DANS L'ACTUPOLITIQUE

Crise au MRC : Christian Ntimbane Bomo tourne officiellement le dos à Maurice Kamto

Avocat et Société Civile Critique, Christian Ntimbane était l’un grand soutien au leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun dans la diaspora. Dans sa dernière sortie ce 24 mai, il indique la fin de sa collaboration et les raisons de cette décision.

La crise politique au MRC est loin de livrer son dernier verdict. Depuis le boycott des municipales et législatives de Février 2020, l’on assiste à une pluie de défections et des démissions au sein de cette formation politique. La fameuse affaire de l’initiative Survie Cameroon est venue envenimer la situation. De plus en plus, on parle avec emphase de détournement des fonds collectés par le peuple, pour la lutte contre le Corona virus, même si le capitaine en chef du bateau MRC, le Pr Kamto, évoque plutôt un bug informatique qui aurait fait disparaitre pas moins de 200 millions de nos Francs. Celui qui avait d’ailleurs la charge de conduire l’opération à la demande de Maurice Kamto, en la personne de Christian Penda Ekoka, est aussi en froid avec le leader du MRC car, rejete en bloc l’hypothèse du Bug informatique.

Depuis quelques jours, Christian Ntimbane Bomo, autrefois défenseur invétéré de Maurice Kamto est complètement remonté. Comme Penda Ekoka et autres acteurs critiques, il n’adhère pas à l’hypothèse du Bug informatique. Il dénonce le détournement massif de l’argent cotisé et destiné à la lutte contre le covid19. C’est ainsi qu’il décide de mettre fin à toute collaboration politique avec le leader du MRC qu’il ne trouve plus crédible. “JE RETIRE OFFICIELLEMENT MON SOUTIEN POLITIQUE A MAURICE KAMTO, CE JOUR” , a-t-il écrit ce lundi, 24 mai 2021 à 18h35 sur son compte.

Échec ou banditisme politique ?

