Jean de Dieu Momo : “Maurice Kamto est monocorde, monophonique et totalement contradictoire”
Dans une sortie épistolaire sur son compte Facebook, le président des Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun (Paddec), et par ailleurs ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des sceaux, n’a pas été tendre vis-à-vis du prof Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), à l’origine selon lui, de la division et du tribalisme au Cameroun, malgré la crise sanitaire que traverse le pays.
“Un simulacre d’assistanat
Tandis que le Cameroun, comme un seul Homme, fait face, tant bien que mal, à la fois à une épidémie (COVID-19), à une insécurité favorisant encore les atteintes aux personnes et aux biens dans certaines localités des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, aux incursions de la nébuleuse « radico-islamiste boko haram » dans d’autres localités des régions du septentrion et aux difficultés permanentes du maintien de l’ordre public sur l’ensemble du territoire national. Non sans occulter les résistances à l’arbitraire, par « certains », dans l’accélération de la mise en œuvre des résolutions issues du GRAND DIALOGUE NATIONAL (Décentralisation, Statut spécial, etc…), dans la poursuite des réformes économiques (densification de l’infrastructure de notre matelas économique), dans la réalisation des réformes sociales (logements sociaux, renforcement des structures de santé communautaire, élargissement de l’accès aux ressources vitales – Eau – Electricité – Alimentation) et en cet impératif non hypothétique, mais catégorique, celui qui s’applique à la loi morale dans le rapport des générations présentes à notre système de formation et d’éducation.
Voici venir un opportuniste de vol en rase-mottes, incitant aux clivages par un processus consistant à perturber, faute de pouvoir détruire tout ce qui se construit au bénéfice du Peuple Camerounais dans son entièreté. Maurice Kamto a pris un risque : celui d’afficher une fois de plus son idéal du moi. C’est à la fois un vœu d’affranchissement des préjugés – il avait soustrait unilatéralement son parti des précédentes élections municipales et législatives – et un désir narcissique avec le reflet d’un échanson à la triste figure. C’est un aveu et une envie : l’aveu que le Renouveau Politique a remporté avec une large majorité l’adhésion d’ensemble, que l’on ne peut arriver au pouvoir par les raccourcis d’une introspection du clivage du moi ; et l’idée que l’on pourrait se passer, au pif, d’une synthèse féconde enracinée dans l’imaginaire de la société camerounaise.
La pulsion narcissique, qui est toujours derrière l’idéal du moi, finit par devenir perturbateur de la cohésion d’ensemble en construction perpétuelle, quand l’ego se confond au renoncement puisque l’égoïsme se rapporte à l’altruisme en temps opportun. On peut supposer que Maurice Kamto découvre la non-naïveté du Peuple Camerounais – que le Cameroun d’en bas ne réagit pas aux réactifs clivant et qu’il est impossible de le manipuler à souhait à partir d’une petite bulle sociologique « tontinière », à cheval entre une bourgeoisie d’argent et un prolétariat de compétences (apprentis sorciers). Cette petite caste découvre de façon traumatisante, qu’il y a des forces de frottement. Maurice Kamto est invariant, ce qui ne lui permet pas de comprendre ses lacunes foncières et de chercher à les combler, en fermant la fenêtre de la maison commune camerounaise qu’il laisse entrouverte. Qui n’a pas en lui-même un principe supérieur à soi jouit d’une grande plasticité.
Le plus difficile est de se faire à une situation où on se trouve sous domination par une meute qui promeut essentiellement ses mineurs intérêts égotistes au nom des intérêts de la Nation. Ceci montre avec un recul et une profondeur, que le microcosme contradictoire sorti des aigris aux oubliettes de l’histoire politique contemporaine et récupéré par une formation politique prématurée pour faire valoir une perturbation contreproductive, n’a de la vision qu’en aperçu.
