Société

NGARBUH :  BAVURE OUI, MAIS ZÉRO MASSACRE SUR LE THÉÂTRE DES OPÉRATIONS

Le point de droit et de logique de l’Hon Dr Me Fotso Fostine qui désapprouve la démarche du MRC et son leader.

“N’en déplaise au MRC, Il faut le dire haut et fort ici, il n’était point question de massacre mais de  bavure militaire de la part de quelques éléments isolés de l’armée camerounaise.

Une bavure est une faute, une erreur, une maladresse, une bourde regrettable due au non respect d’une procédure, directive, ou instruction dont a découlé une conséquence regrettable et fâcheuse.

En l’espèce, le rapport d’enquête renseigne clairement que les 3 éléments avaient outrepassé les instructions liées à une banale mission de reconnaissance (consistant à juste effectuer un état des lieux sur le terrain). C’est la panique qui amène d’ailleurs le chef d’équipe (un sergent chef) à dissimuler la vérité et en biaisant son rapport. On est donc bien face à une maladresse, une gaffe, une bourde.

Par contre, pour une mission de massacre (extermination, hécatombe, tuerie planifiée), action de tuer plusieurs malfrats intentionnellement. On n’envoie pas comme commandant des troupes, un sous-officier; on ne met pas en mission 3 éléments pour une mission de grande tuerie. De plus, pareille mission est préparée (élément intentionnel, moral), préméditée.
Malgré ces bavures, pour le Chef d’État, ces actes ne doivent pas rester impunis. C’est ainsi qu’il a ordonné l’interpellation des militaires impliqués dans ces bavures, y compris les civils pour leur mise à disposition à la justice. Les mis en cause bénéficient d’ailleurs de la présomption d’innocence jusqu’au rendu de la décision définitive par le juge. Pour la mémoire des décédés, le Chef de l’État a ordonné l’exhumation des corps pour une sépulture digne, l’indemnisation des ayants droits et la construction d’une base militaire à Ngarbuh…

Sur le prétendu appel à l’urgence d’une enquête internationale

Le Professeur Kamto doit retenir qu’il a été désavoué par la communauté internationale. Pour l’ONG Humain Right Watch : ” ce rapport est un premier pas dans la bonne direction”. Washington par son ambassadeur en poste à Yaoundé, s’est réjoui de la ” décision de demander les comptes aux personnes soupçonnées d’avoir mené cette action et tenté de la dissimuler “. Sans oublier la France qui est allée dans le même sillage d’appréciation de l’acte. De quelle communauté internationale interpelle donc Maurice Kamto ici ? Un autre buzz, flop.

Même sur le plan interne, certaines personnalités politiques comme la Présidente du CPP Édith kah Walla pensent que la démocratie camerounaise fait des pas vers l’avant. Les réseaux des droits de l’homme vont sur la même lancée.

Il est donc en définitive important de relever que le Chef de l’État à travers ce rapport d’enquête, a joué la carte de la transparence sur les bavures de ces 3 éléments de l’armée camerounais, rapport qui a été apprécié sur le plan interne et international. Il reste à la justice camerounaise de dire sereinement le droit. L’autre critique usuelle du MRC sur ce rapport et tous les autres actes posés par S.E Paul Biya et son gouvernement n’est une fois de plus qu’un coup d’épée dans l’eau.
Le 14 février dernier,  21 Camerounais ont fortuitement trouvé la mort lors d’un affrontement armé. Les autorités ont dans un premier temps écarté toute hypothèse imputant la responsabilité de ce drame à l’armée camerounaise. Depuis lors les accusations pleuvent contre nos forces de défense, et de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme tiennent nos militaires pour responsables.

Une enquête a immédiatement été ouverte

Au cours d’une opération de « reconnaissance » menée par l’armée dans la localité de Ngarbuh, un assaut avait été donné sur un camp renseigné comme étant une base sécessionniste à Ngarbuh 3. Après de violents combats, de nombreux villageois avaient été tués par balles et des maisons incendiées. Une vingtaine d’innocents ont perdu la vie.

