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Abus de pouvoirs par le préfet du Noun : Hon Tomaino sollicite l’arbitrage de Paul Biya

La porte-parole des députés UDC à l’Assemblée Nationale et ses camarades ont effectué une sortie musclée vendredi dernier à Foumban, dénonçant les abus multiples de Bonyomo Donatien, préfet du département du Noun

Ça n’a jamais été un climat de sérénité entre le préfet du Noun, Bonyomo Donatien et l’exécutif municipal de la commune de Foumban que dirige le Dr Adamou Ndam Njoya. La triste scène de vendredi dernier à Foumban en a démontré à suffire l’impossible cohabitation entre les deux parties.

Pris de colère en effet, les trois députés de l’UDC du Noun, ce parti politique de l’opposition dont le maire Adamou Ndam Njoya en est le président national, ont adressé une correspondance au Président de la République, présentant 20 abus de pouvoirs du préfet du Noun et exigeant le départ de ce dernier. Ils ont par la suite conviés la presse à voir les constructions litigieuses du préfet, notamment la salle de conférence de la préfecture où la porte parole des députés, l’honorable Tomaino Ndam Njoya a marqué de nouveau le bâtiment du sceau de l’illégalité, la délégation départementale du tourisme et le garage administratif. Ils sont par la suite allés présenter la destruction de la réserve de Felap à la presse. Une réserve en proie à une déforestation avancée. Toute chose qui aura suscité pas mal d’interrogations quant à l’avenir de cette localité.

La question alimente les débats au sein de l’opinion publique et sur les réseaux sociaux, notamment ce bâtiment devant servir de salle de conférence de la préfecture. Si pour certains, le préfet a le pouvoir de décider d’ériger un bâtiment comme il veut, pour d’autres, cette attitude relève d’un manque de respect et de considération à l’endroit l’exécutif communal. Etant entendu que la construction d’un édifice public dans une ville recommande le respect d’un certain nombre de procédures, et devra surtout impliquer la municipalité, garant du plan d’aménagement de la ville. Ainsi, le projet doit être soumis à la mairie pour appréciation qui, par la suite, se doit, en accord avec le plan d’aménagement de ville, de mettre sur pied une commission pour le choix du site. Et par la suite, le maître d’œuvre se doit de demander une autorisation de bâtir à la mairie. Dans le cas d’espèce malheureusement, cette procédure aurait été bafouée au mépris de la loi. L’espace litigieux en question, à en croire les les responsables de la marie, était prévu pour la construction d’un parking public, selon le plan d’urbanisme. “Il me semble que ceux qui agissent au nom de l’État doivent être les premiers à respecter les textes, les procédures administratives. Or qu’est-ce qu’on constate, c’est chacun qui fait ce qu’il veut. Le préfet est censé être le premier à savoir qu’on ne peut construire un bâtiment soit il administratif quelque part sans le regard de la mairie. Ce n’est pas parce-que le préfet construit un bâtiment pour Foumban que cela est forcément une bonne initiative. Le bâtiment peut être mal construit, au mauvais endroit, etc, cela ne rendra pas service à la ville. Regardez de l’entrée de la ville jusqu’au quartier dit montagne sacrée et les autres artères de la ville, ça sent un encombrement exécrable qui ne dit pas son nom. Un autre bâtiment à côté d’une préfecture déjà construite en pleine route, mon Dieu, quelle ville de Foumban voulons- nous? Je n’ai pas envie de soulever le débat même de l’emplacement de cette préfecture sur une bretelle qui relie l’axe à la prison et le quartier njiyouom”, se confie sous anonymat un dignitaire Bamoun qui regrette somme toute les agissements du préfet jugés illégaux.

La loi 2004/003 du 21 Avril 2004 régissant l’urbanisme au Cameroun en son article 2 tranche pourtant cette question. Il stipule en effet que “Le territoire camerounais est le patrimoine commun de la nation. l’État et ses collectivités territoriales décentralisées en sont les gestionnaires et les garants dans le cadre de leurs compétences. Les collectivités territoriales décentralisées harmonisent dans le respect réciproque de leur autonomie leurs prévisions et leurs décisions d’utilisation de l’espace”. Une disposition légale qui lève l’équivoque sur cette question. Vivement l’arbitrage sollicité du chef de l’État, peut-être pas forcément pour sévir mais pour ramener de l’ordre dans l’administration au centre des dérives, qui plombe davantage le processus de décentralisation. À moins de conforter l’hypothèse selon laquelle l’ancien sous-préfet de Foumban aujourd’hui préfet du Noun avait une mission précise dans son cahier de charge, couper l’herbe sous les pieds du puissant maire de Foumban.

Sébastien ESSOMBA

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