu le pire des scores depuis sa création, le parti peine à se remettre, car, pris dans l’engrenage d’une bataille de positionnement assimilée à une guerre de succession, opposant l’Hon Jean Michel Nintcheu, Président régional SDF du Littoral à l’Hon Joshua Oshi, premier vice-président national. Dans cette bataille, Jean Michel Nintcheu accuse son camarade de pactiser avec le régime de Yaoundé, demandant ainsi son exclusion, conformément au statut du parti. L’affaire est actuellement en instance devant le comité exécutif national qui tente la médiation. L’une des raisons de la baisse de régime au SDF c’est la crise du Noso. Cette crise qui perdure depuis 2016 a impacté véritablement sur la représentation du parti de la balance au sein des institutions ; les deux régions en crise, le Nord-ouest et le Sud-Ouest étant considérées comme les fiefs naturels du parti.

Le SDF à la croisée des chemins

En 31 ans de vie politique, le Social Democratic Front aura connu des fortunes diverses. Son plus grand score remonte de la présidentielle 1992. Le SDF avait récolté 37% de voix, se classant deuxième derrière le parti au pouvoir, le Rdpc. Un résultat qui avait été violemment contesté. La grosse bêtise aura été le boycott la même année du double scrutin législatif et municipal, alors qu’il avait tout un boulevard, lui permettant de prendre le contrôle du parlement.

Aux élections législatives des 30 juin et 15 septembre 2002, le SDF a remporté 22 des 180 sièges de l’assemblée nationale camerounaise. Cette baisse de régime sera progressive, puisqu’en 2007, le parti quitte de 22 sièges à l’Assemblée nationale à 16. Il va connaître une légère évolution en 2013 en récoltant 18 sièges de députés. La chute vertigineuse jamais connue par le parti c’est donc à l’issue des dernières élections législatives et municipales de Février 2020. Le SDF n’a récolté que 5 sièges de députés. Une performance inquiétante certes, mais qui est imputée en partie à la crise dite anglophone. Il en sera de même avec la chambre haute du Parlement. Au terme des sénatoriales de mars 2018, le parti dispose de sept sièges sur les 100 que compte le Sénat, contre quatorze sièges lors de la première législature de 2013 à 2018.

Au regard de ces chiffres, il est clair que le SDF va mal, très mal. Il devient impératif de travailler d’arrache-pied pour permettre au parti de sortir la tête du lot. Le premier élément fondamental pourrait être la réconciliation entre les camarades du parti et ensuite, la réconciliation avec la base militante qui, à un moment donné, ne s’est plus reconnu du SDF. Il est constant que l’embourgeoisement de certains cadres a créé en quelque sorte une distance entre le sommet et la base. La célébration du 31e anniversaire ce 26 mai se présente donc comme un moment important pour poser les bonnes questions.

Houzer NGOUPAYOU

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