DOSSIER

Désacralisation du métier d’Avocat : Quand le Barreau du Cameroun se confond à une sous-section MRC !

Le bâtonnier de l’ordre des Avocats, conscient de la gravité de la situation, hausse le ton pour tenter de sauver la face de la profession de cet amalgame qui n’a fait que durer longtemps.

Dans une de ses parutions de la semaine dernière, le quotidien “Info Matin” à sa Une principale titrait : “Clanisme et instrumentation, le MRC crée une section chez les Avocats”. Le journal faisait ainsi allusion à la centaine de membres du Barreau, savamment ciblées pour les besoins de la cause, qui est allée faire allégeance à Maurice Kamto à sa résidence de Yaoundé après sa libération.

La visite en elle-même ne constitue pas un problème, étant donné que la loi camerouanise donne droit à chaque citoyen de militer dans le parti politique de son choix. Mais seulement, ils l’ont fait en robes d’avocats dont le port respecte une certaine règle. La photo prise à cette occasion fait d’ailleurs le tour de la toile depuis lors.

Conscient de ce fait qui jette du discrédit sur le métier d’Avocat, le bâtonnier de l’ordre sort de sa torpeur habituelle et rappelle à l’ordre. Dans un communiqué signé le 18 octobre 2019, maître Tchakoute Patie parle de la désacralisation de la robe d’avocat. “Sur les réseaux sociaux circule depuis quelques jours une photo qu’ont prise certains Avocats en robe, et vraisemblablement dans un domicile privé, regroupant autour d’une personnalité politique du Cameroun. Cette photo à laquelle le bâtonnier est étranger contrairement aux allégations d’une certaine Presse, et qui a suscité beaucoup de commentaires, appelle de la part du Barreau du Cameroun en tant qu’institution, une mise au point tant sur la question du port de robe (ou du costume professionnel en général) que sur l’ambiguïté que peut générer l’image en cause”, a-t-on pu lire dans ce communiqué de Tchakoute Patie qui indique que l’avocat, en tant que citoyen, a tout le droit absolu d’appartenir dans le parti de son choix. “Mais en revanche, il relève d’une corporation réglementée qui l’astreint à des devoirs découlant des règles, traditions et usages professionnels, notamment en ce qui concerne le port de la robe”, a-t-il précisé.

De la désacralisation à des fins politiques

En réalité, selon les règles en la matière, les Avocats ne peuvent revêtir leurs robes qu’à des occasions consacrées par les usages et traditions séculaires. Les domiciles privés ne sont d’aucune façon les lieux où la robe d’Avocat peut être portée, sauf situations très particulières sur autorisation expresse et préalable du Bâtonnier.

En effet, depuis la mouvance de la présidentielle 2018 au Cameroun, les Avocats dans leur immense majorité et par solidarité, cachent mal leur choix porté sur la personne de Maurice Kamto, président national du mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), lui aussi Avocat. Un attachement aveugle qui frise le ridicule, au regard de leurs positions de plus en plus incendiaires sur les plateaux de télévision. “Je l’ai indiqué en plusieurs circonstances, le Barreau du Cameroun n’est pas un parti politique. De même, le Barreau du Cameroun, jaloux de son indépendance n’entretient aucune accointance avec quelque parti politique que ce soit ou avec quelque leader politique que ce soit”, précise afin que nul n’en ignore, Tchakoute Patie dans cette sortie inhabituelle.

Le Bâtonnier Tchakoute veut sauver sa face

Il y a quelques semaines, en respect du mot d’ordre de grève du conseil de l’ordre, les Avocats ont observé une semaine de grève. C’était du 16 au 23 septembre. Une série de récriminations avait ainsi été évoquée. Malgré la bonne volonté du pouvoir de Yaoundé qui, à travers le Minjustice avait tout entrepris pour résoudre les disfonctionnements déplorés, ce mot d’ordre avait été maintenu contre toute attente. Une attitude qui avait suscité pas mal d’interprétations. Certains analystes voyaient déjà à cela la politisation du corps. Ce que vont nier ces Avocats à travers les plateaux de télévision, devenus la tribune par excellence pour les règlements des différends politiques. On se souvient d’ailleurs que l’entêtement d’une des leurs, en l’occurrence Dr Me Fotso Kamdem Fostine, avait fait l’objet d’un acharnement sans précédent. Et si elle avait raison de douter de la bonne foi de ses camarades du Barreau ?

Reste que pour l’heure, que Tchakoute Patie qui, lui aussi, est lié avec le leader du MRC, aura compris qu’il a très mal engagé le Barreau dans une affaire qui n’augure aucunement un lendemain meilleur pour l’ordre dont il a la charge. Il est question donc de laver l’affront pour sauver sa face et garantir la survie du Barreau du Cameroun qu’il a trouvé serein.

Sébastien ESSOMBA

TagsMRC
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