DOSSIERPOLITIQUE

Péril sur la décentralisation : Le préfet Bonyomo Donatien déclare la guerre aux exécutifs communaux du Noun

Il s’oppose farouchement à la mise en place de la police municipale. Une attitude très mal appréciée et considérée par le Maire de Foumban comme une provocation de trop.

La sérénité est loin d’être de mise entre les élus locaux UDC du Noun regroupés au sein d’un syndicat dénommé syndicat des communes du Noun, et l’autorité administrative, notamment le préfet Bonyomo Donatien. Tout est parti de l’initiative de mettre sur pied une police municipale par ces exécutifs communaux, à l’effet d’œuvrer contre les désordres urbains. Initiative qui va se heurter malheureusement à une opposition farouche du préfet qui refuse catégoriquement sa mise en place, convoquant certaines certaines dispositions de la loi.

Hon Tomaino Ndam Njoya, Maire de la Commune d’arrondissement de Foumban, coordonnatrice nationale des activités de l’Union Démocratique du Cameroun et Présidente du syndicat des communes du Noun, debout dans ses bottes, n’entend pas s’arrêter face à ce qu’elle considère comme une provocation de trop de la part du préfet. Elle poursuit avec sérénité la matérialisation de ce service de police municipale, avec les cinq autres maires des communes membres. Le lancement de la formation dudit personnel a eu lieu vendredi dernier à Foumban, en dépit de la pluralité de communiqués d’interdiction de l’autorité administrative.

Ce que dit la loi

En effet, l’article 86 alinéa 1 de la loi sur les collectivités territoriales décentralisées, stipule que: “Le maire est chargé, sous le contrôle du représentant de l’État, de la police municipale et de l’exécution des actes de l’État y relatifs” . La même loi dans son alinéa 2 indique clairement que la “création d’un service de police municipale est autorisée par délibération du conseil municipal qui en fixe les attributions, les moyens et les règles de fonctionnement” . Au regard des dispositions susvisées, il ne ressort nulle part l’autorisation préalable du préfet pour la mise en place d’un service de police municipale, mais juste une mission de contrôle dès lors que l’initiative émane d’une délibération par le conseil. Un véritable péril sur la décentralisation au moment où tout semble indiquer la volonté de l’État du Cameroun à parfaire celle-ci, pour tenter de juguler les crises multiples dont la plus patente est celle des régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest.

En réalité, les préfets, jusque-là considérés comme la tutelle des mairies (un abus de langage dans un processus de décentralisation), se sont toujours comportés comme des roitelets devant les élus locaux, qui ont finalement les mains liés face à la toute puissance des autorités administratives. Pire encore si on appartient à une formation politique autre que celle que porte dans son cœur le représentant du chef de l’État. Assurément on le sait, ce penchant ne peut qu’être en direction du parti de celui qui les nomme. Avec la création d’un ministère dédié exclusivement à la décentralisation, il serait judicieux de clarifier les rôles pour éviter des combats inutiles comme celui qui est livré à l’heure actuelle dans le département du Noun.

Deux poids, deux mesures

En présidant le lancement de la formation des agents de police municipale, Hon Tomaino Ndam Njoya n’a pas été tendre à la l’endroit du préfet Bonyomo Donatien à qui elle a d’ailleurs commise une lettre ouverte. Dans cette lettre, l’édile de Foumban passe en revue le séjour du préfet qu’elle considère de plus calamiteux dans le Noun, avec une mission qui ne visait dit-elle, qu’à broyer la machine de l’UDC. “Il se trouve hélas, que nous vous avons retiré notre confiance, au regard de votre mauvaise foi dans la gestion de plusieurs dossiers nous concernant : par exemple, depuis 2013, vous avez gardé par devers vous, toutes les délibérations de nos Communes membres du syndicat, relatives à l’adhésion au syndicat, à la police municipale et bien d’autres intérêts. Nos délibérations pour ce nouveau départ, nous allons les porter au ministre” , relate Hon Tomaino dans cette lettre qui s’interroge en même temps : “Comment expliquez vous que vous autorisez les services de la police municipale quand il s’agit d’une mairie Rdpc dans le Noun et face aux mairies UDC, vous avancez qu’elles forment des milices ?”

Pour rappel, en 2013, le conseil municipal de la commune d’arrondissement de Foumbot, réuni en session ordinaire du 28 novembre, avait autorisé le maire à l’époque, de la création d’une police municipale. La décision n’avait fait l’objet d’aucune opposition de la part de cette même autorité administrative en fonction jusqu’aujourd’hui. La police municipale en question avait été constituée. Elle a servi jusqu’à la fin du mandat du précédent exécutif municipal, c’est-à-dire en Février 2020. La Mairie en ce moment faut-il le rappeler, était conduite par le Rdpc. Du deux poids deux mesures décriés par les cadres de l’UDC. Sauf une nouvelle prolongation, le préfet pourrait jouer ainsi ses dernières cartes avant sa mise à la retraite. Il l’aurait été depuis l’année dernière, n’eût été la décision du chef de l’État de prolonger d’un an le séjour de certains préfets dans l’administration. En tout état de cause, il faut mettre fin à ces guéguerres qui tirent davantage le Noun et ses enfants vers la profondeur de l’abîme. “Quand les éléphants luttent, seuls les herbes en souffrent”, dit le dicton.

Sébastien ESSOMBA

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