Sur les raisons de sa décision, Christian Ntimbane Bomo s’est voulu clair et exhaustif : “Je ne regrette pas d’avoir apporté un soutien considérable au citoyen et président de parti, Maurice KAMTO, depuis le début des arrestations suivies de poursuites judiciaires iniques, contre lui et les membres du MRC. Je maintiens toutes mes déclarations et écrits à propos. Je lui suis d’ailleurs reconnaissant d’avoir reconnu ma participation, par téléphone et dans une lettre d’encouragement qui m’a été transmise par Monsieur Alain FOGUE et que je conserve dans mes archives. Je l’ai fait courageusement, de façon acharnée, au vu et au su de tous. J’ai donc le sentiment du devoir citoyen accompli, d’avoir porté ma voix pour  exiger le respect des droits et libertés  de mes compatriotes , bafoués. Et s’il fallait le refaire, je le referais avec autant d’emphase. Le soutien que je retire aujourd’hui à Maurice Kamto, est de ce fait, purement d’ordre politique. Car au-delà des appels à la défense de ses droits et libertés comme indiqué sus, j’avais déclaré publiquement et à plusieurs reprises que je le considérais comme le leader du peuple camerounais dans sa lutte  visant à doter le Cameroun, d’un code électoral consensuel. Et que, si ces actions aboutiraient à l’adoption d’un système électoral qui permettrait au camerounais d’élire librement  leur président de la République , je le voterais et je appelerais le peuple camerounais à le voter. Car pour moi, le développement du Cameroun passe par le choix libre du peuple de son président de la république. C’est cette posture affirmée pro-Kamto, qui me donnera dans l’opinion publique l’image d’un allié, voire de celui de militant du MRC. Ce que je n’ai jamais été. Je n’aurais donc pas à descendre d’un train comme j’entends certains dire ça et là, parce que je ne suis  monté nulle part. Encore moins, ai été dans une équipe de quelque nature que ce soit. Je suis resté un homme libre, indépendant de tout engagement associatif, un membre de la société civile, avec simplement un regard critique sur la vie politique de mon pays (La Société Civile Critique). Mais au vu de l’évolution politique actuelle , il m’est impossible de continuer à soutenir Maurice Kamto, parce que pour moi, il ne  mène plus véritablement et efficacement, le combat pour  un code électoral consensuel au Cameroun. Mon soutien n’a donc plus de sens. Car pour y parvenir, il lui aurait fallu mobiliser les camerounais. Malheureusement, il  ne parvient pas à incarner cet élan mobilisateur, et  pour cause : Sa compatibilité politique  avec des groupuscules d’ethnofascistes  et autres haineux de son ethnie, qui  se revendiquent ouvertement de lui et, auxquels, il n’a jamais, clairement, distinctement  et fermement demandé de ne plus associer son image et son nom dans leur macabre démarche de division des camerounais. Une telle omission ou carence relève de la faute politique et  est considérée dans une matière qui nous est commune, le droit, comme la complicité. D’où découle inéluctablement sa responsabilité politique. Au risque de perdre  une très grande partie de son électorat, grands adeptes de la funeste théorie du ” Grand remplacement       (envahissement de la France par des gens de couleurs), même la leader politique française, Marine Le PEN eut le courage de les dénoncer  : “Le concept de grand remplacement suppose un plan établi. Je ne participe pas de cette vision complotiste», dira t-elle outrée. En réaction à cet exemple, d’aucuns essaieront de brandir les discours de Maurice KAMTO fustigeant le tribalisme, mais dans le cas d’espèce, Marine LE PEN n’a pas procédé à une  condamnation généraliste du racisme, mais à la dénonciation  d’un courant idéologie raciste bien spécifié de son camp. Il serait donc revenu à Maurice Kamto de : condamner ouvertement, rejeter clairement, ce mouvement ethnofasciste bamiléké qui se revendique expréssement de sa vision politique et qui participe activement à sa promotion politique, comme il l’a soigneusement fait au Canada contre les secessionistes Ambazoniens ou contre Monsieur Patrice Nganang. Prétendre, comme il l’a déclaré, qu’il ne saurait interdire à quiconque, militant de son parti ou pas, d’afficher son amour pour lui, alors que ces personnes portent des discours de haine et de stigmatisation tribale, pourrait valablement être traité, sans exagération, de malicieuse connivence. En décidant de soutenir Maurice Kamto, j’étais aussi interloqué par toutes ses attaques à caractère tribale dont il a été victime du fait de son origine  : “Un bamiléké ne sera jamais président de la république”. Une telle déclaration en République, est inadmissible, frustrante, stigmatisante et hautement haineuse. Je ne pouvais pas et  ne pourrais jamais me taire, d’une manière ou d’une autre, face à  de tels propos. Je les condamnerais perpétuellement. Je suis totalement pour le militantisme politique autour des idées, programmes, projets et visions et non pas sur des regroupements politiques tribaux qui sont des semences à la guerre civile. C’est mon combat pour le Cameroun de notre génération et de celui de nos enfants. Dans notre pays, nous devons parler parti politique et non pas tribu politique. Ce retrait de mon soutien à Maurice KAMTO, ne sera pas  le déclenchement d’un combat contre lui ou contre son parti le MRC , dans lequel j’ai de nombreux  amis, connaissances et confrères avec lesquels , je continuerais d’ailleurs, d’entretenir de cordiales et fraternelles relations. Tout étant, je me réserverais aussi mon droit à la critique constructive à l’égard de ses actions politiques que je pourrais tout autant approuver, y adhérer ou désapprouver, comme je le ferais pour tout autre acteur politique qui veut gouverner notre pays. Ma fascination pour le grand intellectuel, l’un des meilleurs de lhistoire du Cameroun  et de l’excellentissime confrère restent intacts. Ma détermination dans la lutte pour la démocratie, l’alternance et le changement politique au Cameroun  restera aussi la même. Mais dans une posture différente. Vous en  serez très bientôt informés” , pouvait-on lire sur son compte.

Sébastien ESSOMBA

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