Et le côté, « nicodème » et égotiste de Maurice Kamto est à reconsidérer en pire, Cabral Libi s’en sort mieux, en revanche. C’est un opportuniste tout-terrain, et Maurice Kamto a eu tort de ne pas s’en rapprocher : une araignée dont la toile ne capture que des alliances infécondes, et cela ne nous change pas des éléments de langage de ses prédécesseurs.
Maurice Kamto fécond, certainement pas. Infécond, c’est un peu court. Reste la formule de Gaël M’bekem, « le nicodisme de la modération. ». Mais en rigueur, c’est absurde. On ne peut mettre dans le même sac un aigri remonté à tort et un homme du Renouveau, un sceptique et un croyant, un regard aigu mais limité et une voyance continent. Ce serait comme comparer le bois St Anastasie de Yaoundé à la forêt équatoriale. Nous le disons parce que dans un admirable livre de Romain Gary, « Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valide », qui est une réflexion sur le déclin d’un individualisme ne pouvant s’élever à une dimension intégrant le dynamisme intercommunautaire. Maurice Kamto a un environnement microcosmique, pas purement sociétal et social : ça pressent à volonté le roussi, la catastrophe, il met le désordre dans l’ordre et l’ordre dans un fatras de préjugés.
Tout Homme politique a des sensibilités, mais chez Maurice Kamto, il y a une sensibilité condescendante. Après son échec à l’élection présidentielle, le don à profaner tout ce qu’il touche s’est manifesté en lui : il voit l’idée à travers le ramassis, le symbole à travers la catastrophe. Il a une façon insolite de réunir les contradictions : un égotisme dément doublé d’un scepticisme non moins dément, incrédule – gentiment pantin mais assez « petit bras » côté alliance. Maurice Kamto a les deux registres, sottie (sous le couvert d’une bouffonnerie souvent grossièrement jouée par des « sots », on se livre à une attaque hardie contre les mœurs et les pouvoirs établis.), et zélateur (un zèle ardent, le plus souvent intempestif). Il y a chez lui l’ombre portée de la catastrophe sur les accidents de la vie. Et nous pensons qu’il s’agit là du propre du follet : réunir les éléments pyromagnétiques.
Maurice Kamto est monocorde, monophonique et totalement contradictoire. Mais l’immense est Africain, encore plus, Camerounais, ça nous dépasse et, pas que lui. C’est aussi ce en quoi il subit, au sens d’Albert Camus, une « rémission matinale » dans un hospice du paysage politique actuel. Moment hystérique amplifiant le zèle d’un nouveau converti, déchainé et motivé, présentement, par la traduction en symptômes variés de représentations et de sentiments inconscients et incohérents.
Ce n’est pas la même ouverture de compas. Chez le Renouveau Politique, ce compas est à l’horizontale – la personne dans sa dimension plurielle – la communauté de gout en partage – la Nation – l’humanité, et à la verticale avec les institutions républicaines – continentales et internationales y comprises. La complexité du Renouveau Politique est panoramique, car le Renouveau politique n’attache pas l’épique aux institutions républicaines, mais au Peuple Camerounais, en renforçant les liens et les échanges entre ses multiples et diverses communautés, au-delà d’une réduction ethnologique : ayant bien repéré puis saisi la mosaïque intercommunautaire, le Renouveau Politique voit le Peuple Camerounais dans l’entièreté de son existence, c’est-à-dire l’universelle et intemporelle réunion de tous les camerounais où que ce soit, autour d’un idéal communautaire fécond.
Le Renouveau Politique peut être approprié, assimilé, par tout le monde, aussi bien en Afrique qu’au reste du monde en ce moment dominé par la menace des incertitudes galopantes. L’épopée nationale, par définition, ne passe pas par la frontière ; l’épopée populaire, cela résonne. C’est pour ça que le Renouveau Politique est une introduction féconde à la domination dans l’affrontement au Destin, contribution applicable sur l’Afrique et, à bien des égards, au-delà. Ce qui n’est pas le cas du café de commerce que propose Maurice Kamto.”
(c) Yaoundé le 15 mai 2020, MOMO Jean de Dieu, Président du Paddec