DOSSIER

Récupération politique : Bal des vautours autour de la mise en garde du préfet au chef Bamendjou

Plusieurs figures politiques d’une opposition radicale annoncent une visite dite de soutien au chef supérieur Bamendjou, à la suite de la mise en garde à lui servie par le préfet. Une récupération politique qui risque d’être nocive pour ce gardien de la tradition.

Les projecteurs sont braqués dans le département des Hauts-plateaux depuis quelques jours. Le 19 janvier dernier en effet, le préfet dudit département a servi une mise en garde du chef supérieur du groupement Bamendjou, l’un des neuf groupements que compte ce département. Cette mise en garde, la deuxième du genre après celle de juillet 2020, est la conséquence des sorties jugées hasardeuses et incendiaires sur les médias sociaux et sur certains médias classiques par le Fo’o des Bamendjou. Ce que l’autorité considère comme étant une menace à la cohésion sociale. La dernière sortie en date est celle de l’émission “vérité en face” sur Équinoxe télévision il y a environ deux semaines. Dans cette émission, le gardien des traditions du groupement Bamendjou comme à l’accoutumée, n’a pas été tendre dans ses propos. Il a tout au long de ce programme tiré à boulets rouges sur le régime d’Etoudi dont il déplore la gouvernance. La première mise en garde qui remonte du 24 juillet était relative à une rencontre à la chefferie supérieure Bamendjou entre le chef et plusieurs leaders politiques le 18 juillet 2020. Une rencontre jugée illégale en son temps pour défaut de déclaration.

Des pompiers pyromanes

Depuis quelques jours, après la deuxième mise en garde du préfet qui se veut plus menaçante, les réactions fusent de partout. Certaines figures très connues du Landerneau politique camerounais annoncent par ailleurs une descente à la chefferie supérieure Bamendjou le 30 janvier prochain pour dit-on, marquer leur soutien au chef Sokoundjou. Parmi ces figures, Edith Kawalah du Cpp, Hilaire Kamga de l’offre Orange, Roland Dieuwou du MRC, entre autres. Cette mobilisation programmée qui s’apparente à une défiance de l’autorité suscite moult interrogations. On se souvient qu’au mois de juillet 2020, le chef supérieur du groupement Bangoulap, sa Majesté Yonkeu Jean, avait été pourchassé et humilié en France par les éléments de la Brigade dite anti sardinard (BAS) pour ses opinions politiques. Ce mouvement des camerounais de la diaspora constitué essentiellement des ressortissants de l’Ouest-Bamileke, avaient failli faire la peau à ce chef. Mais curieusement, aucune réaction n’avait été enregistrée venant de ces mêmes hommes politiques qui évoquent à tue-tête aujourd’hui, la sacralité de la chefferie traditionnelle. Aussi, tout récemment, l’on a assisté à une situation particulièrement tendue entre deux autorités de la ville de Foumban : l’autorité traditionnelle incarnée par le sultan et l’autorité républicaine incarnée par le maire de la ville. La pomme de discorde était rappelons-le, la reconstruction de la porte d’entrée de la ville, ce monument situé sur la voie publique. A aucun moment ces politiciens ne se sont prononcés, ni pour défendre les valeurs de la République portées dans ce combat par l’opposition qu’ils prétendent défendre, ni pour défendre l’ordre traditionnel qui est défendu becs et ongles aujourd’hui.

La vérité dans cette affaire c’est que le chef Bamendjou est manipulé par des hommes politiques en quête de la visibilité. Sinon, comment comprendre que pour une simple note administrative (pourtant logique dans le contexte républicain) des personnes, pour la plupart intellectuelles, parviennent-elles à poser pareils actes, au point d’insulter le préfet ? En tout état de cause, le chef Bamendjou, sa Majesté Sokoundjou Jean Philippe Rameaux, devraient apprendre la maîtrise de soi car, il pourrait être le grand perdant de cette manipulation politique. Les mêmes qui le célèbrent aujourd’hui ne feront rien demain face à la rigueur de la loi, en dehors des simples slogans sur les réseaux sociaux : “Libérez sa Majesté”. On l’a d’ailleurs vu avec plusieurs hommes politiques entre 2019-2020 qu’on disait intouchables. Certains restent encore en prison malgré le boucan de certains sur la toile. Pour terminer, sa Majesté doit reconnaître que s’il est en liberté aujourd’hui, c’est grâce à ces autorités administratives qui ont usé de leurs pouvoirs pour qu’il ne se retrouve pas derrière les barreaux, et ceci grâce à cette casquette de chef qu’il porte. Pourquoi donc créer cette confusion entre l’administration et la chefferie traditionnelle ?

Sébastien ESSOMBA

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