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Sam Baka : “La production intellectuelle du Dr Adamou Ndam Njoya équivaut à une collection encyclopédique”

Le premier vice-président national de l’UDC, en bon orateur dans un discours plein d’émotion, à la faveur de la grande cérémonie de prière en la mémoire du Dr Adamou Ndam Njoya jeudi dernier à Foumban, a évoqué profondément la mémoire de l’illustre disparu, qui restera immortel selon lui, au regard de l’immensité de son œuvre. Morceaux choisis !

“Au moment de prononcer cette éloge panégyrique pour le président Ndam Njoya, je pense plutôt à célébrer une vie pleine, d’un homme multidimensionnel. Parler du président Ndam Njoya ici et maintenant est un exercice périlleux. Car, sa production intellectuelle équivaut à une collection encyclopédique. Le président était si prolifique qu’il se réveillait, je suppose, tous les matins, avec de nouvelles idées, de nouveaux projets, pour le bien-être de tous.

Le président était aussi un diplomate de très grande envergure. Et quand on connaît la diplomatie dans ses Cimes qu’il a côtoyé, tout porte à croire, que la discrétion, la pudeur du président Adamou Ndam Njoya, font qu’il ya tout un pan de voile qu’il faudra lever dans la durée, pour avoir un regard exhaustif, sur la globalité de son œuvre. Il disait : ” Il ne faut pas réciter, il faut comprendre”, et il a laissé énormément les choses, qu’il faudra décrypter. Hélas pour sa famille, pour notre parti, l’Afrique et le monde entier, le très haut en a décidé autrement. Et nous devons désormais faire sans lui. Sans sa connaissance qui semblait intarissable. Tant elle était vivante, vive et dense. Il était un intellectuel d’une intelligence rare, et d’une élégance raffinée, dans tous les sens du terme. Le président Ndam Njoya était un intellectuel, auteur de nombreux ouvrages (…), également un grand poète. Je pense particulièrement au recueil intitulé “les Hameaux”.

“Nous devons restaurer la générosité dans notre pays, parce que c’est l’essence même de notre vivre-ensemble”

Je ne saurais m’adresser à vous sans parler de ses travaux sur les domaines aussi divers, divers que pour le nouveau contrat social dont on vous parle, le nouveau contrat social dont depuis plus de 10ans, c’est écrit : il fallait procéder à un regroupement, à un dialogue inclusif. Ça avait commencé en 91 lors de la réunion tripartite, et moi je peux vous dire, je suis le témoin de cette histoire, parce que après la réunion tripartite, le Dr Adamou Ndam Njoya, avait fait de moi celui qui portait ses courriers vers les autres leaders. Notamment ceux du Sud-Ouest que je connais très bien. Et aujourd’hui, c’est triste pour moi, de voir un monsieur de 94 ans, Molanjo Litumbe, qui m’a accueilli chez-lui dans la pure tradition anglo-saxonne, et qui m’a dit, votre président est sur le bon chemin. C’est lui qui a compris notre problème. Cela s’est passé dans les années 91. Union Démocratique du Cameroun ; Le dialogue républicain ; Le Cameroun est par nous tous et pour nous tous ; Comprendre les faits, comprendre les valeurs de la loi, de l’éthique ; Elecam, pour en faire un organe indépendant investi des pouvoirs effectifs et dotée des moyens pour l’application d’un code électoral ; Rédaction du pacte républicain ; La loi elliptique sur l’évolution du sommet France-Afrique ; Instauration des journées républicaines d’échanges et des réflexions… C’est ce que le Dr Adamou Ndam Njoya a créé. Et c’est ça qui nous permettait de partager avec le monde politique, le monde médiatique, ces échanges qui aujourd’hui, tout le monde en parle, c’est ça qui permettait de se comprendre, d’être ensemble et de mettre devant les idées. Quand j’ai entendu Jeanne Marcelle tout à l’heure, j’ai envie de lui dire, que le témoignage qu’elle vient de faire, c’est un témoignage qui va nous rendre plus solides. Parce qu’on n’attaque pas celui qui ne fait rien. Ce monde d’égoïsme, ce monde où la générosité a foutu le camp. Nous devons restaurer la générosité dans notre pays, parce que c’est l’essence même de notre vivre-ensemble. La générosité. Nous devons évacuer tout ce que nous entendons là, parce que nous couvrons la renaissance du Cameroun dans son aspect positif, et moi je dis ici, qu’il ne faut pas réciter, il faut comprendre.

