Dissensions au SDF : Les figures de l’impertinence !
Figures de proue du social democratic front, cette formation politique qui leur a tout donné, Hon Fopoussi, Jean Robert Wafo et Hon Nintcheu, brillent depuis un moment par des prises de position qui tranchent avec la logique du SDF. Ils sont accusés à tort ou à raison en interne de travailler pour la chute du SDF au profit du MRC de Maurice Kamto.
En date du 20 septembre 2020, à deux jours des manifestations du 22 septembre projetées par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et dont l’objet était de “chasser” Paul Biya du pouvoir, le chairman du social democratic front, intervenant sur la chaîne panafricaine Afrique médias depuis le pays de l’oncle Sam où il se trouvait pour problème de santé, a été catégorique en ce qui concerne la position de son parti par rapport au mot d’ordre du prof Kamto. En critiquant la méthode Kamto et de ses partisans, il avait indiqué clairement que son parti ne saurait participer à un tel mouvement qui pourrait déboucher inéluctablement sur une guerre civile. Il rappelait alors à travers ce débat panafricain la logique républicaine de sa politique qui ne vise qu’à assurer le bien-être des camerounais. Cette sortie qui avait été très saluée par la plupart d’acteurs politiques sur le plateau avait fait l’objet de commentaires et d’interprétations sur les réseaux sociaux. Seulement, un jour après, sur fond d’un recadrage on dirait, le ministre de la communication du shadow cabinet, Jean Robert Wafo, par une communication rendue publique, va tenter d’indiquer que le chairman n’a jamais dit qu’il était défavorable à l’appel de Maurice Kamto. Une communication à l’allure en réalité d’un recadrage de son patron.
Cette posture traduisait le malaise ambiant au sein du social democratic front. Le parti du chairman Ni John Fru Ndi fait de plus en plus l’objet d’une sorte de dissensions permanentes entretenus par des figures bien connues. En l’occurrence, l’Hon Jean Michel Nintcheu principal artificier de la dissidence, soutenu dans sa logique par Jean Robert Wafo devenu son porte-parole et défenseur permanent. Le troisième larron qui s’est invité dans la danse et d’une manière assez brusque et inimaginable s’appelle Evariste FOPOUSSI FOTSO. Dans une communication il y a quelques jours, l’ancien député SDF appelle indirectement le parti à se rallier au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun pour ” chasser ” le régime Biya au pouvoir depuis 1982.
“Sur un plan plus stratégique, aucun combattant ne devrait jamais se réjouir des malheurs ou des mauvais coups qui sont assenées par le régime a un autre combattant comme ceux que reçoit le MRC a l’heure actuelle. Surtout que ce parti paie le prix de son audace de rester fidele a la stratégie de la mobilisation populaire qui seule fait bouger les dictateurs dans tous les pays du monde, au moment où englués dans leurs querelles internes, beaucoup donnent l’impression d’avoir baissé les bras. Le devoir de solidarité s’impose par conséquent autant pour condamner les mauvais coups qu’il reçoit actuellement que pour exiger la libération sans condition de tous ses militants ainsi que tous les combattants de la liberté qui ont été illégalement embastillés a la suite des marches pacifiques dont le principe est reconnu par la constitution. Car en réalité, tous ces coups sont destinés a tous les opposants aux dérives dictatoriales du régime et n’ont atteint pour le moment le MRC et ses militants que parce qu’ils sont plus visibles sur le front du combat (…) Le MRC comme tous les partis et associations de la société civile qui poursuivent le même combat que le SDF, sont des partenaires de lutte dont l’unité d’action est indispensable pour la victoire finale” , écrivait alors Evariste FOPOUSSI dans ce pamphlet qui n’a laissé personne indifférente.
Difficile compromis
Depuis en effet la création du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, le MRC, ça n’a jamais été l’amour parfait entre les deux formations. La pomme de discorde étant la méthode de recrutement du MRC qui avait une cible privilégiée, le SDF. Ces recrutements faisaient l’objet des célébrations dans les rangs du MRC et même des railleries, voyant ainsi le SDF se dépouiller de tous ses cadres. Ainsi s’installa une sérieuse guerre de leadership entre les deux formations politiques. En 2018 avant la présidentielle on s’en souvient, Ni John Fru Ndi dans un meeting politique de présentation du candidat Joshua Oshi avait été clair parlant d’une alliance de l’opposition. Selon lui, ce n’est pas au SDF d’aller vers le MRC, mais l’inverse, compte tenu de plusieurs paramètres tels, l’expérience, l’occupation de terrain etc. Du coup, la demande de s’associer à la cause du MRC ne saurait être l’idée du leader du SDF qui est d’ailleurs traité tous les jours de traîtres par les partisans de Maurice Kamto pour avoir opté pour une opposition républicaine.
En vérité, sans être défaitiste, la réalité au sein du SDF mérite un diagnostic véritable pour la relance de cette formation politique qui reste jusqu’aujourd’hui en dépit de toutes les autres considérations une boussole qui guide les luttes politiques au Cameroun depuis 1990. La jactance politique de Jean Michel Nintcheu, responsable régional du Littoral qui s’arroge malheureusement le privilège de parler au nom du parti en invitant chaque fois les militants dans la rue sans le quitus de sa hiérarchie est à déplorer. Il brille par des sorties multiples. Pourtant, l’on est sans ignorer l’organe à qui reviennent les grandes décisions au sein de ce parti, notamment le comité national exécutif (Nec). À défaut des assises du Nec, la sortie de Joshua Oshi, premier vice-président et candidat du SDF à la dernière élection présidentielle ou du chairman lui-même pourrait faire foi. Comme au Rdpc, on a l’impression de vivre au social democratic front une guerre de succession entretenue par Jean Michel Nintcheu qui s’est fait un porte-parole, en l’occurrence Jean Robert Wafo.
Toutefois, à y voir de près, la tendance Jean Michel Nintcheu qui s’oppose vraisemblablement au SDF originel, semble avoir pas mal d’accointances avec le MRC. La stratégie, le tempérament et le radicalisme à outrance de cette tendance laisse entrevoir un mariage incestueux avec le MRC. En dehors des appels à répétition à la désobéissance civile ces derniers, l’on a vu le député Jean Michel Nintcheu à la veille des élections municipales et législatives du 09 Février 2020 piétiner le drapeau national. Une image qui avait fait le tour de la toile, le rapprochant par la même occasion des rebelles sécessionnistes et la brigade dite anti sardinard qui opère dans une barbarie inestimable à l’extérieur du pays. À plus d’une reprise, il a d’ailleurs été annoncé au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun avant la décision fatale du prof Kamto de boycotter ces élections. Les agissements de Nintcheu visent-elles à tuer définitivement le SDF pour se positionner au MRC comme l’indique une certaine opinion ? Bien malin qui pourra répondre à cette préoccupation. Mais toujours est-il, l’on ne saurait tout de même s’empêcher de s’interroger un temps soit peu sur les valeurs intrinsèques de ce dernier qui brille par des critiques acerbes contre le régime de Yaoundé, mais qui malheureusement en trois mandats, n’aura jamais rien fait de bon pour cette population qui l’a envoyé au parlement, si ce n’est une défense vaine de la cause bamileke au terme d’un concours d’entrée à la fonction publique alors qu’il a été élu par le peuple Sawa. Quel paradoxe !
Sébastien ESSOMBA