C’est le 21 avril dernier que les conclusions de l’enquête ont été rendues publiques lors d’un communiqué de la Présidence de la République : Le Gouvernement Camerounais reconnait alors l’implication de 3  militaires dans le drame de Ngarbuh.

Depuis lors, en dehors  du MRC,  beaucoup ont reproché au gouvernement d’avoir dans un premier temps nié l’implication de l’armée, et ont pris cela comme une volonté de cacher la vérité.

Qu’en est-il réellement ? Que s’est-il donc passé ? 

N’en déplaise à certains, le récent communiqué de la Présidence de la République mets la lumière sur les faits : Le Cameroun souhaite que justice soit faite. Si des exactions ont été commises, c’est l’image de notre armée qui serait mise en péril, c’est tant d’années de communication et de formation de nos militaires : si certains de nos soldats ont faillit à leur devoir, la priorité du gouvernement a toujours été de les identifier et rendre justice.

L’on apprend ainsi que le Sergent Baba Guida, qui a conduit l’opération, a adressé à sa hiérarchie un compte rendu volontairement biaisé sur lequel le gouvernement a initialement fondé sa préoccupation. En attendant les résultats de l’enquête, le gouvernement était obligé de défendre le rapport de ce Sergent qui n’avait jamais faillit a sa mission auparavant. Mais une fois l’enquête terminée, le Cameroun a fait preuve d’une transparence extraordinaire allant jusqu’à rendre publique le nom des militaires responsables de ce drame. C’est ainsi que le Gendarme Sanding Sanding Cyrille et le Soldat de première classe, Haranga, ainsi que dix civils membres du comité de vigilance qui accompagnaient les Soldats dans cette opération, ont également été inculpés. Les opérations de l’armée camerounaise dans le NOSO ont toujours eu pour premier et unique objectif de protéger les populations des attaques terroristes. Justice sera donc faite dans cette affaire. Je pense que nous pouvons en être fière, le Cameroun a montré ainsi l’exemple à de nombreux pays en matière de transparence.
À titre de comparaison

En avril 2015 le quotidien Britannique “The Guardian” révèle au grand public les accusations lourdes qui pesaient sur les Soldats de l’armée française en République Centrafricaine. Le viol de six enfants de 9 à 13 ans dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko à Bangui. Jusqu’aujourd’hui aucun des militaires responsables n’a été sanctionné. Cela signifie que des militaires français ont perpétré des actes de viol et de pédophilie et ont conservé leur poste sans aucune sanction. L’identité des coupables n’a jamais été rendu publique.

Depuis, d’autres scandales touchant des contingents d’autres pays ont éclaté, et les nations unies ont souvent été critiquées pour leur manque de réactivité et de transparence.

Agenda caché

Vous vous rendez donc compte que le Cameroun a fait preuve d’exemplarité dans la gestion de ce drame. Nous connaissons les responsables et ils ont déjà été inculpés. Les familles des victimes ont été prises en charge et sont accompagnées dans cette dure épreuve. Il n’y a pas photo.
Malheureusement beaucoup d’acteurs de la société civile veulent faire grandir la polémique pour le seul bénéfice de leur agenda politique. Cela est lamentable, nous devons respecter les familles endeuillées. L’inculpation des responsables n’étant pas suffisante, il faut veiller à ce que les victimes bénéficient d’obsèques dignes. Et c’est ce qui a été décidé par le président de la république : Les corps des victimes seront exhumés afin de leur offrir des sépultures dignes, et leurs ayants droits bénéficieront d’indemnisations et de compensations aux frais de l’État.

