RDPC/Ouest : Njimoluh Hamidou Komidor face au défi de la stature


En politique camerounaise, certaines régions ne se dirigent pas. Elles s’affrontent, se négocient, se conquièrent. La région de l’Ouest est de cette trempe. Riche de son histoire, de ses hommes d’affaires puissants et de ses figures politiques emblématiques, elle demeure un carrefour stratégique du pouvoir. Et lorsqu’un fauteuil aussi symbolique que celui de chef de la délégation permanente régionale du comité central du RDPC se libère, c’est toute la République qui scrute l’identité de celui qui l’occupera.
Ce 24 avril 2025, c’est à Bafoussam, cœur battant de l’Ouest, que le SG du comité central du RDPC a procédé à l’installation de Njimoluh Hamidou Komidor, désormais capitaine d’un navire qui vogue dans des eaux à la fois profondes et tumultueuses. Il succède à une figure tutélaire : le Sultan roi des Bamoun, feu Ibrahim Mbombo Njoya, dont la seule stature imposait le respect, bien au-delà des clivages.
Le défi est donc immense. Non seulement Komidor doit s’imposer dans une région souvent comparée à un océan rempli de crocodiles, où l’ambition est la règle et la discrétion l’exception, mais il devra aussi fédérer, canaliser, et surtout convaincre. Il entre dans une arène où les notabilités économiques croisent les épées avec les poids lourds politiques, où chaque mot, chaque posture est analysé, interprété, extrapolé.
Mais qui est réellement Njimoluh Hamidou Komidor ? Ceux qui le connaissent parlent d’un homme fin, stratège, loyal au parti, mais aussi profondément attaché aux valeurs de dialogue et de modération. Ce profil, s’il peut apparaître moins flamboyant que celui de son prédécesseur, pourrait paradoxalement être son principal atout. Dans un contexte où le RDPC cherche à se réinventer localement sans fracturer les équilibres tribaux et économiques, la carte Komidor peut s’avérer payante.
Reste à savoir si ce dernier saura nager avec les crocodiles sans se faire avaler. Car dans l’Ouest, les allégeances sont mouvantes, les fidélités rarement éternelles. Il devra faire preuve d’une capacité rare : écouter sans se perdre, trancher sans blesser, imposer sans écraser.
Son installation marque peut-être un tournant. Le RDPC semble envoyer un message : la nouvelle génération peut accéder aux postes névralgiques, mais elle devra prouver qu’elle sait tenir la barre, surtout quand la mer est agitée. Njimoluh Hamidou Komidor a désormais la parole. Et surtout, la responsabilité.
Houzerou NGOUPAYOU