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Négligence ou complot : Ils veulent détruire CONGELCAM !

Une cargaison des produits halieutiques constituée d’environ deux cents conteneurs avariée au Port Autonome de Douala, entraînant des pertes énormes. En attendant le contrôle plus approfondi qui pourrait voir ce bilan s’alourdir, la question que l’on se pose est celle de savoir qui a dû débrancher ces conteneurs et pour quelles finalités ? Les responsables de l’entreprise Congelcam et les conseils à pieds d’œuvre pour la recherche de la vérité dans cette affaire rocambolesque.

La conférence de presse tenue en début de semaine à Douala aura permis à l’entreprise Congelcam de faire l’état des lieux d’une affaire assez complexe qui suscite pas mal des curiosités. Il a été question pour la direction de l’entreprise et ses conseils de lever l’équivoque sur le fameux incident survenu en Février dernier au niveau de la plateforme d’entreposage du Terminal à Conteneur. Incident ayant occasionné la perte de plusieurs conteneurs de poissons entreposés dans des espaces spécifiques. Le premier bilan fait état de deux cents conteneurs, en attendant le contrôle plus approfondi conteneur après conteneur, qui est l’une des résolutions de la rencontre avec le ministre du commerce. Selon les responsables de l’entreprise de l’honorable sénateur Sylvestre Ngouchingué, ces produits seraient avariés du fait de la rupture de la chaîne de froid. Une hypothèse que tente de rejeter le PAD, qui explique : “Congelcam a importé durant les quatre premiers mois de l’année 2023, près de trois milles (3000) conteneurs frigorifiques de poisson, soit plus de 80% des quantités importées annuellement depuis les deux dernières années, excédant ainsi ses capacités d’accueil et d’écoulement. Face à cet afflux de conteneurs frigorifiques, CONGELCAM s’est obstiné à refuser leurs enlèvements au débarquement, tel que le prévoient les règles établies en 2015 par le Ministre en charge du Commerce, suite à une situation similaire”. Une explication loin de la réalité, à en croire Congelcam.

LES FAITS

Face à la Presse nationale et internationale lundi dernier à Douala, la direction de l’entreprise Congelcam s’est voulue suffisamment claire, au sujet de cette situation critique qui a court au terminal à conteneur du port autonome de Douala depuis février 2023.

En effet, il est important de noter que le port autonome de Douala a des organismes de gestion, dont un des plus importants est la Régie du terminal à Conteneurs (RTC). Cette régie reçoit et garde avec soin les conteneurs du transporteur maritime dans l’attente de la livraison à l’importateur. Cependant, les marchandises entreposées dans les locaux du port autonome de Douala restent sous la garde et la responsabilité du transporteur jusqu’à ce qu’il livre au destinataire, suivant les conventions internationales et les lois en vigueur.

Mais il se trouve que depuis février 2023, la Régie du terminal à conteneur du port autonome de Douala s’est dérobée de ses obligations, en prenant sur elle de faire débarquer des conteneurs des produits halieutiques qu’elle ne branche pas par la suite, accélérant ainsi leur détérioration.

La société CONGELCAM en ce qui la concerne obtient au départ, pour les produits halieutiques qu’elle met sur le marché camerounais avant I’embarquement, tous les certificats vétérinaires et sanitaires attestant de la bonne qualité des produits auprès des organismes compétents du pays d’embarquement et des fournisseurs. Toutefois, faut-il le rappeler, l’agence nationale des normes et de la qualité du Cameroun (ANOR) intervient dans le processus de contrôle de la qualité avant tout embarquement en direction du Cameroun.

LE JEU TROUBLE DU PAD

Courant février 2023, l’entreprise dit avoir reçu des conteneurs et a constaté que des produits étaient avariés dans deux de ces conteneurs. “Nous avons pris la charge et la responsabilité de les détruire. Pensant avoir à faire à un cas isolé de marchandises endommagées. Grande a été notre surprise de constater après réception de quelques conteneurs au mois de mars, que 04 autres étaient en état de dégradation avancés. Depuis lors, des cas de conteneurs avariés se sont multipliés, aiguisant notre détermination à savoir les raisons de ce gravement dommageable. C’est ainsi que nous avons attiré lattention des responsables du service qui gère le parc à conteneur au port sur cette situation. Mais ces derniers nous ont rassuré que tout était sous contrôle et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Aussi curieux que cela puisse paraitre, nous avons procéder une fois encore à des retraits de conteneurs avant de constater que plusieurs étaient toujours avariés”, indique-t-on.