Eviter de démoraliser les troupes au front

Beaucoup a été dit sur l’incident de Ngarbuh. Loin de moi d’en rajouter, au risque de porter atteinte à la mémoire des civils tués, paix à leurs âmes. Pour cette raison, et moins subsidiairement pour ne pas démoraliser nos soldats qui se battent au prix de leur vie sur le terrain, je ferai preuve de beaucoup de prudence et de retenue Chacun en ce moment devrait tourner sa langue sept fois avant de se répandre sur le sujet. Quand un mal est consommé, la raison et la sagesse commandent, faute de le réparer, quand cela est encore possible, de demander pardon aux personnes lésées, d’en tirer les leçons utiles pour éviter la récidive. Toutes choses que le Président Biya à su concilier :

1/en honorant la mémoire des civils tués, 2/ en rétablissant la dignité de leurs familles,
3/en situant les responsabilités de la grande muette,
4/en ordonnant que les responsables militaires soient entendus, voire mis aux arrêts pour jugement.

Je passe donc à l’essentiel, sans céder à la tentation de jugement ou de critique outrancière, ce qui ne ramènera pas à la vie les victimes.
Il faut dire les choses telles qu’elles sont : il est bien question de bavure, de bavure militaire en temps de guerre. Sans minimiser l’acte, on parle bien de dégâts collatéraux. Je ne dédouane personne, avec une fois de plus, tout le respect dû à la mémoire des disparus et à la peine de leurs familles. Avez vous déjà vu une guerre où que ce soit sur la planète terre, sans bavure?

Il y a eu certainement mauvaise évaluation de la situation sur le terrain par les militaires, absence de maitrise, panique, dissimulation, et peut-être d’autres manquements graves. En tant que personne civile, je ne peux pas facilement comprendre la psychologie d’un militaire en guerre, face à un ennemi invisible qui cherche à en découdre avec lui, comme avec ses camarades tués devant lui. Dans le feu de l’action, il faut à la fois réfléchir, décider et agir en une seconde, votre propre vie en dépendant. Laissons cette investigation au tribunal militaire qui en connaîtra de l’affaire.
On pourrait arguer que les militaires ont commis une erreur, en enrôlant des civils. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’ils allaient en reconnaissance, en faisant avec les informations, les éclaireurs autochtones et les moyens à leur disposition. Ils n’ont pas eu l’intention de tuer des civils dont ils n’ont découvert les corps qu’après coup. Puis ce fut la panique et tout le reste. J’ai promis de ne pas m’étendre sur la situation,  au risque de passer pour l’ Avocate des accusés, ce qui n’est pas mon objectif. La justice suivra son cours. Mais alors, faut-il  raisonnablement passer ces combattants au peloton pour autant ? Je ne pense pas, pour ne pas inhiber les troupes sur le terrain.
Je fais confiance à la justice militaire pour bien conduire ce dossier. Une fois de plus, le plus important à présent est d’éviter d’autres bévues. Les enquêtes de crashs d’aéronefs révèlent très souvent des erreurs humaines. Ces bévues ont permis au cours des années l’amélioration de la sécurité aérienne.
Chers concitoyens, positivons dans le respect prioritaire de la mémoire des décédés et de la peine de tout un village.
Le Chef de l’État a reconnu la bavure,  a décidé de rendre une sépulture digne aux victimes, faire indemniser les familles éprouvées et créer un camp militaire à Ngarbu.
Après cet aveu courageux et sans pression  du Président de la République, après l’acte qu’il a posé, il serait de mauvais aloi de s’accrocher aux faits et déclarations antérieurs. L’heure est à l’apaisement pour le repos des âmes des disparus, afin que leurs familles puissent faire le deuil sans polémique, et afin que l’armée retrouve la sérénité au front.

COVID 19

Le chantier du Covid-19 ne saurait être occulté par une guerre de communiqués aussi stériles et suspicieux les uns que les autres. La situation ne serait pas évolutive autrement, d’autant plus que la paix n’est pas encore définitivement revenue au NOSO.

Repos éternel aux âmes des civils tués, nos condoléances à leurs familles, et bon courage à nos valeureuses forces armées. Acceptons ce triptyque qui se veut pacificateur, et qui est loin d’être dissonant ou dépareillé”

(c) Hon Dr Me Fotso Fostine, Avril 2020

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