JIF 2020 : L’Association Kofi Annan interdit d’accès à la place des fêtes de Bafoussam
Il est reproché aux femmes de cette ONG d’avoir arboré les t-shirts noirs portant les messages de Paix dans les régions anglophones
L’Association Internationale Kofi Annan, organisation de la société civile, n’a pas pu prendre part au défilé marquant la 35e édition de la journée internationale de la femme ce dimanche 08 Mars 2020 à Bafoussam, pourtant enregistrée formellement à cet effet. Arrivées en matinée comme les autres associations, les femmes volontaires de l’Association Internationale Kofi Annan se verront interdire l’accès à la place des fêtes de Bafoussam par les forces de maintien de l’ordre.
Il est reproché à celles-ci d’avoir arboré les t-shirts noirs, lesquels t-shirts portaient les messages de Paix dans les régions du nord-ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise interminable qui dure depuis 2016. “Les femmes volontaires de l’Association Kofi Annan ont été enregistrées à l’avance pour prendre part au défilé du 08 Mars à la place des fêtes de Bafoussam. Nous sommes arrivés à la place des fêtes quelques temps avant le début du défilé. À peine arrivés, nous avons été interpellés parce que nous étions vêtus en noir. Actuellement, nous travaillons sur un projet, qui vise à restaurer la Paix dans les régions anglophones du Cameroun. Le projet en question est financé par un organisme privé Américain, le NED. Nous étions en noir disais-je, et le message était : soutenir le rétablissement et la consolidation de la Paix dans les régions anglophones du Cameroun. C’est le message inscrit au dos des t-shirts que nous avons arboré. Nous avions également des pancartes qui parlaient toujours de la Paix, ainsi que la banderole. Nous avons été interpellés premièrement par les agents de maintien de l’ordre qui ont aussi alerté le sous-préfet ainsi qu’un commissaire de police”, explique NGOUNE Thiery Calvin, Chargé de l’évaluation au sein de l’association Internationale Kofi Annan et coordonnateur de l’activité pour la circonstance.
De l’acharnement !
Après l’interpellation, pancartes et banderoles ont été confisquées par les agents de police. “Ils nous ont encerclé et ont commencé à nous interroger. Ils nous ont fait savoir qu’on ne veut pas du noir. On a récupéré la pancarte et la banderole. À nous d’expliquer que nous le faisons pour rendre hommage aux victimes de la crise anglophone et de la catastrophe de Ngouache et même au Dr Adamou NDAM Njoya qui venait de décéder. Ils n’ont pas voulu comprendre. Ils nous ont fait comprendre qu’on ne peut pas défiler en noir et et qu’en plus du noir le message qu’on a formulé ne marche pas avec le contexte actuel. Nous sommes donc rentrés au siège et il ya l’une des nôtres qui y est restée. Il paraît que bien après on a cherché même à nous embarquer. Mais comme on était déjà dispersé, la maman là a échappé de justesse”, a-t-il ajouté.
Devant les faits à accomplir, les volontaires de l’Association Internationale Kofi Annan ont proposé de changer de t-shirts sur le champ pour mettre d’autres t-shirts de l’association, si tant il est que c’est le noir qui faisait problème. Demande infructueuse malheureusement. Toute chose qui, pour le Président de ladite association, Dr Serges Mboumegne, s’apparente à de l’acharnement contre son organisation. On se souvient que pour des raisons non élucidées, l’accréditation pour la couverture des élections législatives et municipales du 09 Février 2020 lui a été refusée. Mais que reproche-t-on donc à cette ONG qui fait pourtant ses preuves dans plusieurs autres pays africains ?
Sébastien ESSOMBA