“Dr Adamou Ndam Njoya était un avant-gardiste”

Le président Adamou Ndam Njoya pour ceux qui ne le savent pas, a laissé des écrits, il y a encore beaucoup qu’on doit pouvoir publier. Je suis sûr, que nos générations futures, qui vont s’éloigner de cet égoïsme qui nous divise, auront des instruments pour la solidarité pour l’éclosion de ce pays. Parce que le Dr Adamou Ndam Njoya était un avant-gardiste. Je vous ai donné un exemple tout à l’heure, il y a 10 ans il avait demandé un dialogue inclusif. Il ya un ouvrage qui parle de ça et des mécanismes de mise en pratique de ce dialogue national inclusif.

Cependant, son séjour à l’éducation nationale, avec l’instauration de la colle pour les élèves paresseux ou à réorienter, que notre système éducatif, va prendre son envol. Les camerounais ne feront plus les classes préparatoires dans le monde entier et s’avéreront forts partout où ils seront appelés à étudier. C’est ici l’origine de la rigueur, de la moralisation, l’éthique, l’égalité de chance dans la vie publique. Il a surtout été le fondateur de l’UDC et le maire de la commune de Foumban dont il était très attaché. C’était son Havre de paix, son entre, la terre de ses ancêtres qui l’inspirait. Madame le Maire, je ne doute pas un seul instant, drainée dans ce moule, que le travail que aurez à faire désormais, vous êtes digne de ce travail parce que ça a été préparé. Connaissant le Dr Adamou Ndam Njoya rien ne pouvait se faire sans être préparé.

C’est cette large connaissance, qui l’inspire sur le plan anthropologique, à travers la création de la chambre des chefs et la connaissance des us et coutumes de la chefferie bantou avec pour référence : Njoya, le réformateur du royaume Bamoun. Comme nous le recommande le précepte “jamais deux sans trois”, il est vérifié par ce qu’il m’a enseigné lors de nos échanges : les grandes familles ne meurent jamais.

Le président Ndam Njoya a hérité de son père. Il nous laisse la lourde responsabilité, d’implémenter les réformes constitutionnelles, la vraie décentralisation depuis la tripartite de 91, la constitution de 96, mais aussi la poursuite du grand dialogue national inclusif, comme celui qu’il avait imaginé sur le fond et la forme. Un dialogue qui devra réparer les manquements de ceux qui nous gouvernent depuis la réunification en octobre 1961 à Foumban. C’est à ce prix, et seulement à ce prix, que la Paix durable reviendra dans ce pays.

Le président Ndam Njoya était aussi un homme de Paix et occupait la position de co-président de l’organisation mondiale des religions pour la Paix. Il a aidé l’Afrique du Sud avant la sortie de l’Appartheid, à se pacifier, car les noirs s’entre-tuaient, bien qu’ils combattaient les blancs. Il a aussi aidé à pacifier les Balkans après l’implosion de l’ex Yougoslavie. Plus près de nous, la Centrafrique. Il nourrissait aussi le rêve de pacifier son pays, notre pays, le Cameroun qui est menacé à l’Est par les réfugiés centrafricains, sur la partie septentrionale par Boko Haram, et ce qui le tourmentait le plus, la guerre du NOSO. Il n’a jamais compris ce qui motivaient les camerounais à se faire la guerre alors qu’ils finiraient par une table de négociation, dont un grand dialogue national inclusif, comme à Foumban en 1961. Dieu n’oubliera pas de bénir cette famille, avec les autres visionnaires parmi ses enfants, qui nous gratifieront des idées nouvelles, qui propulseront ce pays dans le vrai vivre-ensemble à travers le parachèvement de l’œuvre de construction durable d’un Cameroun par nous tous, pour nous tous.

Les enfants du président Ndam Njoya étaient à la bonne école. Celle de notre mentor à tous. Tout comme le président Ndam était à celle de son père le sénateur Njoya Arouna. Son œuvre perdurera. À travers ses enfants biologiques, académiques, politiques, bref, à travers tous les camerounais qui pensent à l’édification d’un Cameroun basé sur les valeurs telles que l’excellence académique, la méritocratie républicaine, l’éthique, la bonne gouvernance, la justice, la Paix sociale etc.

Le Cameroun vient de perdre un homme politique d’envergure, un visionnaire, un patriote, au sens le plus noble du terme. Nous saluons son mérite et pensons à sa famille. L’UDC est en deuil. Paix à son âme !

(c) Sam Baka

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