Dès cet instant, l’entreprise Congelcam a décidé de mener des investigations plus poussées au niveau du parc pour comprendre l’origine de tous ces manquements. Ces investigations ont conduit à constater que plusieurs conteneurs restent pendant des jours, voire des semaines non branchées sur des prises. Faisant ainsi baisser drastiquement la courbe des températures initiales et entrainant la rupture de la chaine de froid, le poisson étant une denrée extrêmement périssable.

Face à cette situation, le service logistique de CONGELCAM a à plusieurs reprises saisi par correspondances les responsables de la RTC pour obtenir de façon permanente les courbes de température. Mais en vain. Même la sommation de communiquer ces courbes de température servie par voie d’huissier ne l’a pas déterminé à les transmettre. “Ayant constaté que nos conteneurs au contenu avariés n’étaient pas branchés, nous avons proposé aux responsables de la RTC la mise à leur disposition des générateurs d’énergie de 500 KVA chacun en vue de palier au déficit du dispositif de conservation en attendant d’obtenir livraison des marchandises par le transporteur. Ce qui nous a été refusé. Même notre proposition de mettre à leur disposition des ingénieurs pour contrôler les courbes de température a été balayée du revers de la main. Nous avons sollicité les huissiers pour aller faire des constats sur les conteneurs. Mais l’accès au parc leur a été interdit”, ajoutent les responsables de l’entreprise Congelcam dans leur communication face à la Presse.

L’ARBITRAGE INCONTOURNABLE DU MINCOMMERCE

Face à cette obstruction inexplicable des responsables de la RTC, l’entreprise Congelcam a sollicité par correspondance l’intervention du chef secteur des Douanes à l’effet d’inspecter tous les conteneurs avant enlèvement, étant donné qu’elle ne détenait aucune information sur l’évolution des courbes des températures. Faisant suite à cette requête, le chef secteur douane a convoqué plusieurs réunions avec comme participants la RTC, les transporteurs maritimes, délégué régional du MINEPIA, le responsable régional de la santé, entre autres.

Au cours de ces rencontres, le délégué régional du MINEPIA qui est le service technique a clairement donné son accord pour I’inspection préalable de tous les conteneurs avant enlèvement. ldem pour les services de l’environnement et de la santé. Malgré ces prises de position claire, la RTC et les transporteurs s’y sont farouchement opposés. Plus rocambolesque encore, les transporteurs et la RTC se sont clairement rejetés les responsabilités sur qui doit produire les courbes de température (graphique qui retrace l’évolution des températures de l’embarquement à la livraison). Il faut noter qu’à la demande auprès de la Rtc de produire les courbes de température, elle a plutôt produit les relevés de température. Les relevés indiquant juste les températures à un moment donné.

Pendant cette réunion, la RTC a déclaré avoir isolé 27 conteneurs qu’elle considère comme avariés. Mais une inspection immédiate de 10 de ces 27 conteneurs par tous les services compétents a permis de constater que 07 des 10 choisis au hasard étaient avariés. Ce qui conforte dans I’hypothèse selon laquelle tous les conteneurs devraient être inspectés au préalable. C’est-à-dire avant enlèvement. Compte tenu de ce que ni la RTC ni le transporteur ne n’ont produit les courbes de température. Face à cette confusion, l’entreprise Congelcam a saisi le ministre du commerce pour arbitrage en date du 15 mai 2023. Le souci majeur étant la protection des consommateurs. Une situation hautement préjudiciable qui prévaut à la Régie du terminal à conteneur du port autonome de Douala, et qui a fait partie en fumée plusieurs milliards de francs CFA. Mais qui paie la note?

👆ci-dessous, les images de la conférence de Presse de Douala

Sébastien ESSOMBA, à Douala

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