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Intégration : Malaise permanent des déplacés internes résidant à Bafoussam

Ils se sont fait entendre en marge de la rencontre d’échange, organisée ce jeudi par la Fondation Internationale pour la Paix, les Droits Humains et le Développement (FIPADHD).

La rencontre tenue ce jeudi, 30 juin 2022 à Bafoussam, s’inscrivait dans le cadre du projet intitulé “Promouvoir les Droits des Personnes Déplacées Internes dans dans la Région de l’Ouest du Cameroun”, qui vise à former et à autonomiser cette cible à travers la facilitation pour l’accès à un emploi, ou pour leur intégration dans leur communauté d’accueil. Une initiative de la Fondation Internationale pour la Paix, les Droits de l’Homme et le développement (FIPADHD) dont le coup d’envoi a été donné en juillet 2021.

Ouverte aux hommes de médias et aux autorités traditionnelles, la rencontre de ce jour à Bafoussam, tenue au siège même de la Fondation, aura permis aux déplacés présents, une vingtaine environ, de s’ouvrir et de poser clairement les problèmes dont ils font face au quotidien. “Nous avons ici à Bafoussam des difficultés avec la population. Nous qui avons un peu de travail, plusieurs personnes viennent à la maison et les chambres sont petites. Quand vous êtes beaucoup à la maison le bailleur vient augmenter le loyer. Aussi le problème de nutrition. On n’a pas assez à manger et la discipline de la maison est aussi difficile parce que les enfants ont faim. Nous avons le problème avec la scolarité. Nous n’avons pas les moyens pour payer nos enfants au collège, et ce n’est pas facile d’avoir accès au lycée. C’est pour celà que la majorité de nos enfants sont à la maison. Aussi, nous ne pouvons pas trouver le champ pour travailler parce qu’on dit que les Bamenda sont les envahisseurs, quand ils prennent votre champ ils ne veulent plus vous remettre. Donc nous demandons l’aide auprès des autorités. Même l’espace de commerce aussi, on nous bouscule, soit les agents de la Mairie, ou des personnes qui ne veulent pas qu’on reste devant leurs lieux d’affaires pour nous chercher”, se confie Vincent WAPEH BAYERO.

Cette position est partagée par Ernestine SWIRI. Elle va plus loin et dénonce la malice de certains acteurs de la communauté d’accueil, qui font de leur situation une aubaine pour se faire de l’argent. “Ce n’est pas facile pour nous en tant que déplacés internes à Bafoussam. Le premier problème que nous avons c’est le problème de loyer. Les prix des maisons sont trop élevés. C’est très difficile de quitter son village, où on a été stable, pour venir s’installer dans ces conditions. Et c’est davantage plus compliqué, lorsque tu n’as aucune activité génératrice des revenus. Certains bailleurs nous vendent l’électricité. Notre situation est pour eux une opportunité de s’enrichir. Ce qui n’est pas facile. Même ceux qui mènent les activités commerciales ne sont pas épargnés. Vous restez quelque part, quelqu’un vient vous dire que c’est sa place, et que ce n’est pas Bamenda ici. Pourtant nous croyons qu’au Cameroun on est chez soi partout où on se trouve. Mais lorsque quelqu’un t’humilie en te disant que ce n’est pas Bamenda ici, ça fait très mal”, renchérit Ernestine SWIRI.

Vue de la salle pendant les échanges avec les déplacés

Depuis 2016 en effet, les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest sont en proie à des exactions sécessionnistes. Ce qui aura rendu la vie invivable dans certaines localités, d’où le flux des déplacés des les régions environnantes à la recherche de la quiétude. Y étant, il faut pouvoir trouver des astuces justes pour une cohabitation pacifique avec les communautés d’accueil. Et c’est donc cette équation d’intégration qu’il faut résoudre absolument pour faciliter le séjour de ces déplacés dans ces régions dites francophones. La Fondation Internationale pour la Paix, les Droits Humains et le Développement par ce projet, vise donc redonner du sourire à ces déplacés qui ont tout abandonné au nom de la guerre.

Sebastien ESSOMBA

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